Politique étrangère, lutte antiterroriste, révision de la politique économique M’sila : les messages de Sellal

Politique étrangère, lutte antiterroriste, révision de la politique économique M’sila : les messages de Sellal
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Le gouvernement Sellal ne prendra pas de congé, du moins durant la période actuelle où il doit faire face à des urgences. Il y a d’abord la longue absence, pour cause de maladie, du président de la République. Il y a ensuite la situation explosive dans le voisinage, et surtout la nécessité de revoir la politique économique du pays, au moment où le programme quinquennal 2010-2014 tire à sa fin et la nécessité d’établir le futur plan sur de nouvelles bases afin de ne pas rééditer les mêmes erreurs des précédents plans quinquennaux.

De M’sila, où il effectuait une visite de travail, en compagnie d’une dizaine de ministres, le Premier ministre a précisé les principes de la politique étrangère, de la lutte antiterroriste et de la révision de la politique économique. Tout un programme !



Mais d’abord, l’actualité brûlante qui concerne les incidents survenus à Bordj Badji-Mokhtar. Tout comme son ministre de l’Intérieur, qui avait annoncé, en marge de la visite, que la situation était maîtrisée, confirmant le bilan de neuf morts et niant l’implication d’étrangers dans ces affrontements tribaux, Abdelmalek Sellal tentera de minimiser l’ampleur de ces incidents, tout en précisant que les fauteurs de troubles seront présentés devant la justice.

Le Premier ministre dira que son gouvernement poursuivra ses efforts pour garantir la stabilité du pays et la lutte contre toutes les formes de terrorisme, tout en précisant que “la porte reste toujours ouverte”, pour d’éventuelles repentances, en même temps que la poursuite de la lutte implacable contre le terrorisme.

Martelant que l’Algérie dispose de grands moyens qu’elle utilisera exclusivement pour défendre sa stabilité et sa sécurité, le Premier ministre réitérera le principe immuable de la politique étrangère algérienne : “Nous n’interviendrons pas dans les affaires internes des autres pays et aucun de nos soldats n’interviendra hors de nos frontières. Mais celui qui osera intervenir dans nos affaires internes, il en aura pour son compte.”

Sur le plan économique, le Premier ministre insistera sur la nécessité de revoir le modèle économique algérien, tout en mettant des lignes rouges, à savoir la règle de 51/49, la politique de subvention des produits de première nécessité, mais aussi la non-remise en cause “de la justice sociale”.

Abdelmalek Sellal compte beaucoup sur les discussions qu’il aura avec ses partenaires économiques et sociaux, lors de la prochaine tripartite prévue en septembre. Il compte sur les propositions de ses partenaires pour trouver les meilleures voies en vue de créer les richesses. Pour lui, l’équation est simple : il faudrait faire participer davantage le secteur privé, mais aussi relancer la base industrielle du pays, notamment en reprenant les entités économiques publiques dissoutes. Les entreprises publiques toujours en activité devraient bénéficier de plus d’autonomie dans la gestion, selon M. Sellal, de même que le secteur privé devrait être soutenu et considéré comme véritable partenaire.

À titre illustratif, le Premier ministre dira que le secteur industriel participait, durant les années 70/80, à hauteur de 15% du PIB. Actuellement, sa participation tourne autour de 4%. Le gouvernement compte augmenter, progressivement, cette participation pour sortir de la dépendance aux exportations des hydrocarbures.

Le Premier ministre réfléchit à haute voix : “Faut-il mettre tout notre argent dans la construction des barrages, des routes ? Ou faut-il, au contraire, pousser nos enfants à participer à la création des richesses ?”. Pour lui, “le modèle économique algérien doit être revu pour assurer l’avenir du pays”, même s’il tient à rassurer sur les ressources du pays en hydrocarbures.

M’sila pourrait prétendre à un avenir meilleur

Pour ce qui est de la visite de travail effectuée jeudi dans la wilaya de M’sila, le Premier ministre a constaté de bonnes et de moins bonnes choses. Parmi les bonnes choses, l’essor que connaissent les secteurs de l’agriculture et de l’industrie dans cette wilaya et qui pourraient lui conférer un rôle de pôle régional dans les Hauts -Plateaux. Pour le secteur agricole, le soutien de l’État devrait être plus important, notamment en matière d’approvisionnement en eau, pour cette wilaya frappée par la sécheresse. Des apports, à partir des grands transferts d’eau de trois wilayas du Nord (Béjaïa, Jijel et Sétif), mais aussi à partir de la nappe albienne (Djelfa, Ghardaïa), devraient permettre à cette wilaya de jouer un rôle plus important en matière de production agricole. Des études sont lancées, comme celles concernant la construction de deux nouveaux barrages pour la wilaya, en vue de dépasser cet écueil et d’encourager les investisseurs à occuper ce créneau qui, en plus de créer des emplois et des richesses, permettra de lutter contre la désertification qui menace sérieusement cette région.

