Le pari n’était pas gagné d’avance pour les initiateurs de la traditionnelle marche du 20 Avril. La désaffection des rangs des militants de la cause identitaire et surtout les contingences politiques ont fait que, depuis quelques années, ce qui est considéré comme le temps fort des commémorations du Printemps berbère ne mobilise pas des masses.
Hier, elle s’est vite estompée la crainte que la marche ne soit destinée que pour entretenir autant que faire se peut la symbolique. Ils n’étaient certes pas des centaines de milliers à déferler comme au bon vieux temps sur les rues du centreville de Tizi-Ouzou, mais il y avait de quoi faire dire aux alliés d’un jour, autonomistes du MAK et RCD, finalement, que les valeurs du 20 Avril ne peuvent pas se diluer aussi facilement que cela dans l’indifférence. Il y avait les autonomistes pour ouvrir la longue procession et à distance «raisonnable», le RCD, avec Mohcine Belabas bien en évidence, pour donner un aspect plus imposant à la marche. A leurs côtés, des groupes d’étudiants de l’Université Mouloud-Mammeri se sont distingués également et chacun a ressorti ses propres slogans, les uns exigeant le droit à l’autonomie de la Kabylie, les autres réitérant les vieux mots d’ordre chers au Mouvement culturel berbère avec la revendication de l’officialisation de tamazight en tête. Le tout sans omettre de coller à l’actualité comme le clamaient des banderoles brandies par les militants du RCD pour exiger le changement et l’instauration d’un Etat démocratique et social, entre autres slogans. Pendant plus de deux heures, ils ont battu le pavé et partagé le même parcours jusqu’à mi-chemin, lorsque les autonomistes ont pris la direction de la place de l’ancienne mairie en traversant la grand-rue, alors que les militants du RCD ont préféré bifurquer d’un peu plus haut en traversant l’avenue Houari- Boumediène pour atterrir au même point de chute près d’une demiheure plus tard, comme s’ils s’étaient entendus pour marquer leur «différence», le tout sous l’œil vigilant d’un dispositif policier aussi dense que discret. Pas même une anicroche n’est venue perturber la sérénité dans laquelle s’est déroulée la manifestation, contrairement à ce qui avait été craint plus tôt dans la matinée au regard de la forte population de policiers mobilisée pour la circonstance, faisant dire même à certains que la marche du 20 Avril n’allait pas être, pour la première fois, tolérée. En fin de compte, la commémoration du 33e anniversaire du Printemps berbère a été conclue comme beaucoup ne s’y attendaient pas tant la marche avait, donc, rassemblé du monde.
M. Azedine