Pollution à Akbou (BÉJAIA) : Péril sur l’oued Soummam

Pollution à Akbou (BÉJAIA) : Péril sur l’oued Soummam

Un péril imminent menacerait l’oued Soummam. C’est ce que l’on a appris à l’issue d’une conférence, tenue, dernièrement, sur le sujet à Akbou. “La pollution biologique, combinée à une pollution chimique, entraînera irrémédiablement une mort certaine de la Soummam et de son écosystème, comme cela s’est produit pour le Colorado, aux États-Unis.” Et les conséquences vont être dramatiques sur les riverains, c’est-à-dire les 500 000 âmes qui vivent sur les versants de la Soummam. Cette conclusion effroyable est du conférencier M. Benkerrou Nacer, enseignant-chercheur en géosciences à l’USTHB, Alger. Invité à Akbou pour une conférence publique sous le thème : “Les eaux de la Soummam. Présent et devenir”. Le conférencier a présenté, photos et diapositives à l’appui, l’histoire de la Soummam depuis l’Antiquité, mais surtout pour insister sur les avant et les après-barrages. Et c’est là le vrai problème aujourd’hui de la Soummam : avant l’avènement des barrages, la vallée de la Soummam était drainée par un réseau hydrographique dense, composé de nombreux cours d’eau permanents et intermittents. Aujourd’hui, il y a cinq barrages, érigés sur les affluents de la célèbre rivière (Tichy-Haf, Bou Hamza, Béjaïa) : 150 hm3, i.e. : 150 millions de mètres cubes ; Tilesdit (Semmache, Bouira) : 150 hm3 ; Koudiet Acerdoune (Maâla, Guerrouma, Bouira) : 620 hm3 ; Oued Lakehal (Aïn Bessam, Bouira) : 30 hm3 ; Aïn Zada (BBA) : 120 hm3). La Soummam se trouve ainsi privée d’un apport important pour son drainage et le renouvellement des eaux. Cet arrêt de l’alimentation habituelle de la Soummam a pour conséquences notamment l’arrêt des crues saisonnières ; la chute dramatique du niveau piézométrique de la nappe de la Soummam ; le non-renouvellement des réserves en eau ; et donc la destruction des milieux naturels et biologiques ; l’assèchement du lit de la Soummam ; l’anéantissement de l’agriculture… D’autant qu’entre-temps, justement, l’oued subit des agressions quotidiennes : exploitations des rives de la Soummam comme zones de décharges, contamination de la nappe de la Soummam par des rejets industriels (Z. AC Taharachat, Z. I. Azagher entre autres) en plus de l’exploitation industrielle intense des sables… Et tout cela a des conséquences dramatiques et irréversibles sur la nappe phréatique et la vie végétale et animale de la Soummam. Pour éviter le pire, il est recommandé d’agir au plus vite par, notamment, l’ouverture au niveau des barrages de vannes ou d’écluses lors de grandes averses, ce qui permettra d’avoir des crues contrôlées ; la mise en place d’un programme de stations d’épuration (au moins 4 : Tazmalt, Akbou-Ouzelaguène, Timerzrit-Sidi Aïch, El Kseur-Oued Amizour) ; l’arrêt immédiat de toute extraction de sable et la fermeture immédiate de toutes les décharges sur les berges de la Soummam. La conférence tenue à la salle de délibération de l’APC d’Akbou a vu la présence de l’exécutif et de beaucoup d’élus locaux des communes limitrophes, d’un sénateur et d’un élu de l’APW, venu transmettre un message du président de l’APW de Béjaïa dont la consistance est l’invitation de la société civile à s’organiser à l’échelle wilaya pour faire face au grand problème environnemental que vit la wilaya de Béjaïa, lequel ne peut trouver de solution qu’avec cette double dynamique ; sociétale (associations et société civile) et institutionnel (élus locaux notamment.) L’APW de Béjaïa assure ainsi qu’elle inscrit l’environnement comme thématique prioritaire.

Mustapha Y.