Avant toute chose, je m’excuse auprès des Algériens auxquels sont imposées ces polémiques au moment où toutes les énergies devraient se développer contre le régime en place.
Mais j’estime, en mon âme et conscience, que l’imposture morale et politique est l’une des composantes du système. Il faut donc se battre sur tous les fronts. J’espère, une fois encore, que mon présent article parviendra à la 4e Internationale lambertiste par le même «camarade français» qui l’aura lu, «par accident», sur le site du Soir d’Algérie. Amen et que vive le canal historique. Pour le reste, je ne m’attarderai pas sur les généralités de votre écrit et de celui de vos représentants en Algérie.
Je vous ferai remarquer d’emblée que faire signer votre droit de réponse, qui nie l’appartenance du PT d’Algérie à la 4e Internationale lambertiste, par M. François de Massot démontre l’urgence pour vous à revisiter vos écrits et vos positions. En effet, nier l’appartenance du PT d’Algérie à la 4e Internationale relève d’un canular qui a surpris même les habitués des slogans gauchistes.
L’historien Jacques Simon, actuel directeur du Centre de recherche et d’études sur l’Algérie contemporaine (Creac), un des militants de la Commission algérienne de l’OCI (Organisation communiste internationaliste) alors chargée par Pierre Lambert du travail algérien – et qui s’est éloigné de vous depuis – écrit : «Les cellules algériennes, semblables à celles du PCI (Parti communiste internationaliste, section française de la 4e Internationale lambertiste, NDA), se réunissent chaque samedi, avec un ordre du jour et un procès- verbal, un rapport sur la situation politique suivis d’une discussion, un contrôle des tâches (réunions, contacts, interventions), et des objectifs pour la semaine. Chaque dimanche, Aktouf (Jacques Simon, l’auteur du livre NDA) et Bachir (Métiche Saïd, NDA) faisaient le point avec François de Massot, chargé par l’OCI (ex-PCI) de suivre le travail algérien. »(1) Plus loin, il précise : «Après son affiliation au Comité pour la reconstruction de la Quatrième Internationale (CORQI), le CLTA devient à son congrès de l’été 1980, l’Organisation socialiste des travailleurs (OST) puis le Parti des travailleurs, actuellement dirigé par Louisa Hanoune.»(2) On ne peut être plus clair : cet écrit public n’a été contesté ni par vous ni par Madame Hanoune. Cela étant dit, mon propos n’est pas de dénier à la direction du PT d’Algérie le droit d’être affiliée à la 4e Internationale lambertiste.
Des partis algériens ou autres se revendiquent de l’appartenance à la 2e Internationale (Internationale socialiste) dans la transparence et personne n’a rien à redire. L’essentiel étant de ne pas avancer masqué devant ses compatriotes. Pour tout le reste, vous n’apportez que des arguments qui alimentent le contenu de mes écrits à propos de votre histoire, de votre fonction et sur le fait que votre relais algérien se réclame frauduleusement de la défense des intérêts des travailleurs.
1- Vous passez sous silence la défense de la marocanité du Sahara revendiquée par Louisa Hanoune et appuyée par la 4e Internationale lambertiste qui écrit dans la Vérité «avant son départ, l’armée espagnole avait tenté de constituer un Etat croupion dans cette région et a cédé son armement au Polisario avec l’implication directe de la sécurité militaire algérienne.»(3)
2- Sur la guerre que la 4e Internationale lambertiste a menée contre le FLN, vous ne faites que confirmer votre soutien au MNA. Je remarque d’ailleurs que dans votre réponse, le «sigle» FLN n’apparaît même pas et que toutes vos références au soutien au mouvement national algérien sont antérieures à 1953, période pendant laquelle votre organisation n’existait pas.
Enfin, quand vous en appelez à Ben Bella pour témoigner en votre faveur, lui-même ne sait peut-être pas que vous écriviez à son propos qu’il «exprimait des intérêts étrangers au peuple algérien, les intérêts du gouvernement de Nasser»(5). Si le MNA avait triomphé, il lui aurait été certainement reproché «une haute trahison». Il ne serait pas le seul puisque selon vous les thèses des centralistes caractérisent parfaitement l’opportunisme et la volonté de collaboration de ces «déracinés»(5).