Le Premier ministre insistera, cependant, sur la nécessité d’opter pour l’agriculture moderne, qui utilise le machinisme et qui économise l’utilisation de l’eau, comme il insistera sur l’exportation des produits agricoles et le partenariat avec les étrangers. “Il faut s’ouvrir sur le monde, explorer toutes les pistes de partenariat”, lancera-t-il aux investisseurs qui sont déjà en activité et qui impressionnent par leur ingéniosité, à l’image des frères Ferroudj, dont l’exploitation constitue un véritable modèle à suivre.

Par les bonnes choses également, l’inauguration du mythique hôtel El-Gaïd à Boussaâda.

Partiellement démoli par un attentat à la bombe, cet établissement a subi une première rénovation ratée par les services de la wilaya. Cette fois-ci, c’est l’entreprise de gestion de l’hôtel El-Djazaïr qui s’en est chargée et le résultat se voit à l’œil nu : le joyau El-Gaïd renaît de ses cendres et pourrait, en plus de l’hôtel Kerdada, entré en fonction depuis quelques années déjà, contribuer à la relance du tourisme dans “la cité du bonheur”, Bousaâda.

Sur place, le Premier ministre, tout en félicitant les responsables du travail effectué, leur a suggéré de songer à la réalisation d’une salle de conférences, puisque l’établissement dispose d’espace, en vue de faire fructifier l’hôtel et le faire connaître aux touristes, nationaux et étrangers.

Des satisfactions également quant à l’essor du secteur industriel ou celui de l’enseignement supérieur, mais beaucoup de retard en matière de développement local, notamment pour les communes déshéritées et surtout un manque flagrant d’imagination en matière d’urbanisme.

Abdelmalek Sellal ne manquera, d’ailleurs, pas d’exprimer son ire aux responsables du secteur. “Vous vivez dans le Moyen-âge. Il faut revoir les plans. C’est inadmissible de construire 1 000 logements, sans centre-ville, sans infrastructures socioéducatives. L’acte d’urbanisme est un acte civilisationnel, culturel. Ce n’est pas Saint-Denis, c’est Bousaâda. On ne voit pas le style de Boussaâda dans ce projet.” Visiblement irrité de voir que ses instructions, données un peu partout à travers les wilayas déjà visitées, ne soient pas suivies, le Premier ministre tance les responsables du secteur : “Nous ne voulons plus voir ça. Ne construisez pas de logements, construisez des cités, des villes où les gens peuvent vivre.” Sur un autre site, il s’écriera devant les mêmes responsables : “C’est quoi ce choix de couleurs ? On dirait une poupée Barbie !”. Le Premier ministre, qui fait son credo l’amélioration du cadre de vie des citoyens, constate que les responsables du secteur ont du mal à suivre ses instructions. Du coup, ce sont les études qui devraient être reprises, avec tous les coûts et les retards que cela suppose.

Parmi les insatisfactions, le faible taux d’utilisation des budgets alloués par l’État dans le cadre des différents programmes quinquennaux, notamment en raison de l’absence de grandes sociétés de réalisation et de bureaux d’études au niveau de la wilaya. Il y a lieu de relever également le déséquilibre régional flagrant. En dehors de la dualité ancestrale entre les villes de M’sila et Boussaâda, et ce, en attendant le nouveau découpage administratif, les autres daïras restent en marge du développement, à l’image de Aïn El-Hdjel, qui ne dispose toujours pas de structures administratives appropriées, ou encore ces nombreuses communes qui ne bénéficient pas de la même attention que celle accordée à M’sila et Boussaâda.

Cela étant, le Premier ministre a accédé à la demande de la wilaya en vue de la relier à l’autoroute Est-Ouest, en plus du fait qu’elle soit intégrée à l’autoroute des Hauts-Plateaux. Cependant, il a opposé un niet à la demande relative à la construction d’un tramway. “Ce n’est pas un jouet que l’on distribue à chaque village et douar”, dira-t-il, tout en évitant de répondre à la demande de réouverture de l’aéroport de Boussaâda, fermé depuis plus de 20 ans. À la faveur de sa visite, la wilaya a bénéficié d’une enveloppe supplémentaire de près de 30 milliards de dinars, destinée à rattraper les retards en matière de développement local.

A. B.