Le Forum des chefs d’entreprises (FCE) encourt sérieusement le risque d’implosion parmi ses structures, à cause des profonds différends qui opposent ses membres à propos de l’élection présidentielle du 17 avril prochain.
En effet, plusieurs membres de cette puissante organisation patronale s’apprêtent à rendre le tablier, en guise de contestation et de refus face au soutien indéfectible affiché par le président du FCE, Réda Hamiani et autres membres, au chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, briguant un quatrième mandat.
Pour rappel, Slim Othmani, P-DG de NCA Rouïba et puissant membre de cette organisation, avait déjà claqué la porte du FCE, aussitôt l’allégeance déclarée au candidat Bouteflika. Dans son élan d’indignation, le patron démissionnaire n’a pas manqué de charger les partisans de la » politisation » du FCE en faisant de lui un outil de propagande électoraliste.
» Nous avons besoin d’avoir un patronat qui porte les aspirations de la sphère entrepreneuriale algérienne comme on a besoin de partis politiques qui portent les aspirations du peuple algérien « , a-t-il asséné, au lendemain de la proclamation d’une motion de soutien du FCE au candidat Bouteflika, à l’occasion de son assemblée générale extraordinaire du 13 mars dernier. Cette prise de position politique n’a pas été sans répercussions sur cette organisation patronale, et les développements immédiats de la situation s’apparentent à une sérieuse crise.

En effet, une quarantaine de patrons pourraient annoncer leur départ du FCE aujourd’hui même, afin d’emboîter le pas à Othmane Slim et du coup esseuler les Réda Hamiani et acolytes dans leur besogne électoraliste. L’enjeu est de taille cependant, car s’agit-il de financer la campagne électorale du candidat en question, ce qui revient à dépenser plusieurs milliards de dinars pour les besoins des meetings, des déplacements et autres frais liés aux préparatifs de la prochaine échéance présidentielle.
Chose bien entendu déclinée par un nombre important de patrons du FCE, entrant en clash direct avec les autres partisans d’un quatrième mandat de Bouteflika. Une crise annonciatrice d’une scission certaine parmi l’organisation patronale la plus importante, en ce sens qu’elle regroupe les entreprises privées les plus huppées sur le marché algérien.
Par ailleurs, le premier démissionnaire du FCE est allé trop loin encore dans sa démarche d’indignement, en endossant l’empressement de certains patrons à parrainer la campagne électorale de Bouteflika à un jeu d’intérêt purement pragmatique. En d’autres termes, il avait expliqué qu’il y aura une redistribution des cartes économiques au lendemain du 17 avril prochain, d’où cette compétition effrénée dont font montre les chefs d’entreprises et autres hommes d’affaires afin d’en bénéficier des largesses de l’Etat.
Une chose reste cependant sûre, la crise dans laquelle se débat le FCE à cause de la prochaine présidentielle, ne sera pas sans conséquences sur cette organisation patronale, car il y va de sa crédibilité sur la scène nationale et devant l’opinion nationale. En revanche, les démissionnaires devraient essuyer de leur côté, les retombées d’une bravade éclatée au grand jour en cette période cruciale, à quelques jours seulement de l’amorce de la campagne électorale.
M. A. C.