Quelques jours seulement après le coup d’envoi officiel de la rentrée sociale, des actions revendicatives commencent à prendre des proportions «inquiétantes» par des marches, grèves et autre fermeture de routes. Malgré les mesures prises par les autorités, celles-ci n’ont pas «satisfait» les revendications des contestataires. L’Algérie a connu une grogne sociale ces dernières années.
L’année 2011 fut celle du déclenchement de divers mouvements et rassemblements dans différents secteurs. Plusieurs manifestations ont été organisées à l’échelle nationale, suite aux «réformes» et engagements annoncés par les autorités.
Aujourd’hui, le vent de la colère ne semble pas faiblir. Trois ans sont déjà passés dans une Algérie qui a échappé au scénario du printemps arabe mais où les réformes et les promesses d’amélioration n’ont été que de la poudre aux yeux. Ça commence à chauffer dans le front social. L’année dernière, cette fronde a pris une telle ampleur au point de toucher les régions les plus lointaines et les populations les plus calmes.
En effet, avant-hier dans la wilaya de Tipasa des dizaines de paramédicaux, fraîchement diplômés, ont organisé un rassemblement devant le siège de la direction de la Santé et de la Population de la wilaya pour revendiquer leurs décisions d’affectation. «Nous avons peur de ne pas être recrutés après l’obtention du diplôme délivré par l’Ecole paramédicale d’El Atteuf (Chlef) en date du 16 juin 2014, alors que des camarades d’au-tres wilayas ont rejoint leurs postes de travail», ont indiqué des protestataires.
Ils expliquent leur désarroi par le fait qu’ils n’ont trouvé «aucune oreille attentive pour la prise en charge de leurs préoccupations, ou tout au moins expliquer la situation». Pour sa part, le directeur de la Santé et de la Population de la wilaya de Tipasa a estimé que le problème réside dans «le non achèvement des procédures administratives au niveau de l’Inspection de la Fonction publique de la wilaya de Chlef», assurant que ses services s’attellent à trouver une solution d’autant plus, a-t-il fait remarquer, que la wilaya de Tipasa «a besoin de recruter actuellement 213 paramédicaux ».
En outre, des habitants de «Diar Echems» à Alger bloquent la route pour protester contre leur relogement près de Birtouta. Il y a deux jours, une centaine d’habitants, en majorité des jeunes de la cité «Diar Echems», dans la wilaya d’Alger, ont bloqué la circulation sur la route reliant Bir Mourad Raïs aux Annassers, pour exprimer leur refus d’être relogés à Birtouta. Une délégation de ces habitants est attendue au siège de la wilaya d’Alger pour discuter de cette revendication, a-t-on appris auprès des manifestants.
«L’APC nous a proposé d’aller visiter la nouvelle cité de Sidi M’hamed dans la commune de Birtouta, un site où la wilaya compte apparemment nous reloger. Nous avons refusé, car nous ne voulons pas être relogés à cet endroit si éloigné (d’Alger). Nous exigeons un autre site plus accessible», ont déclaré plusieurs protestataires. Pour rappel, la wilaya d’Alger dispose d’un programme global de plus de 80 000 logements destinés à la lutte contre l’habitat précaire, dont 25 000 unités sont en cours de distribution et 11 000 seront prochainement réceptionnées.
Dans le sud du pays, des commerçants de Tindouf ont entamé avant-hier une grève «ouverte» en fermant leurs magasins pour protester contre l’application par la douane du passavant dans les régions frontalières. Les grévistes estiment que «l’application de cette mesure douanière, bien qu’elle vise la lutte contre la contrebande, gêne nos activités commerciales», soulignant que le passavant les oblige à «déclarer une longue liste de marchandises introduites dans la zone concernée par cette procédure au niveau des postes de transit».
De son côté, la direction du Commerce de la wilaya de Tindouf s’est dite «surprise» par ce mouvement de grève entamé par la plupart des commerçants, précisant, à ce titre, qu’une rencontre a été organisée la semaine dernière à l’initiative des autorités de la wilaya avec tous les acteurs concernés dont des représentants des commerçants pour étudier leurs doléances. L’activité commerciale étant quasiment paralysée à Tindouf, des citoyens ont exprimé leur mécontentement vis-à-vis de cette situation.
A. H.