La délicate conjoncture politique dans laquelle s’est empêtré le pays «n’est pas propice» à ce genre de démarches.
Invraisemblable est ce qui se passe actuellement sur la scène politique. L’Exécutif se suffit du simple effet d’annonce. Donner un os à ronger pour occuper la galerie, puis sacrifier les fusibles est manifestement la tendance actuelle.
Sous prétexte de ne pas affecter une certaine paix sociale, les partis proches du pouvoir jettent en pâture la ministre de l’Education nationale, Mme Benghebrit.
Est-ce de la poudre aux yeux, de la fuite en avant pour gagner du temps? Le sujet est très «sensible», il faut attendre la nouvelle Constitution, avancent en substance les responsables des deux appareils de l’ Etat(FLN-RND), qui viennent en renfort aux gardiens du temple parmi les islamistes et conservateurs de tout poil. «La conjoncture politique délicate dans laquelle s’est empêtré le pays», est le prétexte commun des chefs des deux formations.

Décidément, les forces de régression dominent le système et les sous-systèmes politiques. Une proposition pédagogique s’est transformée en chahut politique.
A l’instar d’autres projets, telle la loi pour la criminalisation de la violence faite aux femmes, les recommandations de réforme pédagogique de Benghebrit liée à l’introduction de la langue maternelle dans le préscolaire ont toutes les chances d’être bloquées.
Le FLN tout comme le RND se démarquent bel et bien de la démarche de la ministre de l’Education. «Notre pays n’a pas besoin d’une telle polémique et turbulences en ce moment précis», a indiqué le porte-parole du RND, Sedik Chiheb. «On a l’impression qu’une force occulte s’amuse depuis quelque temps à jeter de l’huile sur le feu», a souligné à ce propos ce responsable du RND.
Emboîtant le pas au président du groupe parlementaire de son parti, le chargé de la communication du FLN, estime que «la ministre est dans l’impasse car elle ne peut pas franchir le tunnel dans lequel elle s’est empêtrée à travers sa démarche». Et puis ajoute-t-il, «il n’est pas du ressort d’une ministre d’en décider à la place du peuple ou de la société». Pour notre interlocuteur, «Mme Benghebrit doit attendre la révision de la Constitution pour formaliser les orientations et engager des réformes.»
Par ailleurs, en réaction aux réformes envisagées par sa collègue au gouvernement,
Mme Benghebrit, le président du TAJ, Amar Ghoul également ministre du Tourisme trace «une ligne rouge à ne pas franchir concernant la langue arabe».
«La langue arabe, comme l’islam, une ligne rouge à ne pas dépasser et des constantes nationales…», dixit Amar Ghoul, transfuge du MSP. Sans boussole ni cap à atteindre, le gouvernement qui semble naviguer à vue produit une confusion et une cacophonie indescriptible.
L’Exécutif qui a les moyens de donner à ses projets une force de loi, s’est montré fébrile, selon de nombreux observateurs. Une simple suggestion de la ministre de la République pour arrimer l’Ecole algérienne aux normes scientifiques internationales a soulevé polémique, campagne virulente et une hystérie par ceux-là même qui font tout pour épargner à leurs enfants la fréquentation de l’Ecole algérienne.
Enfermé dans le monolinguisme, le fondement de cette école, selon des spécialistes est une sorte d’embrigadement par une religiosité à outrance, et semble avoir comme principe fondamental l’islamisation de la pensée et ses corollaires, fait de l’intolérance, le fanatisme, la médiocrité.
Tout le monde convient que cette idéologie imposée fut propagée par une arabisation sacralisée et instrumentalisée pour des desseins politiques.