«Avec un traitement fonctionnel, le joueur ne court aucun risque» > Derrag : «Moi, je ne ressens aucune douleur»
L’attaquant du Mouloudia d’Alger, Mohamed Derrag, s’est blessé avec les A’. La FAF s’était engagée à prendre en charge le joueur. Il était prévu qu’il parte en France. Finalement, on a réalisé que son cas ne nécessitait pas un transfert à l’étranger.
Ensuite, une polémique est née au Mouloudia, on s’est inquiété au sujet de la nature de la blessure de Derrag. Certains parlaient d’un risque énorme qu’a pris le joueur en acceptant de renouer avec l’entraînement précipitamment. D’autres se montrent, au contraire, rassurants. Chacun y va de sa version. Les diagnostics diffèrent, les avis aussi.
Rupture du ligament croisé antéro-externe (LCAE), c’est le diagnostic qu’auraient fait des médecins spécialistes au début. Cette blessure exige une intervention chirurgicale, elle éloigne l’athlète des terrains pour une période qui peut s’étendre jusqu’à 6 mois.
Cependant, ce genre de lésion peut se traiter médicalement si la rupture n’est pas totale ou le ligament touché est autre que l’antéro-externe ou interne. Dans ce cas, la réussite du traitement médical dépend généralement du médecin traitant, de la capacité de l’athlète et de ses muscles à répondre favorablement et, enfin, du sérieux et de la volonté du joueur à suivre à la lettre les conseils de son médecin.
«Ça passe ou ça casse !»
Il était prévu que Derrag parte se soigner à la clinique Saint-Rafaël, sinon à Aspetar. La FAF devait s’occuper du cas de ce joueur comme elle l’avait fait avant avec les autres internationaux blessés au cours d’un stage ou un match sous les couleurs nationales.
A la dernière minute, on a jugé que son cas ne nécessitait pas une intervention ou une hospitalisation dans l’une des cliniques citées ci-dessus. Après quelques séances de soins et de rééducation, on a autorisé le joueur à reprendre les entraînements et à prendre part aux matchs amicaux, en attendant le match retour de la ½ finale de la Coupe de l’UNAF.
Certains estiment cependant que ce retour précipité pourrait avoir des conséquences graves sur la santé du joueur. En effet, un spécialiste très expérimenté juge que ce que fait Derrag actuellement n’est pas dénué de tout risque. Pour lui, cela relève même du «ça passe ou ça casse».
L’avis d’un expert ayant requis l’anonymat
C’est-à-dire que ça peut marcher, comme ça peut s’aggraver et compliquer davantage son cas. Il s’agit là de l’avis de quelqu’un qui s’y connaît et qui a préféré garder l’anonymat.
«C’est pour ne pas avoir des problèmes avec mes collègues du Mouloudia», nous a-t-il dit, avant de livrer son explication : «Si Derrag souffre d’une rupture complète du ligament croisé antéro-externe, comme je crois le savoir, il devra passer sur le billard. Il n’y a pas d’autre alternative. Bien sûr, je parle du cas des athlètes, parce qu’en dehors de ce cas, on peut bien gérer ça avec un traitement médical.
Mais pour le cas de Derrag, qui est jeune et qui veut continuer de jouer, je lui conseille vivement l’intervention chirurgicale. Moi, je pars du principe que le joueur souffre d’une rupture du LCAE qui reste le pivot du genou. Maintenant, si c’est une lésion partielle ou si c’est le ligament postérieur qui est touché, on peut généralement traiter médicalement. Je tiens par ailleurs à préciser que même dans ce cas, le traitement fonctionnel et médical ne marche pas toujours, on recourt aussi à la chirurgie dans ce cas. Personnellement, je conseille toujours aux joueurs de se faire opérer pour éviter toute complication inutile et peut-être fatale pour la santé du joueur.»
Alain Michel : «J’espère que Derrag…»
Notre interlocuteur anonyme ajoute aussi : «Même si vous m’apportez l’IRM montrant la lésion du genou de Derrag, je serais incapable de vous dire ce qu’il faudrait faire. Rien ne remplace l’examen clinique dans ces cas-là.»
Sans vouloir accuser personne, et surtout sans la moindre intention de mettre en doute les capacités et les compétences des médecins qui ont traité Derrag, on a ensuite voulu avoir la version du MCA de la bouche de l’un des membres de son staff médical. Quand on a contacté l’un d’eux, sa réponse a été fort décevante et désobligeante. «Vous n’avez pas à fourrer votre nez dans des trucs médicaux qui vous dépassent.
Occupez-vous plutôt de l’aspect technique et tactique. On sait très bien ce que nous faisons, Derrag se porte très bien…», dira-t-il, avant de poursuivre : «Ce n’est pas une rupture totale, c’est une lésion partielle.» Alors, on a jugé utile d’appeler Alain Michel pour en savoir davantage.
«Ce n’est pas le ligament croisé antéro-externe qui est touché, il s’agit plutôt du ligament postérieur. Plusieurs joueurs ont joué avec des blessures pareilles, d’autres n’ont pas eu cette chance. J’espère que Derrag sera de la première catégorie», nous a dit Alain Michel. Voilà qui devenait plus rassurant.
Le staff médical du MCA rassure
Après l’avis du technicien français du Mouloudia, on a réussi à joindre un autre membre du staff médical, celui-là apparemment mieux informé et ayant nettement plus de compétences. «Ce dont souffre Derrag, c’est une lésion partielle du ligament postérieur. Je dis bien postérieur et non antéro-externe. Dans ce cas, la première attitude est médicale, elle écarte donc la chirurgie. On opte donc pour ce qu’on appelle un traitement fonctionnel faisant appel à la kinésithérapie, aux médicaments et au repos. Souvent, ça marche. Mais si ce n’est pas le cas, on opte pour la chirurgie ensuite», dira la compétence mouloudéenne.
«Avec un traitement fonctionnel, le joueur ne court aucun risque»
On a alors demandé à notre interlocuteur si Derrag ne court aucun risque en retardant son opération, suite à quoi notre interlocuteur a répondu : «On veut éviter à Mohamed Derrag de subir une chirurgie dont on peut s’en passer. Je peux vous assurer que le joueur ne court aucun risque. On va suivre le développement de son cas. Si ça ne marche pas, on opère. Je le répète, le joueur ne court aucun risque.»
Derrag : «Moi, je ne ressens aucune douleur»
Mohamed Derrag s’est entraîné normalement hier avec le groupe. Il a couru, sauté, tiré… Joint par nos soins, le joueur affirme qu’il n’a rien ressenti et que normalement sa blessure n’est qu’un mauvais souvenir. «Dieu merci, je me suis entraîné avec le groupe le plus normalement du monde.
J’ai pris part à tous les exercices et mon genou a bien répondu», dira-t-il, avant de poursuivre : «Actuellement, je me dirige vers le CNMS pour faire de la musculation. Je dois renforcer les muscles concernés pour que ça tienne. Je vais tout faire pour revenir vite.» La musculature de Derrag lui permet effectivement d’espérer un rétablissement
«J’ai une grand envie de revenir sur les terrains. Franchement, les derniers jours que j’ai passés étaient un cauchemar, ce n’est pas aisé d’être loin des terrains. Je veux revenir vite. J’espère que ce traitement marchera et que je pourrais jouer le match retour face à l’Ittihad de Libye», conclura Derrag. A. B.