Le ministère des Transports, qui devait annoncer l’annulation des mesures d’interdiction d’entrée au port d’Alger des navires transportant de la marchandise non conteneurisée à partir du 1er octobre prochain, a surpris plus d’un en campant sur ses positions, en préférant jeter la balle au Conseil interministériel, prévu avant la fin de cette semaine et consacré uniquement au problème du port d’Alger.
Lors d’une réunion houleuse tenue jeudi dernier, à la demande des représentants de l’association des agents consignataires maritimes, avec le secrétaire général du ministère des Transports, des promesses ont été faites pour revoir ces mesures jugées par les spécialistes d’insensées et d’irréfléchies vu les conséquences graves qu’elles pourraient causer à l’entreprise portuaire d’Alger et de tous les usagers du port.
Au cours de cette audience qui devait initialement se tenir avec le ministre Amar Tou, les agents consignataires ont plaidé pour d’autres mesures plus « réfléchies » d’autant que les navires qui transportent la marchandise non conteneurisée telle que le rond à béton, le bois, les produits alimentaires ainsi que les car-carriers (bateaux transportant les véhicules) ne sont pas à l’origine de la congestion du port d’Alger.
Leur traitement se fait rapidement et ne connaît que rarement des retards de mise à quai ou de déchargement.
A la fin de la réunion, les responsables du ministère des Transports se sont engagés à revoir la décision d’interdiction, visiblement décriée par tous les intervenants portuaires.
Hier, alors que tous attendaient la note du ministère, ce dernier s’est montré intransigeant, notamment à l’égard des car-carriers, sommés quant à eux d’accoster aux ports de Djendjen et de Mostaganem, à partir du 1er octobre prochain.
Le port de Ghazaouet, initialement prévu pour les accueillir, a été retiré de la liste, du fait qu’il a été programmé pour la réception d’une barge à ciment devant être utilisée pour l’importation de 300 000 t de ciment.
Faites dans la précipitation, les mesures de Amar Tou risquent d’avoir des conséquences désastreuses sur l’Entreprise portuaire d’Alger (Epal), à savoir la mise au chômage de plus d’un millier d’employés journaliers, baisse de 30% des activités, occasionnant une perte sèche de 1,5 milliard de dinars par an.
En renvoyant la balle au Conseil interministériel consacré au problème du port d’Alger et prévu avant la fin de la semaine, M. Tou veut tout simplement gagner du temps, lui qui veut d’abord appliquer les mesures qu’il a imposées avant de les revoir, comme il l’a fait savoir aux contestataires.
Pourtant, la source de la congestion de la rade d’Alger est connue par tous. Il s’agit du manque d’espace pour le déchargement des conteneurs et la bureaucratie qui rend le contrôle phytosanitaire plus lourd qu’avant.
Tous les intervenants ont appelé à la multiplication des zones sous-douane, aux alentours du port d’Alger, pour permettre à ce dernier de retrouver sa vocation de zone de transit et non pas d’aire de stockage de conteneurs.
Hier, et à titre d’exemple seulement, 35 navires dont 25 porte-conteneurs étaient toujours en rade, pour certains depuis des semaines.
La vérité est que la majorité des bateaux qui a du mal à trouver une place à quai est chargée de conteneurs et non pas de marchandise en vrac ou de véhicules.
A-t-on peur de toucher à la gestion des conteneurs, confiée depuis plus d’une année à l’émirati Dubaï Port en vertu d’un contrat joint-venture avec l’Epal ?
Pour bon nombre d’observateurs, c’est le cas, eu égard à la frilosité affichée par le ministre des Transports, dès que la zone conteneur est pointée du doigt.
Dubaï Port qui, faut-il le rappeler, était tenu de réaliser un terminal conteneur, dont la plate-forme devait être construite par la partie algérienne, mais qui à ce jour est resté à l’état d’écrit seulement.
En ces moments de crise que traverse le port d’Alger, il nous a été impossible de joindre le premier responsable de Dubaï Port, en déplacement dans son pays depuis le début du Ramadhan.
Salima Tlemçani