En Algérie, les oueds deviennent une menace pour les habitants des villes et des régions rurales.
Chaque année, des drames sont provoqués par les crues de fleuves traversant des agglomérations urbaines, dont le danger a été longtemps sous- estimé par les autorités publiques et ignoré par les résidants. En conséquence, à chaque averse l’on se met à compter les victimes ainsi que les dégâts matériels occasionnés. Avant-hier, à El Harrouch, dans la wilaya de Skikda, deux femmes ont été portées disparues à la suite de pluies torrentielles qui se sont abattues sur la zone de Oued En’sa. 19 autres personnes ont été secourues par les éléments de la protection civile.
La recherche d’autres victimes se poursuit encore, ap-prend-on. Les efforts des services de la protection civile sont appuyés par quatre plongeurs mobilisés spécialement et ce, compte tenu des inondations qui frappent la localité.
A El Bayadh, il y a quelques jours, pas moins de dix morts ont été déplorés suite à de fortes précipitations, ayant duré un peu plus d’une heure de temps. Les éléments de la protection civile ont repêché huit cadavres, quelque temps après la catastrophe, due à de fortes crues de l’oued qui traverse la ville. D’importants dégâts et plusieurs morts dont des enfants, tel était le bilan de cette catastrophe. Ces deux incidents surviennent alors que l’on est encore loin de la saison d’hiver. Le pire est à craindre dans les prochaines semaines. Cela d’autant que l’Algérie commence à s’habituer fatalement à la menace des inondations faute de ne pouvoir, dans bien des wilayas du pays, en éviter les conséquences ravageuses. En fait, aux oueds dormants dont la responsabilité est facilement imputable aux aléas et à la cruauté de la nature, des centaines d’autres continuent de représenter un vrai danger pour des milliers de familles. Le cas de la capitale est édifiant. Des centaines de familles dans les communes d’El Harrach, Dar El Beida, Beni Messous, Reghaia risquent d’être emportées par les eaux à la moindre crue. Et pour cause, des habitations, en dur ou bidonvilles, ont été implantées aux abords de l’oued. Des efforts ont été certes consentis par les autorités publiques, pour éviter de nouvelles catastrophes, en réalisant des collecteurs et canalisations d’évacuation, mais des quartiers entiers restent vulnérables. Cependant, à ce jour, aucune cartographie des zones sensibles n’existe afin de permettre à l’Etat d’engager des actions ciblées en mesure d’éviter la reproduction des crues. Dans la wilaya d’El Bayadh, ce n’est que ces derniers jours que l’on a décidé de lancer l’opération de recensement des bâtisses situées sur les berges de l’oued Deffa. Cette mesure devra permettre de recenser les bâtisses situées à une trentaine de mètres des berges de l’oued pour leur classement en bâtisses «précaires» ou «ordinaires». Le ministre des Ressources en eau, interrogé sur cette menace, a mis en avant le laisser-aller des autorités locales et des citoyens. Il a souligné que des canalisations d’évacuation des eaux pluviales réalisées à coups de milliards sont obstruées faute de travaux de curage après avoir été transformées en dépôt à ordures. Une déclaration qui renseigne sur l’absence de sensibilisation quant à cette menace pourtant mortelle.
Par Aomar Fekrache