Port d’Alger : Les ambiguïtés d’une concession

Port d’Alger : Les ambiguïtés d’une concession
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Nul ne peut nier que la quasi-totalité des échanges extérieurs de l’Algérie passe par les ports. L’évolution des échanges transitant par ces portes ouvertes sur l’extérieur a atteint, ces dernières années, des pics insoutenables.

Ce qui a grandement entravé la fluidité du trafic et par ricochet une hausse substantielle des coûts et des délais. Chose qui a amené les pouvoirs publics à s’engager dans des processus d’amélioration des performances des ports.

Ainsi la gestion de plusieurs ports algériens, en contrepartie d’un apport technologique, ont été ouverts à des partenariats étrangers avec à la clé des contrats à des montants exorbitants. Le port d’Alger, à juste titre, est considéré comme le plus important port commercial en Algérie. Il assure près de 40 % des activités commerciales avec l’étranger.

En concession d’une durée de plus de 30 ans, la gestion du port d’Alger a été confiée, depuis l’année écoulée, à la compagnie émiratie Dubaï Port World, pour un montant proche de 84 millions d’euros. Reste que le contenu de cet accord de concession demeure encore dans une opacité et une ambiguïté absolue.

Les problème de ce port persistent et s’accumulent au fil du temps sans qu’ aucune solution tangible ne pointe à l’horizon. La situation est critique au point de se demander à quoi sert cette concession. En 2009, ce port s’est heurté à une importante congestion, marquée par un allongement conséquent de la durée, à quai et en rade, des navires.

Cela a induit un impact négatif sur l’activité économique, en raison des taxes de surestaries, et des taux de fret et de primes d’assurances qui, en conséquence, étaient revues à la hausse. Ce qui a poussé le gouvernement à interdire l’accès, à ce port, de cargaisons de rond à béton et de bois, les produits alimentaires et marchandises diverses non conteneurisés, ainsi que les navires car-carriers transportant les véhicules.

Une décision qui engendrerait des pertes sèches de 1,5 milliard de dinars à l’Entreprise portuaire d’Alger (EPAL), soit une perte de plus de 30% de son marché ainsi qu’une mise au chômage de plus de 600 ouvriers journaliers et de 500 autres à moyen terme.

En tout état de cause, l’infrastructure portuaire d’Alger tarde à voir les promesses de transfert de technologie et du savoir faire supposées être incluses dans le contrat de concession.

Pis encore, les pouvoirs publics ont la charge de la réalisation de tous les travaux d’infrastructures sur le périmètre d’exploitation concédé à la compagnie émiratie dont les moyens financiers pour ce faire seront garantis par le Trésor public.

Pour preuve, le Conseil des Participations de l’État (CPE), à l’aune de la résolution N 04/96/ datant du 15 juillet de l’année écoulée, portant sur la mise en oeuvre du partenariat de l’entreprise portuaire d’Alger (EPAL) et la compagnie émiratie Dubaï Port World, a décidé d’effectuer un prélèvement d’un montant de 3 milliards de dinars sur les dividendes détenues pour le compte de l’État par SGP/Ports.

Selon cette résolution, ce montant sera affecté à l’EPAL pour la prise en charge financière et contractuelle des travaux d’infrastructure sur le périmètre d’exploitation concédé à DP World dont les termes et les conditions sont à définir et à préciser par le ministre des Travaux publics.

À cet effet, la résolution indique qu’une convention de maîtrise d’ouvrage délégué (MOD) devant être établie et signée avec le ministre des Travaux publics (DTP/wilaya d’Alger). Cette convention précisera en particulier et en tant que besoin les modalités de gestion, de mouvement et de clôture de ce compte spécial.

Le CPE, par ailleurs, a chargé les ministères des Transports et des Travaux publics, en relation avec le ministère des Finances, d’inscrire cette opération au budget de l’État pour 2010, à titre de régularisation. Les premiers ministères suscités ainsi que celui de l’Industrie et de la Promotion des Investissements sont appelés à suivre la mise en oeuvre de la présente résolution.

Certes, nul ne doute que l’objectif de cette concession est bien celui d’aboutir à des meilleures performances du port d’Alger, en matière de gestion, de réception des navires, de leur chargement, leur déchargement et le stockage des marchandises.

Mais, pour ce faire, DP World doit s’arc-bouter sur l’apport financier local, on ne peut être que persuadé que les pouvoirs publics ont encore une fois fait fausse route.

Hamid Mohandi