Le recrutement commence par l’endoctrinement
Ces cellules ont réussi à envoyer des dizaines de recrues au Mali, mais aussi en Syrie. Leur acheminement est assuré par des réseaux de contrebandiers et de narcotrafiquants très actifs au Maroc.
La fièvre de ce qui est communément appelé «Printemps arabe» a été un terreau favorable et décisif pour le retour en force du terrorisme. La neutralisation du n°1 d’Al Qaîda l’a été tout autant. Les deux événements, avec toute leur dimension, ont été favorables à la recrudescence des actes subversifs donnant naissance à des milices islamistes qu’on dit affiliées à la nébuleuse à l’image du Mujao au Maghreb et d’Al Nusra au Moyen-Orient. Des cellules de recrutement voient le jour au Maroc, en Tunisie, en Libye, en Algérie jusque-là épargnée par le plan de déstabilisation, mais aussi au Yémen, en Egypte, au Liban, en Irak et en Syrie. Ces cellules ciblent parfaitement le profil de leurs recrues qui sont choisies parmi une jeunesse imprégnée de la pensée jihadiste, pour les transférer ensuite au Sahel, en Algérie et en Syrie plus particulièrement. Les autorités marocaines ont affirmé mardi avoir démantelé une nouvelle cellule de recrutement composée de six membres, activant au profit d’Al Qaîda au Maghreb islamique, dans la région de Fès, un mois seulement après avoir annoncé le démantèlement d’un réseau formé de jeunes jihadistes destinés au Sahel. Selon un communiqué officiel des autorités marocaines, «l’enrôlement et le recrutement de jeunes Marocains imprégnés de la pensée jihadiste, s’effectue dans le but de les envoyer aux camps d’Al Qaîda au Maghreb islamique en Algérie». Il est précisé dans ce même document, que «parmi les personnes interpellées figure un ancien détenu dans le cadre de la loi antiterroriste, qui avait été extradé d’Algérie en 2005 après sa tentative de rejoindre les camps du Gspc». Le Maroc pour qui l’Algérie était un laboratoire, fait face depuis le mois de mai de l’année en cours, à un retour avéré de la pensée extrémiste, qui reflète fidèlement la doctrine «salafo-wahhabite», dont les instigateurs programment d’inoculer le venin de leur idéologie criminelle dans le Monde arabe, confient des sources très au fait du contexte sécuritaire. L’enrôlement des jeunes est autant important en Tunisie. Les recrues sont directement envoyées à Jendouba où à Ouled Ibrahim dans le sud de la Tunisie pour y être entraînées et recevoir une formation. Ce sont des Libyens qui les prennent en charge pour ensuite les transférer au Mali, afin de renforcer les rangs d’Al Qaîda, via les frontières du Niger ou en Syrie via le Liban ou la Turquie.
Au Maroc, comme en Tunisie plusieurs cellules ont été démantelées. La situation à laquelle l’Algérie, fait face en raison des frontières qu’elle partage avec ces deux pays, renseigne sur l’émergence de «la logique criminelle» d’Al Qaîda qu’elle soit au Maghreb, au Moyen-Orient où ailleurs et sur l’ampleur du soutien dont bénéficient les multiples réseaux de la nébuleuse. Il a été établi que ces cellules ont réussi à envoyer des dizaines de recrues au Mali, mais aussi en Syrie. Leur acheminement, attestent nos sources, est assuré par une «logistique de complaisance» avec les réseaux de la contrebande et les narcotrafiquants très actifs au Maroc. Si en Algérie les cellules de recrutement ont du mal à convaincre une certaine jeunesse de les intégrer, en Tunisie la situation est semblale à celle du Maroc.
Les autorités tunisiennes avaient récemment annoncé le démantèlement d’un groupe terroriste lié à Al Qaîda au Maghreb islamique, qui avait pour mission de recruter et d’entraîner de nouvelles recrues pour les envoyer par la suite aux camps de la nébuleuse, sinon en Syrie. Les investigations des forces de sécurité tunisiennes, suite aux événements de Kasserine ont permis l’arrestation de sept éléments affiliés à Al Qaîda. Depuis plusieurs semaines, la Tunisie est le théâtre de violents affrontements entre les forces de l’ordre et les groupes armés dans plusieurs régions du pays. L’Algérie, ne pouvant rester indifférente à l’égard de ce contexte qui menace ses frontières, presse le pas pour établir une stratégie de coopération avec la Tunisie afin de renforcer le dispositif sécuritaire au niveau de la bande frontalière. De l’avis de plusieurs spécialistes, la plus grande menace provient de la Tunisie, dont des formations islamistes, à leur tête Al Nahdha d’El Ghannouchi, projettent d’instaurer un Etat islamique. Au moins 60.000 disciples de la pensée salafiste forment les courants extrémistes dont Ansar Al Charia et Hizb Al Tahrir El Islami. Et-ce donc cela la démocratie promise aux pays arabes?