Etrange diatribe pour une organisation qui ne s’ingère jamais dans les luttes des peuples ! Il est intéressant de lire à ce sujet des militants lambertistes en rupture de ban avec votre organisation qui écrivent : «L’orientation donnée par Pierre Lambert au travail algérien dès les années 1950, en déléguant les tâches du parti ouvrier trotskyste à construire à un parti petit-bourgeois nationaliste, le MNA de Messali Hadj… au-delà des dénégations et de l’autocritique officielle faite par Lambert dans les années 1960, le PT algérien assure dans les faits la continuité du MNA — mais en bien pire.»(6) Sans commentaire ! 3 Sur la convergence objective avec le Front national, vous ne démentez rien à propos d’Alexandre Hubert. Ni sa proximité avec la famille Le Pen et avec les thèses souverainistes de son parti ni sur le fait qu’il siégeait au même moment au comité central du PT de France.
Vous savez que ces deux faits sont publics. Enfin, après tant de contre-vérités et de mensonges par omission, fidèle à la marque de fabrique des organisations d’extrême gauche ou d’extrême droite où les raccourcis populistes sont la règle pour asséner des «vérités» immuables, vous instrumentalisez les dossiers des travailleurs algériens en France, de la colonisation, de l’islamisme, des clandestins algériens et de l’ingérence étrangère dans les affaires des pays du Maghreb pour régler des comptes avec le pouvoir français.
En tout cas à lire l’hebdomadaire Informations Ouvrières, organe du PT de France qui vient encore une fois de changer de sigle pour devenir le Parti ouvrier internationaliste (POI), en Algérie tout va bien et le gouvernement a pris les mesures qui vont dans le sens des intérêts de la nation, ce que ne manque pas de répercuter en live et en boucle votre représentante algérienne à la télévision de Bouteflika. Le volume horaire de Louisa Hanoune dans les médias publics vient d’ailleurs d’être multiplié pour contrer les forces qui exigent le changement démocratique ; forces réprimées par les services de sécurité et dénoncées par votre déléguée d’Algérie comme «manipulées par la main de l’étranger». Tout cela devant être traduit par l’augmentation des quotas de vos structures algériennes dans les prochains scrutins. Et vive la révolution prolétarienne ! Dans la foulée, vous voudriez bien transmettre à la direction de votre section algérienne, particulièrement affolée ces derniers temps, ce qui suit:
1- Elle ne répond à aucun moment sur l’accumulation du patrimoine dont madame Hanoune s’est accaparé.
2- Ses tuteurs algériens devraient la briffer plus souvent. Le représentant tunisien à l’université d’été de notre parti n’était pas le Premier ministre, jamais invité, mais un journaliste marginalisé par Ben Ali.
3- Notre parti n’a pas eu de relations avec le RCD tunisien depuis plus de 10 ans mais c’est bien connu, le gauchiste ne débat pas, il invective pour éviter d’avoir à répondre de ses méfaits. Il vous revient maintenant de régler ce problème d’ingratitude puisque Madame Hanoune, en dépit des écrits ci-dessus, continue à vous renier.
Nordine Aït Hamouda, député du RCD, vice-président de l’APN
1- Le comité de liaison des trotskystes algériens, Jacques Simon, Creac- Histoire, avril 2008, page 8.
2- Idem,
3- La Vérité n°30 nouvelle série (n°636)-mai 2002 ; page 15
4- Conférence internationale sur la révolution algérienne, La Vérité, Page2, Avril 1958
5- Idem page 13
6- Numéro 4 de la revue Cri des travailleurs éditée par le Groupe communiste révolutionnaire internationaliste (CRI) fondée en 2002 par d’anciens militants issus du Courant communiste internationaliste du Parti des travailleurs de France.