La politique du renouveau agricole a certes aidé au développement de l’agriculture compte tenu des moyens déployés par les pouvoir publics pour sa redynamisation. Paradoxalement, l’Algérie, au plus fort des années du terrorisme durant lesquels les agriculteurs et les paysans fuyaient leurs terres, n’a jamais connu une crise aussi aiguë de la pomme de terre. A telle enseigne que celle-ci était cédée en 2006 à 200 DA et le pays a dû recourir à son importation à partir du Canada.
L’augmentation du prix de ce légume dit du pauvre est devenue récurrente. La spéculation est certes pour beaucoup dans le renchérissement, mais pas seulement. C’est ce qu’a tenté d’expliquer Yahia Kerrouche de l’Union nationale des ingénieurs agronomes qui était aujourd’hui l’invité du forum de notre confrère Dk News.
Il signalera que 300 millions de tonnes de pommes de terre sont produites dans le monde par 157 pays sur une superficie de 20 millions d’hectares. Cette légumineuse est le 4e produit le plus consommé après le riz, le blé et le maïs. Pour sa part, l’Algérie ne produit pas plus de 1,5 à 2 millions de tonnes à travers 1076 communes. Avec cette précision que « 80% de la production est concentrée dans 138 communes uniquement. Ce qui est très loin des besoins de la population qui en consomme près de 5 millions de tonnes. »
L’intervenant dira que l’Algérie importe pour 40 à 70 millions de dollars de semences de pomme de terre, souvent de mauvaise qualité. Ce qui ne couvre même pas les 50%. M. Kerrouche qui a déploré le fait qu’il revienne chaque année pour parler des raisons de l’augmentation des prix des légumes, a plaidé, pour sortir de cette crise, en faveur de la mise en place de normes de certification, l’institution de contrôle et la multiplication des aires de stockage ainsi que l’encadrement des marchés de gros des fruits et légumes.
Il a regretté l’absence d’une politique de planification dans le secteur agricole et également que les experts agronomes ne soient pas associés à la stratégie du département dirigée présentement par M. Nouri.
Enfin, l’hôte de ce quotidien appellera à la mise en place d’un conseil national de l’agriculture, structure à même de jouer le rôle de contrôle, de conseil et même d’alerte afin de parer à tout imprévu.
Faouzia Ababsa