Les opposants à la tenue de la prochaine élection présidentielle ne sont point démontés par l’officialisation, au terme d’un faux suspense de plusieurs mois, de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika. Bien au contraire.
L’engagement officiel de Bouteflika dans la bataille de la présidentielle, annoncé par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le
22 février à partir d’Oran, a eu plutôt pour effet de fouetter les leaders de l’opposition qui, en guise de riposte, ont appelé à un boycott massif de la présidentielle, au retrait de la course des différents candidats et à la tenue d’une conférence nationale qui regroupera tous les acteurs politiques, toutes sensibilités confondues.
Trois présidents de partis, Abderrezak Makri, président du HMS, Mohcine Belabbas, président du RCD, et Mohamed Douibi, secrétaire général d’Ennahda, se sont, en effet, rencontrés, le 24 février au siège de ce dernier, à Alger, pour analyser, à la veille d’une élection capitale, la situation du pays.
À leurs yeux, celle-ci est “dangereuse” et surtout “marquée par le marasme économique et les déséquilibres financiers selon les différents rapports et statistiques annoncés”. “Le pouvoir en place est entièrement responsable de cette catastrophe devant le peuple”, avertissent les trois leaders d’opposition dans un communiqué commun.
Interpellés par “la gravité de cette conjoncture”, les trois opposants n’ont pas hésité à appeler le peuple algérien à “boycotter massivement la présidentielle du 17 avril 2014 au regard des dangers qu’elle représente pour l’avenir du pays”. Ils ont aussi exhorté l’ensemble des candidats à la candidature à “se retirer de cette tromperie électorale dont les résultats sont connus d’avance en l’absence de conditions de transparence et de neutralité”.
Ne se limitant pas à la dénonciation du pouvoir et des conditions dans lesquelles se tiendra la prochaine présidentielle, les trois responsables politiques ont formulé une proposition politique concrète : la tenue d’“une conférence de débat national qui associera tous les acteurs politiques pour dépasser la situation délétère que traverse le pays et assurer la stabilité et l’avenir des générations futures”.
Soupçonné de vouloir se porter candidat contre la volonté de son parti, l’ancien président du MSP, Abou Djerra Soltani, a coupé court à ces rumeurs. “Je démens, catégoriquement et solennellement, les informations relayées par certains médias et titres de presse sur une éventuelle candidature de ma part au nom de quelque partie que ce soit”, a-t-il affirmé dans “une lettre à l’opinion publique”, reprise par l’APS.
Le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), une formation présidée par l’ancien ministre de la Communication, Mohamed Saïd, s’est sensiblement rapproché, depuis hier, du camp de l’opposition, en plaidant pour un report de la présidentielle. “La course à la présidentielle a été, pour la première fois depuis l’Indépendance, déviée au point de compromettre l’unité de l’institution militaire et, partant, de mettre en danger la stabilité nationale et la cohésion sociale. Il est indéniable que la préservation de l’unité de l’Armée et de la sécurité est plus importante qu’une élection qui suscite la peur des citoyens par les manœuvres et les calculs machiavéliques (…)”, affirme le PLJ dans un communiqué rendu public hier. “Organiser une élection dans un climat de tension aux conséquences imprévisibles et interdire aux partisans du boycott de participer à la campagne électorale n’ouvrent pas la voie au changement pacifique et graduel attendu par les citoyens (…)”, explique-t-il. Mieux, le parti de Mohamed Saïd a décidé de ne pas présenter de candidat et formulé “des réserves sur l’organisation exclusive par l’administration des élections en raison de la partialité de celle-ci prouvée par le passé”.
Le président du Parti pour la justice et le développement (PJD), Abdellah Djabellah, a considéré, lui, dans un entretien accordé le 24 février à El Khabar, qu’appeler au boycott de la prochaine élection présidentielle est “un devoir”.
A. C