Plusieurs artistes algériens esquissent la “Guernica” à l’Institut Cervantès “Donnons une chance à la paix”

Plusieurs artistes algériens esquissent la “Guernica” à l’Institut Cervantès “Donnons une chance à la paix”

C’est la dernière ligne droite avant le tomber de rideau sur l’exposition organisée autour du thème, le “Guernica” de l’artiste-peintre Pablo Picasso, où cinq plasticiens de chez nous nourrissent le “dialogue hispano-algérien sur le Guernica”. L’exposition que l’on doit à l’Institut Cervantès d’Alger a été ouverte le 12 décembre dernier, soit au lendemain d’une résidence de création qui a duré une quinzaine de jours pour commémorer le 80e anniversaire de la majestueuse fresque mémorielle de Pablo Picasso qu’il avait réalisée entre le 1er mai et le 4 juin 1937 pour dénoncer l’horreur de la guerre d’Espagne. Mémorielle, du fait que la relique  immortalise l’affligeant souvenir de la canonnade de la ville de Guernica en ce funeste jour du  26 avril 1937 par l’escadrille de 44 avions de l’apocalyptique “Légion Condor” nazie et autour de laquelle s’était coalisée la haine de 13 bombardiers fascistes italiens. Élevée ainsi au rang “d’ambassadeur” plénipotentiaire de l’art, eu égard à sa valeur politique d’une portée universelle, l’illustre toile incarne l’horreur franquiste mais aussi les affreusetés  des conflits armés où qu’ils soient. À cet égard, Djahida Houadef prend acte de l’événement et accroche à la salle des actes de l’Institut Cervantès la toile de son “Cri” qu’elle ajoute au “dialogue avec la Guernica”. Dans l’optique qu’elle soit entendue, Djahida Houadef essore ses pinceaux d’où s’égouttent les tâches sombres de la fureur des canons de l’occupant français qui incendièrent les Aurès de ses aïeux durant notre guerre de libération. Généreuse pédagogue, Djahida Houadef s’essaie à humaniser l’horreur guerrière à l’aide d’inégalables couleurs des vergers d’abricotiers du N’gaous de son enfance. D’où l’hypothèse de l’artiste-peintre Amor Drisse Lamine Dokman qui a ajouté sa toile avec la légende qu’il a bien voulu partager avec nos lecteurs : “Qui mieux que l’artiste-peintre algérien, peut conter l’horreur qu’avaient endurée nos ancêtres et celle de la décennie noire que nous avions vécus dans notre chair meurtrie ? Autant dire que l’on s’est retrouvé dans cette résidence qu’est aussi l’identique creuset culturel où l’on a pansé nos blessures à l’aide de ce symbole fort qu’est la «Guernica». Sur ce point, la mort relève malheureusement du banal fait divers, du fait qu’elle s’est banalisée durant notre siècle, à l’instar des migrants qui meurent en mer.” D’où le souhait de l’artiste-peintre Dokman d’asseoir un échange fructueux entre les artistes d’ici et de l’autre côté de la rive afin de crier à la face des seigneurs de la guerre : “Plus jamais ça !”  C’est aussi le cri de Mouna Bennamani qui s’élève contre l’atrocité entre belligérants, où l’artiste-peintre souhaite qu’il pousse enfin cette hchicha talba mîicha ou plutôt cette mîicha talba hchicha (une existence en quête de vie) qu’elle souhaite ardemment qu’elle pousse sur un champ ensemencé de restes humains épars et de visages enlaidis par l’épouvante. Alors, et pour atteindre ce résultat, l’artiste-peintre et photographe Julio Lozano associe le dessin et la photo en noir et blanc pour que fuse de sa toile sur planche métallique, la détresse humaine sous les bombes. À ce dialogue entre les gens de l’art pictural, il y a l’apport du rameau de l’olivier de l’artiste-peintre Abderrahmane Cheref et de l’élan de la colombe de paix d’Abderrahmane Aïdoud pour qu’enfin la paix dans le monde ne soit pas un vain mot. Pour l’information, la toile le “Guernica” fut préservée aux États-Unis à l’abri des rets des convoitises des marchands de l’art, avant qu’elle ne soit rapatriée en 1981 à sa mère patrie, le musée Reina Sofía, Madrid (Espagne). Donc, autant aller à l’Institut Cervantès pour y voir la “Guernica” jusqu’au 25 janvier.

Louhal Nourreddine