Polémiques sur l’histoire : les interrogations d’un historien

Polémiques sur l’histoire : les interrogations d’un historien

La scène médiatique algérienne connait ces derniers jours un gigantesque tollé suscité par différentes déclarations et « révélations » sur des personnalités historiques. Depuis, les interrogations se multiplient sur, notamment, les coulisses et les motivations cachées derrière.

La dernière sortie médiatique fracassante n’est autre que celle de Nordine Ait Hamouda accusant l’Émir Abdelkader de « trahison ». Depuis, la polémique ne cesse de grandir, suscitant ainsi moult interrogations qui ne semblent pas avoir des réponses de sitôt. Les motivations derrière cette polémique qui a secoué la scène médiatique et politique du pays sont au centre des interrogations.

Interrogé par le quotidien Liberté, le chercheur en histoire, Hosni Kitouni, a tenu à remettre les choses dans leurs contextes concernant la sortie médiatique de Noredine Ait Hamouda sur El Hayat TV, en soulignant le caractère « anecdotique du personnage et la fonction occupée par le média complice ».

« Pour faire le buzz … »

Estimant que le but principal derrière tout cela n’est que « pour faire le buzz », ce qui n’a « pas manqué d’enflammer la Toile », l’historien affirme « qu’au-delà de l’anecdotique, du personnage, de la fonction occupée par le média complice, on se demande effectivement si l’émission n’a pas été conçue précisément pour faire scandale ».

Ensuite, il enchaine avec une série d’interrogations en ce qui concerne notamment le « rapport entre la sortie d’Aït Hamouda et celle de Bengrina », en se demandant si « l’une, n’est pas le déploiement de l’autre ? », et si nous ne « sommes pas dans un scénario de tension toxique » ou encore, « qui en est (sont) le (s) scénariste(s) » ?

Ajoutant l’interrogation principale qui est de savoir quel dénouement derrière toutes ces déclarations, Hosni Kitouni affirme que « pour le moment, aucun élément probant ne permet de répondre positivement à ces questions ».

Les pouvoirs publics se rendent objectivement complices

Cependant, ajoute-t-il, « force est de constater que ces polémiques anxiogènes alimentent un climat général de suspicion, de nervosité et finalement de désespoir dont les risques sont infiniment plus dangereux qu’on ne le suppose ».

Le spécialiste en histoire constate ainsi que « la scène politique est polluée par des personnages de “premier rang” (députés, chefs de partis…), qui éprouvent un malin plaisir en tentant de monter les Algériens les uns contre les autres ».

Une chose est sûre, pour de nombreux observateurs, mais aussi pour l’historien, l’attitude des pouvoirs publics envers tout cela n’est pas fortuite. « En laissant faire, les pouvoirs publics se rendent objectivement complices d’une dérive dont, visiblement, ils ne désapprouvent pas la tournure (pour quels bénéfices !) », a-t-il encore ajouté.

« On risque d’aller trop loin »

Dans une autre intervention sur les colonnes du quotidien El Watan, Hosni Kitouni a également soulevé la question de « la culture des élites et du pouvoir » qui ont tendance à « toujours combattre leurs ennemis en les accusant de trahison ». Ensuite, il s’est encore demandé si « un homme politique a-t-il le droit de porter des jugements publics sur des personnages historiques dans le but d’alimenter des controverses médiatiques ».

Pour le chercheur historien, « faute d’avoir des projets et des programmes politiques, d’avoir une culture historique et des rêves à faire partager », ces politiques « vont puiser dans les caniveaux de l’inculture pour alimenter leur discours ».

Il estime toutefois qu’avec « cette tendance à tirer toujours vers le bas l’auditoire, à jouer avec les vieux démons du séparatisme et du régionalisme, de la haine religieuse et culturelle, on risque d’aller trop loin », pour ensuite se demander une nouvelle fois, si ce n’était pas le but recherché par ces gens.