Cette organisation tente d’exploiter l’expérience et les capacités des cellules dormantes des anciens groupes terroristes en Algérie.
Le proto-Etat Daesh, se basant essentiellement sur le terrorisme électronique est considéré comme une nouvelle sérieuse menace, notamment au niveau du pourtour méditerranéen. Comment est évaluée la menace de cette organisation qui a mené récemment une offensive via les réseaux sociaux contre l’Algérie? L’Algérie est-elle un projet de cette nouvelle nébuleuse, sachant que la filiale Daesh en Libye n’est qu’à quelques centaines de kilomètres des frontières sud-est? Cette «filiale libyenne» occupe des régions entières de la Libye et attire des «djihadistes» de plusieurs pays.
Toutefois, alors que les spécialistes proches du pouvoir minimisent cette menace, d’autres plus autonomes et ayant fait leurs preuves sur le terrain de la lutte antiterroriste, estiment que cette menace est sérieuse et bien réelle.
Dr Sahel Makhlouf, professeur d’université, a indiqué hier en marge de la conférence sur le rôle des médias dans la sensibilisation contre les menaces liées à l’extrémisme violent, tenue à l’Ecole supérieure de police de Chateauneuf, Alger, que «ceux qui ont prêté allégeance à l’EI ne sont que des terroristes égarés qui se cherchent une franchise». Cette conférence est venue pour relayer les dispositions du dernier Conseil des ministres.
A titre de rappel, le président Bouteflika a instruit lors de ce Conseil, le gouvernement de «sensibiliser la population, ainsi que les institutions publiques et entreprises économiques à faire preuve de vigilance de sorte à concourir à leur sécurité contre toute menace terroriste».
Pour Mzabi Ahmed, expert sécuritaire et président de l’Association algéro-africaine de réconciliation nationale, «si de nouveaux groupes terroristes liés à cette organisation apparaissent dans des endroits qui ont connu précédemment une moindre activité terroriste, cela constitue une menace relative, par contre, si les groupes de cette organisation sont signalés au niveau des zones réputées fiefs d’anciennes organisations terroristes comme Al Qaîda, le Gspc, l’AIS et le GIA, on peut dire qu’il s’agit plutôt de recyclage des membres de cellules dormantes dont les moyens logistiques et humains sont faibles».
Ce dernier reconnaît que le potentiel des réseaux terroristes locaux est convoité par Daesh qui vise à travers sa stratégie d’extension à exploiter «l’expérience et les capacités des cellules dormantes des anciens groupes et groupuscules terroristes en vue de leur implantation en Algérie». L’Algérie, qui se trouve dans le viseur de Daesh doit anticiper à travers l’adoption d’une stratégie globale de lutte contre ce phénomène. «Les conditions particulières et le climat général ayant permis l’émergence de cette fameuse organisation en Irak et en Syrie n’existe pas en Algérie, dont le peuple a payé un lourd tribut au terrorisme et dont l’expérience de lutte des forces antiterroristes est saluée au niveau mondial.»
Tout le monde s’accorde à dire que la tension sur les frontières orientales et méridionales due à la situation quasi-chaotique en Libye et au Sahel, la détérioration de la situation sécuritaire en Tunisie constituent des facteurs de menace sur l’Algérie. Pour certains observateurs, les efforts communs algéro-tunisiens pour la paix et la stabilité en Libye peuvent constituer un facteur de pression pour ramener les différents acteurs bloquants en Libye comme le Qatar, l’Egypte et l’Arabie saoudite. Sur un autre registre, les intervenants à cette conférence, ont estimé que le rôle des médias, partenaires des institutions officielles dans la lutte antiterroriste est important.
Pour ces derniers, l’information sécuritaire doit être traitée intelligemment pour éviter d’être le support véhiculant la propagande terroriste. Enfin, d’autres observateurs vont jusqu’à dire que la politique de la réconciliation nationale empêchera Daesh de s’introduire en Algérie.
