Les recommandations issues des travaux des cinq ateliers mis en place lors de la réunion des walis seront traduites en directives avec installation de cellules de suivi au niveau des administrations centrales et locales.
Ces directives vont s’appliquer progressivement a indiqué jeudi dernier, M. Daho Ould Kablia ministre de l’Intérieur, lors du point de presse qu’il a animé à la fin des travaux.
Le ministre rappellera que l’objectif de cette réunion est de prendre de nouvelles mesures afin que les préoccupations des citoyens soient prises en charge et tous les efforts doivent être tendus pour qu’il y ait une rupture par rapport aux pratiques du passé. Il s’agit de regagner la confiance des citoyens. Les choses commencent à bouger note M. Ould Kablia qui évoque l’amélioration de l’accueil des citoyens par les walis conformément à l’instruction du Président de la République avec cette précision que ce n’est pas le wali qui reçoit nécessairement le citoyen, compte tenu de ses charges.
Le ministre a indiqué qu’il a eu une réunion en marge des travaux avec les 13 walis délégués de la capitale qui ont été instruits pour qu’ils soient présents au niveau des guichets pour voir comment les choses se passent. Il faut une vigilance, un travail permanent, suivre, contrôler et éventuellement sanctionner. Le ministre a haussé le ton pour exiger qu’il soit mis fin “à la République des plantons”. Des efforts doivent être faits également du côté du citoyen a fait remarquer M. Ould Kablia qui souligne, l’impatience et l’empressement à exiger beaucoup et dans l’immédiat. La source du malaise dans un pays, c’est le logement et l’emploi. On ne peut satisfaire en même temps un million de demande de logements et un million de demandes d’emploi.
La solution ne viendra pas d’une baguette magique tout doit se faire graduellement, c’est un travail de longue haleine a fait remarquer M. Ould Kablia. Il fera état d’un certain nombre de bonnes nouvelles au plan de l’allègement des procédures, du logement, de la réalisation des projets créateurs d’emplois.
Il y a aura des améliorations notables dans le domaine de l’état-civil (extrait de naissance 12S…) la délivrance de passeports, de cartes nationales d’identité, du permis de conduire, des cartes grises. En matière de logements, les walis ont été instruits de veiller à l’achèvement des logements et leur distribution mais il y aura certainement du retard à cause des pressions. Le wali d’Alger prévoit la distribution de 1.900 logements ce mois de juin.
Dans le domaine de la promotion de l’investissement, le ministre de l’Industrie a proposé la suppression des appels d’offres concernant le foncier vu l’effet négatif induit.
Des mesures sont intervenues pour l’amélioration de l’environnement administratif et financier, pour dynamiser les CAPIREF. Les walis ont été invités à recenser toutes les potentialités foncières les actifs résiduels et ils doivent faire un effort pour faire connaître les atouts de leur région dans les différents domaines susceptibles d’intéresser les investisseurs (tourisme, mines et carrières…).
Les mesures décidées lors de la tripartite (prêts bonifiés, rééchelonnement de la dette des entreprises) ne manqueront pas d’avoir des retombées positives.
A une question concernant la loi sur les villes, le ministre a indiqué qu’Alger a besoin d’un statut de métropole et non de ville ordinaire.
On pense à une loi spéciale pour Alger qui passera par le Parlement dans le moyen terme. Quant au découpage administratif «ce n’est qu’une fois résolu le problème du manque d’encadrement, qu’un nouveau découpage peut être envisagé» a relevé le ministre.
S’agissant du problème de développement des régions du Sud celui ci ne date pas d’aujourd’hui, son développement est une réalité, certaines régions du Sud sont mieux dotées (en eau, etc …) que certaines zones du Nord du pays.
Le ministre soulignera les efforts au plan de la formation grâce à la contribution des différents établissements (centre de formation administrative, ENA, Ecole supérieure de police…) et l’organisation de stages.
La réalisation de nouveaux tribunaux administratifs va également apporter des améliorations en matière de litiges opposant les citoyens et les autorités administratives. Le droit de recours est garanti par la Constitution a noté M. Ould Kablia.
M. BRAHIM
Cinq ateliers pour cinq grands dossiers : Ce qu’ils préconisent
A la croisée des chemins des grandes réformes en perspectives et à l’aube de nouvelles attributions et prérogatives des walis, en prévision des objectifs des codes de commune et de wilaya, les responsables des collectivités locales, étaient en conclave, ce week-end, pour sortir avec des propositions et des recommandations à même d’améliorer la gouvernance et la démocratie participative dans une sorte de convergence nationale responsable pour hisser les objectifs des collectivités locales aux préoccupations des citoyens et ceux des investissements publics au développement durable, escomptés des 35 % du PNB dégagés par l’Etat chaque année, dans le cadre des investissements en infrastructures de base et d’équipements publics.
