«Mes favoris sont le Brésil, l’Espagne, l’Argentine et la France.»
«Face au Ghana, nous n’avons pas le droit à l’erreur.»
Quand 20 000 personnes effectuent le déplacement pour assister au premier entraînement d’un joueur avec son nouveau club, on peut parier que l’on a affaire à un footballeur hors normes.
Le 25 juin 2009, Lukas Podolski a de nouveau enfilé le maillot du FC Cologne et foulé la pelouse du RheinEnergieStadion, pour la plus grande joie des nombreux supporters des Geißböcke venus assister à l’événement. Après un long exil de trois ans au Bayern Munich, le prince est donc revenu dans son palais.
Malgré ses efforts et sa bonne volonté, l’attaquant international n’a jamais vraiment trouvé sa place en Bavière.
Convoité par les plus grands clubs allemands et étrangers, Podolski a pris le monde du football à contre-pied en rejetant les offres les plus alléchantes pour renouer avec son club formateur.
L’enfant chéri du football allemand n’a pourtant jamais caché vouloir revenir à ses racines footballistiques.
Il n’a jamais été question pour lui de faire un autre choix que celui du cœur. Il entame aujourd’hui un nouveau chapitre de sa vie et de sa carrière en compagnie de son amie Monika et de son fils Louis. Depuis le début de la saison, l’homme aux 70 sélections a connu des hauts et des bas. Peu importe, Podolski a retrouvé le sourire et le plaisir de jouer.
Mal à l’aise dans l’environnement très médiatisé du Bayern, il profite aujourd’hui pleinement de son bonheur.
Lukas Podolski, cela fait maintenant près de neuf mois que vous êtes rentré au bercail. La vie à Cologne est-elle plus agréable qu’à Munich ?
L’ambiance au Bayern n’a rien à voir avec celle d’un club comme le FC Cologne. Ici, j’ai l’impression d’être chez moi. Je connais les gens, la mentalité et le club n’a plus de secrets pour moi.
Avez-vous des regrets lorsque vous repensez à votre expérience au Bayern Munich ?
J’ai vécu de belles choses en Bavière mais il n’y a rien là-bas que je ne puisse retrouver ici. Je suis tout simplement heureux de retrouver le FC Cologne. Je suis juste un peu triste de ne plus voir aussi souvent tous mes amis qui vivent dans la région de Munich.
Le FC Cologne navigue actuellement en milieu de tableau. Quel regard portez-vous sur le parcours de votre équipe et quels sont vos objectifs pour cette fin d’exercice ?
Je pense que notre performance est honorable. L’équipe a vraiment trouvé ses marques après la trêve. Toutefois, le maintien n’est pas encore assuré. Il va falloir prendre encore beaucoup de points afin de nous mettre à l’abri le plus vite possible.
Sur le plan personnel, vous n’avez pas toujours fait preuve de la plus grande régularité. Néanmoins, vous semblez avoir retrouvé votre meilleur niveau depuis quelques semaines.
Comment expliquez-vous ces fluctuations ?
Les débuts n’ont pas été faciles. Je venais d’arriver et les joueurs déjà en place découvraient un nouvel entraîneur.
Il faut du temps pour mettre au point les automatismes. De plus, j’ai dû gérer pas mal de problèmes sur le plan physique. Mais depuis quelque temps, je me sens bien et je commence à trouver mon rythme.
Vous apparaissez toujours comme quelqu’un de simple. On imagine pourtant que la pression qui pèse sur vos épaules depuis votre retour à Cologne doit être immense.
Je ne vois pas les choses comme ça. En tant qu’international allemand, je suis évidemment au centre de l’attention.
C’est une situation à laquelle je suis habitué et qui ne me pose plus le moindre problème. Je me concentre sur mon jeu. De toute façon, je n’ai aucune prise sur les commentaires que les journalistes peuvent faire à mon sujet.
A chaque fois que l’on vous voit en équipe d’Allemagne, vous semblez parfaitement à l’aise, que ce soit sur le terrain ou en dehors. La Mannschaft semble le « club idéal » pour vous…
Je me sens aussi à l’aise en sélection qu’au FC Cologne. Je suis toujours ravi de répondre aux convocations du sélectionneur et je suis tout aussi heureux de revenir dans mon club.
