Polémique autour du conservatoire d’Alger : restauration ou… disparition ?

Polémique autour du conservatoire d’Alger : restauration ou… disparition ?

Le Conservatoire central d’Alger qui a formé des générations d’artistes va-t-il disparaître ? Alors que les autorités ont décidé, sans préavis, de le fermer le mardi 12 avril 2016 pour sa rénovation, les élèves, artistes et professeurs de l’institution s’indignent et craignent sa liquidation.

Les adhérents, réunis ce samedi 16 avril devant le Conservatoire d’Alger, ont exprimé leur mécontentement et dénoncé une tentative de « déloger un espace culturel ».

Tandis que les autorités concernées expliquent cette « évacuation temporaire » par le besoin de procéder à des opérations de rénovation » du bâtiment, les adhérents du conservatoire ont déploré « une situation de non-droit », un « délogement » de cet espace culturel » et dénoncé une « détérioration des biens » de ce patrimoine.

Les élèves et les professeurs de musique du Conservatoire d’Alger s’indignent de la méthode jugée cavalière avec laquelle les autorités ont procédé. Ils ont été fortement surpris de découvrir à leur arrivée mardi dernier des lieux vidés de leurs biens et de leurs instruments.

Venus comme d’habitude assister aux cours et passer des examens de musique, ils ont ainsi appris la fermeture de cette institution « jusqu’à nouvel ordre, pour rénovations ».

« Nous nous étions présentés comme chaque mardi à notre cours hebdomadaire de musique. A notre arrivée, nous sommes tombés nez à nez avec des agents de la wilaya entrain de vider les lieux et déménager nos instruments », témoigne un élève au HuffPost Algérie.

Interrogés par les professeurs et membres du conservatoire, les agents ont déclaré que la fermeture temporaire de « ce site dangereux étaient due à des opérations de réhabilitation ».

Des explications qui laissent tout de même les élèves et leurs professeurs dubitatifs mais surtout remontés face à la mesure surprise de la part de la wilaya.

« Une rupture de contrat »

Un parent d’élève qui ne cache pas son courroux évoque ainsi « une situation de non-droit effrayante et inimaginable » dans laquelle se trouvent les autorités concernées, notamment l’établissement Arts et Cultures.

« Se rendent-ils compte dans quelle situation de non-droit se trouvent-ils ? C’est une rupture de bail, une rupture de contrat ! », a-t-il martelé. Et de poursuivre : « Les adhérents ont payé des frais d’inscriptions et les professeurs sont liés depuis des années par des contrats à l’établissement Arts & Cultures », a-t-il rappelé.

« Admettons que les réhabilitations soient nécessaires, pourquoi avoir attendu le début de leur année scolaire pour fermer ces lieux ? », s’interroge-t-il.

Des instruments datant du 19e siècle détériorés

Selon des sources sûres, le gérant du Conservatoire d’Alger, l’établissement Arts et Cultures a en réalité été sommé par les autorités publiques de « déguerpir des lieux illico presto ». L’APC de la Casbah et la wilaya d’Alger évoquaient « un site dangereux » devant subir des réhabilitations. La même source n’a pas manqué de souligner la responsabilité des autres autorités publiques.

Les adhérents du Conservatoire d’Alger ont ainsi annoncé leur intention de lancer une pétition et « entamer des procédures administratives et juridiques » pour la réintégration des lieux.

Des démarches seront également entamées auprès des institutions nationales de sauvegarde du patrimoine pour dénoncer la détérioration des biens et des instruments de musique durant l’évacuation du Conservatoire.

« Nous condamnons aussi la manière dont les instruments de musique, certains datant du 18e, 19e et 20e siècle, ont été déplacés et détériorés » souligne un élève.

Des images publiées sur les réseaux sociaux les derniers jours suivant l’évacuation du conservatoire affichaient ainsi l’état des lieux. En attendant, les cours de musique devront se poursuivre dans les conservatoires municipaux de Kouba, Bir Mourad Raïs, El Biar et Saint-Eugène.