Au cours de ces deux jours de réflexion lors des cinq ateliers, les walis et les cadres du département de Ould Kablia ont dressé le constat de leurs circonscriptions et introduit, dans un esprit responsable et consensuel, de nouvelles idées en direction de l’amélioration des relations entre l’administration et le citoyen et la réhabilitation des services publics locaux, de gestion des villes et des grandes métropoles, d’allègement et d’harmonisation des procédures administratives, de développement des régions du Sud, et enfin, d’évaluation et de renforcement de la coordination intersectorielle au niveau local avec le développement et d’investissement économique.
Administration/administrés : Les voies de la réconciliation
Dans le cadre de l’amélioration des relations entre l’administration et le citoyen et la réhabilitation des services publics locaux, les participants à ce sensible dossier relatif aux rapports administration-administrés, à la gouvernance des affaires locales ou à la participation des citoyens dans la vie de leurs cités, mettent l’accent sur la nécessité de venir à bout à la difficulté des pouvoirs publics à satisfaire les besoins sociaux (logements, emplois), la complexité des procédures et l’absence de leur normalisation d’une collectivité à une autre, le manque de communication et du cadre qualifié d’accueil ainsi que des lenteurs d’accessibilité des responsables ici et des lourdeurs en matière de bureaucratie là. Autrement dit, il s’agit de créer les cadres organiques et les mécanismes de la participation citoyenne dans ses objectifs contenus dans les principes de la continuité, de l’égal accès et de l’adaptation de l’organisation du cadre public et la définition transparente des missions des services publics d’une administration au service des habitants de ses circonscriptions. Une question d’attitudes et de comportements des parties en relations à faire évoluer, à concilier dans l’intérêt de la communauté.
Gestion des villes : Faire face au développement effréné
La gestion des villes et des grandes métropoles, un second atelier, s’est attelé à trouver les solutions aux désagréments de la vie dans les grandes agglomérations urbaines face au développement effréné de nos villes, en l’absence d’un programme d’action et de gestion planifié et dans un contexte procédant d’un amalgame entre la décentralisation et la déconcentration.
Pour les participants, il est question pour les walis et les cadres de l’intérieur de se mobiliser pour donner, en pratique et dans la réalité, aux collectivités locales la plénitude de leurs compétences et attributions en les responsabilisant pleinement dans la satisfaction des besoins socio-collectifs des citoyens et la gestion de proximité dans tous les domaines qui concernent la vie en collectivité.
Procédures administratives : La diligence dans l’exécution
Au niveau de l’atelier de l’allègement et de l’harmonisation des procédures administratives, les responsables des wilayas, interpellés par les mutations que connaît la société et les attentes des citoyens grandissantes, doivent adapter les cadres juridiques et règlementaires à leurs nouvelles exigences en évaluant les dysfonctionnements et en s’insérant dans les grandes réformes en application dans la transparence, le professionnalisme et l’amélioration de la relation de crédibilité entre l’administration, les actions des services de l’Etat et le citoyen, une équation au cœur de la problématique. Il s’agira en priorité de la réhabilitation de la mission de service public, de la gestion transparente des affaires locales et de l’assouplissement des procédures et la diligence dans l’exécution, des mesures qui s’articulent autour de l’organisation, du fonctionnement, des méthodes de travail et de la ressource humaine, l’ensemble à mettre au diapason de l’efficacité, de l’évaluation des politiques publiques, de la performance du service public, par la restauration de la rigueur dans la lutte contre la mauvaise gestion.
Développement des régions Sud : Valoriser l’économie de proximité
Les efforts de la dynamique de développement des régions du Sud de l’Algérie qui ont connu des transformations radicales, doivent être poursuivis et consolidés à l’effet de prendre en compte les difficultés et les contraintes spécifiques aux wilayas du Sud pour renforcer l’intégration territoriale au regard de l’immensité des distances. L’accent sera mis sur la densification des liaisons territoriales, la généralisation de la couverture en réseaux de télécommunication pour relier le Sud aux grandes villes du pays et des capitales étrangères considérant les aspects attractifs et touristiques de ces immensités du Hoggar, de l’Ahaggar et des grandes merveilles que recèlent ces zones de l’extrême Sud. Le développement d’une économie de proximité, la réhabilitation de l’économie oasienne et la mise en valeur de l’agriculture par l’instauration des exploitations des périmètres au profit des habitants sont de nouveaux objectifs qu’il y a lieu d’innover parallèlement aux autres aspects entrant l’amélioration et la modernisation des conditions de vie et de travail dans des environnements singuliers. A cela s’ajoute, l’adaptation des procédures et du cadre d’une administration capable de répondre aux doléances et aux exigences de la vie en pareille situation.