On a pourtant le sentiment que vous évoluez à un autre niveau lorsque vous jouez en équipe nationale.
Quelle différence y a-t-il entre le fait de porter les couleurs d’une ville d’un million d’habitants et le fait d’avoir 82 millions de fans derrière soi ?
Ma motivation est toujours la même. Que ce soit avec le FC Cologne ou avec l’équipe d’Allemagne, je joue toujours pour gagner. Bien entendu, c’est un sentiment très particulier de représenter son pays en Coupe du Monde ou à l’Euro. Avoir toute une nation derrière soi, cela donne des ailes.
Votre polyvalence vous permet d’occuper plusieurs postes en sélection. Personnellement, où vous sentez-vous le plus à l’aise ?
La question de mon poste ne me préoccupe pas beaucoup. Avec l’Allemagne, j’ai déjà eu l’occasion de jouer à gauche ou en pointe, y compris contre de grandes équipes. J’ai suffisamment d’expérience pour m’adapter aux exigences propres à chaque poste.
Vous travaillez avec Joachim Löw depuis la fin de la Coupe du Monde de la FIFA 2006. Quel genre d’homme est-il et quelle est sa part de responsabilité dans les récents succès de l’Allemagne ?
C’est un entraîneur expérimenté. Il connaît beaucoup de choses et possède un vrai crédit auprès des joueurs. Il travaille beaucoup en amont avec ses adjoints mais il est aussi très proche du groupe. Sous son impulsion, l’Allemagne a vraiment adopté une nouvelle philosophie de jeu. M. Löw et ses adjoints ont réalisé un travail exemplaire et le mérite de nos bons résultats leur revient en grande partie.
La Coupe du Monde de la FIFA 2010 se profile et tous les buteurs allemands se rêvent de s’imposer à la pointe de l’attaque. Comment gérez-vous la concurrence ?
Je veux simplement me distinguer par mes prestations en club. Le sélectionneur sait que je suis capable d’évoluer en pointe ou sur l’aile gauche. Je crois que cette polyvalence joue en ma faveur.
Au premier tour, vous rencontrerez la Serbie, le Ghana et l’Australie. Comment jugez-vous vos adversaires ?
C’est un groupe très relevé. Face à de telles équipes, on n’a pas le droit à l’erreur. De toute façon, il n’y a plus de petites équipes de nos jours, encore moins en Coupe du Monde. Ceci dit, je suis convaincu que, si nous nous évoluons à notre meilleur niveau, nous avons les moyens de passer ce premier obstacle et d’aller beaucoup plus loin.
Troisième de la Coupe du Monde de la FIFA 2006, deuxième de l’Euro 2008… L’Allemagne décrochera-t-elle la première place en 2010 ?
Si nous jouons sur notre vraie valeur et que l’équipe trouve rapidement ses marques, tout est possible. Toutefois, la réussite et la forme du moment sont souvent décisives dans ce genre de compétitions. Il faudra tout de même garder certaines formations à l’œil.
Quel est le grand favori de l’épreuve, selon vous ?
Je crois qu’il n’y a pas une équipe qui se dégage particulièrement. Plusieurs pays ont le potentiel pour aller au bout. Je pense évidemment à l’Espagne et au Brésil, mais aussi à l’Argentine ou à la France.
En 2006, vous aviez été sacré Meilleur Jeune Joueur de la Coupe du Monde de la FIFA. Quels sont vos objectifs personnels en 2010 ?
J’aimerais disputer tous les matches, jouer à mon meilleur niveau, défier les plus grands joueurs de la planète et me mettre en évidence. Mais les performances individuelles n’ont pas grande importance. Ce qui compte, c’est que l’équipe aille le plus loin possible.
Qu’attendez-vous d’Afrique du Sud 2010, après avoir découvert la Coupe du Monde de la FIFA il y a quatre ans en Allemagne ?
La Coupe du Monde 2006 était très spéciale. C’était ma première expérience à ce niveau et j’ai eu la chance de jouer devant mon propre public, dans une ambiance extraordinaire. Maintenant, cette première Coupe du Monde africaine s’annonce tout à fait passionnante. Je pense que, comme il y a quatre ans, les matches devraient se disputer dans une atmosphère extraordinaire, comme on a pu le voir lors de la Coupe des Confédérations.