Alors que le débat actuellement sur les pilules de 3 et 4ème génération et les dangers éventuels résultant de leur consommation fait rage en France et plonge les femmes dans une sorte de psychose, les instances intervenant dans le domaine de la santé n’ont pas réagi à ce jour sur cette question, alors que certaines pilules, à l’exemple de Diane 35 qui, rappelons-le, est un traitement anti-acné et non contraceptif, risque d’être retiré du marché dans 03 mois.
En effet, en France, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé a estimé dans le rapport bénéfices/risques du Diane 35 et de ses génériques est défavorable dans le traitement de l’acné, vu le risque thromboembolique veineux et artériel.
En attendant que cette appréciation médicale soit confirmée et peut être entérinée d’ici 03 mois, en Algérie, on n’en parle pas et ce traitement anti-acné, sous forme d’une pilule est toujours en vente en pharmacie.
Y a-t-il un danger ou pas dans la consommation de cette pilule? S’agit-il d’une polémique reflétant la «guerre» inter-laboratoires de fabrication des médicaments et à laquelle nous avons déjà assisté? Bref, trop de questions qui tourmentent certainement l’esprit des milliers de femmes consommatrices de ces pilules et en l’absence d’une position claire et nette à l’égard de cette question de la part de nos instances habilitées.
Contacté à cet effet, le docteur Messaoud Nacer, dermatologue et premier spécialiste en Algérie dans la Lasérothérapie, nous expliquera: «D’abord, il est important de souligner que Diane 35 est une pilule à base hormonale et destinée au traitement de l’acné.
Mais le problème qui se pose est qu’une bonne partie des femmes utilise des pilules sans l’avis du médecin. Je tiens ici à préciser que la prise de toute pilule doit être précédée de 3 bilans obligatoires, à savoir hépatique, lipidique et vasculaire.
Du coup, toute prise de pilule peut avoir des conséquences inquiétantes sur la santé de ses consommatrices, si elle n’est pas prescrite en fonction des critères médicaux préventifs.» ce même interlocuteur tiendra à rappeler qu’ «il y a quelques années, on avait parlé des risques de cancer du sein lié à la prise de Diane 35. Il est donc important de souligner que ces polémiques justifiées ou non, touchent souvent les médicaments de traitement de l’acné, première cause poussant à la consultation dermatologique.
Je vous rappelle aussi qu’un autre traitement anti-acné, dérivé de la vitamine A acide, a également fait l’objet, il y a quelques années, d’une grande polémique aux USA et on avait alors dit qu’il provoquait le suicide. Vrai ou faux, le problème dans notre pays, c’est qu’il n’y a aucune instance qui soit responsable de faire des études sur les effets risques, pouvant résulter de la consommation de médicaments commercialisés sur le marché local.»
A une question de savoir si la tutelle du secteur de la santé devait s’autosaisir dans de tels cas pour retirer du marché des médicaments retirés forcément dans certains pays, notre interlocuteur soutiendra que «Ces organismes doivent en effet s’inquiéter, mais forcément agir, car si le danger d’un médicament sur la santé de ses consommateurs est prouvé, ce sont les institutions universelles qui le déclarent et réclament son retrait de tous les marchés.
Pour le cas de Diane 35, il est important que les malades souffrant d’acné doivent savoir qu’il existe d’autres traitements à l’exemple de la Rétinol et les dérivés de la vitamine A acide dont l’utilisation est locale.»
Il mérite de noter que la pilule anti-acné Diane 35, fabriquée par le groupe Bayer est actuellement sur la sellette et ce, après l’alerte donnée par l’Agence du médicament, faisant état de sept décès liés à la prise de ce traitement contre l’acné et généralement utilisé comme contraceptif. Le dossier sera même réétudié au niveau européen.
En France le «scandale Diane 35» est lié au fait que ce traitement anti-acnéique est détourné en pilule contraceptive. Commercialisée en 1982, sous le nom de Diane initialement et devenue Diane 35 cinq ans plus tard, cette association oestro-progestative est un traitement utilisé contre l’acné principalement et comme moyen de contraception.
Ce médicament n’a jamais fait l’objet d’une demande d’autorisation dans cette indication et son fabricant n’a jamais fourni de données sur son efficacité contraceptive.
A. Saher / DJ.S.