Polémique autour d’un youtubeur syrien : quand Anas Chaib divise les Algériens

Polémique autour d’un youtubeur syrien : quand Anas Chaib divise les Algériens
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L’affaire du youtubeur syrien Anas Chaïeb, qui a récemment suscité une vive polémique sur les réseaux sociaux, a ravivé un vieux débat : comment les Algériens perçoivent-ils les étrangers ? Entre hospitalité sincère et méfiance instinctive, les réactions traduisent une société en quête d’équilibre entre ouverture et protection de son image.

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Tout a commencé lorsqu’Anas Chaïeb, connu pour ses vidéos touristiques, a publié une séquence tournée dans une rue algérienne, montrant une discussion avec une jeune femme locale. En quelques heures, la vidéo a enflammé les réseaux sociaux. Certains internautes ont reproché au youtubeur d’avoir « cherché la polémique » et d’avoir porté atteinte à l’image du pays, tandis que d’autres ont dénoncé une réaction nationale « excessive » et un manque d’ouverture à la critique étrangère.

Anas Chaïeb : un youtubeur syrien qui a touché une corde sensible

Pour certains, les étrangers sont toujours les bienvenus en Algérie. Mais pour d’autres internautes, il y a nuance : « L’Algérien n’est pas raciste, mais il ne fait pas confiance facilement. Quand il se sent provoqué ou exploité, il se ferme», explique l’un d’entre eux.

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Les réseaux sociaux ont amplifié la controverse. Chaque extrait vidéo a été partagé des centaines de fois, accompagné de commentaires passionnés, transformant l’incident en affaire nationale. Pour Mansour, un jeune internaute, « Anas n’a pas voulu nuire, il a juste donné son avis ». D’autres, comme Sarah, employée dans le tourisme, estiment au contraire que « le youtubeur savait très bien que la polémique lui rapporterait de la visibilité ».

Hospitalité ou méfiance ? Les Algériens partagés face aux étrangers

Derrière la polémique, se cache aussi une dimension culturelle. Le sociologue Kamel El-Ayadi souligne que la réaction populaire traduit un attachement profond à la femme algérienne, perçue comme un symbole sacré. « L’Algérien réagit dès qu’il sent qu’on touche à l’honneur de la femme, qu’elle soit mère, sœur ou fille. Ce n’est pas du rejet de l’étranger, mais une question d’identité et de respect. »

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La psychologue Samira Fekrach y voit pour sa part le reflet d’un changement social. Selon elle, la méfiance croissante s’explique par la « fermeture progressive du pays sur lui-même » et la diminution des échanges réels avec le monde extérieur. « Le contact humain a été remplacé par les écrans, et cela accentue la sensibilité face à la différence », analyse-t-elle.

Entre désir d’ouverture et défense de la dignité nationale, l’affaire Anas Chaïeb illustre un dilemme typiquement algérien : accueillir l’autre sans jamais renoncer à soi.