“Poison de la haine” : un sondage IFOP sur les jeunes musulmans provoque la polémique en France

“Poison de la haine” : un sondage IFOP sur les jeunes musulmans provoque la polémique en France
Plusieurs conseils de culte ont porté plainte, suite à un sondage IFOP, dénonçant des résultats qui, selon eux, alimentent les amalgames et le « poison de la haine ».

Une étude Ifop, commandée par la revue Écran de veille et publiée le 18 novembre dernier, a provoqué une vive controverse en France. Intitulée « État des lieux du rapport de l’islam et à l’islamisme des musulmans de France »  suggère une « réislamisation croissante » de la population musulmane en France.

En réaction, plusieurs conseils de culte musulman ont porté plainte contre X, accusant le sondage de « distiller le poison de la haine » et de « renforcer les amalgames ». En effet, des élus et des internautes ont exprimé leur préoccupation face au risque de stigmatisation et d’amalgames entre les musulmans et l’islamisme.

Ils soulignent que les conclusions de cette étude risquent d’ignorer la diversité des profils et des aspirations des jeunes des musulmans concernés.

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« Le poison de la haine » : plusieurs conseils de culte musulman porte plainte contre une étude IFOP

L’IFOP a interprété les résultats de son enquête comme le signe d’une « réislamisation » de la population musulmane, caractérisée par l’adoption de « normes religieuses rigoristes » et une attirance grandissante pour un « projet islamiste ». François Kraus directeur du pôle « Politique/actualité » de l’institut, a précisé sur X que chez les jeunes musulmans, cela se traduisait par une « réaffirmation identitaire » et une « adhésion croissante aux thèses islamistes ». Selon lui, cette dynamique ne serait « pas réversible » et rend la question de l’intégration « d’une acuité nouvelle ».

La plainte déposée par les Conseils départementaux de culte musulman en France (Loire, Aube, Bouches-du-Rhône) allègue que le sondage enfreint la loi du 19 juillet 1977 sur les sondages d’opinion, notamment le principe d’objectivité. Ils reprochent à l’étude d’utiliser des questions orientées et de mettre en avant des résultats minoritaires à des fins polémiques.

Par ailleurs, les avocats Raphaël Kempf et Romain Ruiz, décrivant la revue commanditaire comme une « officine nébuleuse et réactionnaire », affirment que le sondage « distille le poison de la haine » et « renforce les amalgames ». Ils lient cette publication à la hausse du nombre d’actes anti-musulmans, qui ont augmenté de 75 % en 2024, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur français.

« Insulte aux musulmans de France »

Les interprétations de ce sondage ont fait l’objet de critiques politiques concernant l’impact qu’elles engendrent. La députée Rachida Kaaout (Renaissance) a souligné, sur CNews, que « les musulmans sont victimes de la radicalisation« , tandis que Massnissa Hocine d’Aubervilliers évoquait un « problème de stigmatisation avec la religion musulmane ».

De son côté, Paul Vannier (LFI-NFP) a dénoncé l’idée que les jeunes musulmans soient désignés « comme une forme d’ennemi intérieur, comme un danger pour notre pays ». Il a fustigé « l’amalgame puant » de l’enquête qui, selon lui, « vise à faire de millions de nos compatriotes des islamistes et des terroristes en puissance ».

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