Coordination intersectorielle : la concertation comme crédo
De l’évaluation et du renforcement de la coordination intersectorielle au niveau local, en relation avec le développement et l’investissement économique avec le souci de renforcer l’action de l’Etat au niveau local et de mettre en synergie les programmes de développement local et l’action économique, tels sont les objectifs du cinquième atelier. Cela exige parmi les recommandations, l’instauration d’un cadre approprié de concertation et de coordination au niveau du wali, la décentralisation qui se fait par le transfert et le renforcement des pouvoirs du wali pour assurer une meilleure coordination au niveau local.
La mise en œuvre d’un programme de développement intégré et durable est nécessaire afin de mettre à la disposition de la wilaya toute l’enveloppe financière (PCD, PSD) et de la doter d’un budget d’équipement unique faisant ressortir les objectifs sectoriels globaux, ce qui nécessite le renforcement des collectivités locales et des directions techniques en moyens humains et matériels pour des rendements et un bon fonctionnement. Et pour être opérationnelle la mesure exige la décentralisation des programmes de développement local qui se fera dans le cadre d’une concertation élargie aux élus, aux acteurs du développement local, aux les experts et aux représentants de la société civile au niveau de chaque wilaya.
Pour plus de performance et d’efficacité, les participants à cet atelier ont aussi recommandé la révision du code des marchés publics et la création de commissions régionales des marchés publics afin de réduire les délais de traitement des dossiers et augmenter le seuil de compétence des commissions locales. La problématique de la modernisation et de la mise à niveau des collectivités locales devra être articulée à un système d’information territoriale qui sera axé sur la mise en place de banques de données, d’un observatoire des collectivités locales, d’un réseau Intranet reliant l’administration centrale aux collectivités locales et ces dernières entre elles, ainsi qu’un tableau de bord avec les principaux ratios et indicateurs de la gestion locale.
Houria Akram
A Retenir
• Le problème des parkings : une longue enquête a été menée et a abouti à des conclusions sous forme de projet de décret entre les mains du Secrétaire général du gouvernement. Il sera appliqué dès sa promulgation.
• A propos de ce qui a été dit sur des contacts pour la libération d’islamistes, M. Ould Kablia a répondu qu’il n’est pas au courant de quelque contact que ce soit, rappelant les réponses du Premier ministre M. Ouyahia et du ministre de la Justice M. Belaiz.
• Au sujet de l’agrément de nouveaux partis, le ministre a précisé que la nouvelle loi va préciser les conditions pour qu’un parti soit agréé, relevant que l’Etat fait preuve de beaucoup d’indulgence vis-à-vis des partis en activité.
Si la loi était appliquée à 50 %, des 24 partis existants seraient suspendus pour non-respect des obligations prévues (dépôt des rapports, organisation de congrès, mode de désignation des responsables.)
A propos des partis non agréés, le ministre a estimé qu’il n’y a pas d’entorse à la loi faisant référence à l’application des sanctions prévues contre tous ceux qui ont commis des actes, qui ont participé à la fitna.
• A propos de la lutte contre le terrorisme et l’AQMI, le ministre a indiqué que cette nébuleuse a perdu énormément de sa capacité de nuisance en Algérie grâce à l’action de l’armée et des services de sécurité.
Néanmoins, au Sahel c’est différent. Nous faisons tout pour renforcer la sécurité à nos frontières, pour empêcher toute intrusion. La coordination de la lutte est nécessaire avec les pays voisins : Niger, Mali, Mauritanie.
La position de l’Algérie est de mener la concertation qu’avec les pays souverains. On ne peut admettre que des pays étrangers interfèrent. S’ils le font, c’est une atteinte à la souveraineté de ces pays. Les pays étrangers nous aident par le renseignement, l’offre de moyens technologiques. C’est l’Etat algérien qui coordonne, anime et applique la politique de sécurité.
M. Brahim