A Ouargla, Adrar et Ghardaïa, les populations se joignent à la protestation et on évoque la perspective d’une marche d’un million de personnes.
La mobilisation citoyenne contre le gaz de schiste, entamée il y a onze jours à In Salah, se poursuit dans les wilayas du Sud du pays, mettant le gouvernement dans une mauvaise posture.
La manifestation publique et pacifique de plusieurs milliers de personnes est toujours maintenue dans la daïra de In Salah, à l’extrême sud de Tamanrasset où le seul mot d’ordre concerne l’arrêt de l’exploitation du gaz de schiste dans la région et le lancement d’un débat national sur le projet. Hier, la place du siège de la daïra était occupée par les manifestants.
A Ouargla, Adrar et Ghardaïa, les populations se joignent au mouvement de protestation et on évoque même la perspective d’une marche d’un million de personnes qui serait en train d’être préparée dans une ville du Sud.
Ainsi, le gouvernement qui a décidé du lancement du projet sans véritable débat est dans une véritable impasse. Les protestataires demandent désormais l’intervention du président Bouteflika, après le déplacement d’une équipe d’experts puis du ministre de l’Energie, Youcef Yousfi, à In Salah sans résultats. Ces déplacements ont plutôt abouti au renforcement de la mobilisation, étant donné que les manifestations touchent d’autres régions du Sud.
Dans la wilaya voisine d’Adrar, des citoyens et des représentants du mouvement associatif ont observé, avant-hier, un sit-in pacifique devant la bibliothèque centrale de la commune du chef-lieu de wilaya, arborant des banderoles appelant à l’intervention des hautes autorités du pays pour «stopper l’exploitation du gaz de schiste» et recourir à des «actions de développement alternatives», pour le bien de la population de la région.
Les protestataires ont ensuite sillonné les artères de la ville d’Adrar, en reprenant les mêmes slogans, avant de se disperser progressivement et dans le calme. Une autre manifestation était organisée dans la ville de Métlili (wilaya de Ghardaïa), dans une marche pacifique empruntant la rue principale de la ville, pour finir par un rassemblement sur l’esplanade jouxtant le musée du moudjahid, en signe de solidarité avec les populations de In Salah et pour afficher leur rejet, eux aussi, du projet d’exploitation du gaz de schiste dans la région.
La ville de Ouargla a connu, elle également, un rassemblement pacifique, devant le siège de la commune, où les manifestants ont hissé des banderoles et scandé des slogans de protestation contre l’exploitation du gaz de schiste dans la région de In Salah, avant de se disperser, en fin de matinée, dans le calme.
Cette montée au créneau des habitants du Sud contre un projet dont les experts affirment les dangers contre l’environnement et la santé des populations ne fait pas reculer le gouvernement. Bien au contraire, le P-DG de Sonatrach, Saïd Sahnoun, a indiqué, hier, sur les ondes de la radio, que le groupe investira pas moins de 70 milliards de dollars sur 20 ans pour l’exploitation du gaz de schiste en Algérie.
Le ministre de l’Energie a assuré, jeudi à In Salah, que l’extraction de cette énergie ne comportait aucun danger, appelant les protestataires, par le biais de leurs représentants, à «faire preuve de sagesse et à s’assurer des conséquences de l’exploitation du gaz de schiste». Même le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme, Farouk Ksentini, trouve des raisons pour justifier le projet. «L’exploitation du gaz de schiste ne peut s’engager qu’en 2020. On ne peut pas renoncer d’avance à cette option alors qu’on est classé au 4e rang des pays riches en gaz de schiste», a-t-il indiqué dans une déclaration reprise hier par un quotidien national, qualifiant la décision du gouvernement de «très sage».
Mais dans le Sud, on ne l’entend pas de cette oreille.