Plusieurs experts estiment que la décision est inévitable, Vers la dévaluation du dinar

Plusieurs experts estiment que la décision est inévitable,  Vers la dévaluation du dinar

Économie de bazar

Les descentes policières au square Port-Saïd, pour sûrement une affaire de fuite de capitaux, ne nous feront pas oublier que ce marché est un signal de la faiblesse de la monnaie nationale. Le marché parallèle de la devise reflète la vraie valeur du dinar, disait le grand économiste Hocine Benissad. Avant la chasse aux cambistes du square, il fallait près de 160 dinars pour un euro.

Il a atteint cette barre aujourd’hui. L’écart entre les valeurs du marché parallèle et celui officiel se situe entre 50 et 60%. Preuve en est que nous sommes loin de l’extinction du marché noir de la devise.

Cette situation de perte significative de la valeur de la monnaie nationale reflète la mauvaise santé actuelle de l’économie nationale aggravée par la chute des prix du pétrole amorcée depuis juin 2014. L’un de ses symptômes est que nous consommons plus que nous ne produisons. Résultat des courses, avec la baisse de nos réserves en devises et de leurs contreparties en dinar, l’Algérie va droit vers une dévaluation du dinar. Plusieurs économistes algériens, des plus sérieux en tout cas, le prédisent.

LG Algérie

Une mauvaise nouvelle pour les ménages qui pourraient voir les produits de large consommation augmenter sensiblement. Déjà, le citoyen est déboussolé avec ces glissements successifs du dinar depuis 2011 et ces hausses en douce des produits de large consommation. La viande, les voitures, la pomme de terre, la sardine, les légumes secs ont augmenté de manière très importante ces dernières années. Si nous allons plus loin, avec 1 000 dinars en 2 000, nous pouvions acheter 1,2 kilogramme de viande.

Il faut aujourd’hui bien davantage. Autrement dit, le pouvoir d’achat du dinar a faibli sensiblement au cours des dix dernières années rendant même prohibitifs des produits consommés par les ménages aux revenus modestes : la pomme de terre, la sardine.

En fait, nous n’avons plus, depuis le début des années 1980, un dinar fort. Parce que nous avons, depuis des décennies, favorisé davantage l’économie de bazar au détriment des producteurs, la médiocrité au détriment de l’intelligence, les approximations au détriment de la science et de la connaissance. Inverser la tendance, c’est toujours possible.

On peut protéger aujourd’hui le pouvoir d’achat des ménages, en dépit de la dévaluation du dinar par le volontarisme de l’État. Sur la durée, le renforcement du dinar passe par l’émergence d’une économie productive, diversifiée avec une capacité d’exportation hors hydrocarbures. Mais cela demandera du temps.

Encore faut-il que nos gouvernants prennent conscience que l’Algérie va droit dans le mur avec ces conflits d’intérêt, le primat des lobbies sur les producteurs, le règne de l’affairisme sur les vraies affaires, la logique de la rente sur la production. En tout état de cause, avec cette situation explosive, le changement s’imposera tôt ou tard.

K. R.