Plusieurs défis pour une carte bancaire

Plusieurs défis pour une carte bancaire

Porte-monnaie du futur. A terme, le monde fonctionnera sans les billets de banques. Nous n’en sommes pas encore là, mais mieux vaut s’y préparer. La loi de finances 2018 prévoit deux mesures que le ministre des Finances, Abderrahmane Raouïa, considère comme importantes dans la voie de cette transformation. Il les a évoquées, lundi dernier, lors d’un atelier consacré à la digitalisation bancaire qui a été organisé en marge de la Foire de la production nationale qui a lieu actuellement au Palais des expositions à Alger. La première mesure «oblige chaque commerçant algérien de se doter d’un terminal de paiement électronique (TPE) avant la fin 2019». La seconde prévoit «la généralisation progressive du système de télédéclaration et de télépaiement des impôts et des taxes à l’ensemble des entreprises». Cependant et même importantes ces deux mesures ne sont qu’une partie d’un ensemble plus vaste de l’objectif à atteindre qui est la digitalisation financière. On y trouve le e-commerce (vente en ligne), le e-paiement (carte interbancaire ou CIB) et même le m-paiement (par téléphone mobile). Ce sont autant de chapitres du grand ensemble que nous avons évoqué plus haut. Sa mise en place n’est pas une mince affaire. Si le volet financier saute aux yeux, il n’est cependant pas le seul. Le volet technique tel que la fabrication des cartes et des TPE qui induit également la maintenance, n’est pas encore atteint. Le volet stratégique qui outre l’encadrement juridique concerne également la cybersécurité. Et puis aussi et surtout le volet culturel qui se pose à une population qui devra changer ses habitudes de tout payer par cash. Quel est l’état des lieux, aujourd’hui, en Algérie? 1,5 million de cartes interbancaires (CIB) sont en circulation. Pour une population de 41 millions on est loin du compte… 12 000 terminaux (TPE) ont été installés au niveau national. Ce qui est infime comparé aux 2 millions de commerçants visés par la loi de finances 2018. Donc un travail conséquent reste à faire pour ce seul aspect technique. Avec le souci de mener les autres volets conjointement. Il faudra une coordination parfaite pour prévenir les dysfonctionnements. Le président de l’Abef, Boualem Djebbar, regrette que les terminaux (TPE) ne soient pas encore produits en Algérie. Pourtant, Condor et tout récemment l’Enie de Sidi Bel-Abbès sont dans ce créneau. Ou encore Iris et LG. La ministre de la Poste et des TIC, Houda Imane Feraoun, attire l’attention sur la prévention des attaques électroniques d’une telle digitalisation. De l’avis des participants aux travaux de l’atelier, «le retard est considérable». Deux commissions sont prévues. L’une dite «stratégique» qui sera présidée par le Premier ministre et l’autre dite «technique» qui relèvera du ministère de la Poste et des TIC. De plus, Mme Feraoun a annoncé la création en juin prochain d’une entreprise interbancaire chargée de l’extension et du développement du réseau du e-paiement. Et pour être complet, il y a le projet de loi sur le e-commerce qui a été adopté par le Conseil des ministres du 4 octobre dernier en attendant de l’être par le Parlement. Toutefois, il faudra lever le pied sur les DAB (distributeurs automatiques de billets). Sinon, les CIB ne serviront qu’à alléger les guichets pour…retirer du cash!

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