Laurent Fabius se prépare pour sa visite de deux jours en Algérie qui interviendra à partir de dimanche prochain. Le ministre français des Affaires étrangères sera accompagné de nombreux hommes d’affaires et chefs d’entreprise. Il compte brasser large, en allant au-delà des discussions sur les dossiers traditionnels tels que le Sahel, la Libye et la Syrie. Outre la géopolitique, Laurent Fabius va faire le point avec les responsables algériens sur la coopération économique et les projets d’investissement, a-t-on appris de sources sûres.
D’ailleurs, dans la forte délégation qui l’accompagnera, il y aura plusieurs responsables de grands groupes français à l’instar de Total, Renault, Airbus, Vinci et Lactalis. Si des dirigeants de grandes entreprises françaises viennent avec lui à Alger, ce n’est assurément pas pour un voyage de villégiature. Airbus espère bénéficier d’un nouveau carnet de commandes. Le PDG de Renault va s’enquérir de l’état d’avancement du projet de construction d’une usine de montage à Oran.
La visite de Fabius a, ainsi, un arrière-fond économique, car les questions d’ordre sécuritaire et géopolitique ont été largement abordées par Jean-Yves Le Drian, lors de sa visite en mai dernier. Depuis l’arrivée de François Hollande au pouvoir, la France tente de retrouver sa place de premier investisseur en Algérie. Ces deux dernières années, elle a manifesté son grand intérêt à l’investissement dans de nombreux domaines d’activités. Aujourd’hui, elle a dans son viseur particulièrement le secteur de l’énergie et cherche à saisir également l’opportunité offerte par la perspective de l’exploitation du gaz de schiste envisagée dans un avenir proche par le gouvernement algérien.
Cela surtout que l’Algérie dispose d’une des plus grandes réserves au monde en la matière. Ne pouvant pas le faire dans leur pays en raison de l’opposition des ONG et des associations de protection de l’environnement, les entreprises françaises voudraient bien faire de l’Algérie leur terrain d’expérimentation. Citant des sources, le Nouvel Observateur a presque affirmé que la France compte bien tester en Algérie des alternatives dites «propres» à la fracturation hydraulique. Cela pourra se faire à travers le groupe GDF Suez déjà présent en Algérie où il collabore avec Sonatrach pour l’exploitation de gisements de gaz naturel dans le Touat, dans le sud-ouest algérien.
La France cherche également à obtenir plus de marchés dans le cadre du nouveau plan quinquennal 2014-2019, notamment dans le secteur du bâtiment et des services. Laurent Fabius rencontrera, outre son homologue Ramtane Lamamra, le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, et le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Il sera fort probablement reçu par le président Bouteflika. Une réunion de concertation est également prévue entre les hommes d’affaires français et algériens pour étudier les opportunités de partenariat notamment dans le domaine industriel.
S. Baker