Plus qu’à une manche d’un sacré pied de nez aux craintes de départ, L’Entente sétifienne : entre vrai exploit et faux débats

Plus qu’à une manche d’un sacré pied de nez aux craintes de départ, L’Entente sétifienne : entre vrai exploit et faux débats

Rien à redire. Absolument rien. Un exploit à retenir. À citer en exemple. Pour diverses raisons. Gros paris. Ça l’était à moins. Trop gros même. Et qu’arrive-t-il finalement ? Un joli, magistral, monumental pied de nez à toutes les craintes.

À une petite heure et demie désormais d’un phénoménal sacre, l’Entente de Sétif est en passe de réussir là où toutes les formations algériennes ont lamentablement échoué. Réussir le pari fou de se rapprocher comme rarement du toit de l’Afrique? Réussir la gageure de démentir, et ils étaient nombreux au départ, les sceptiques.

Y compris parmi ses plus fervents supporters. Ses inconditionnels qui appréhendaient une nouvelle aventure africaine ouverte sur tous les risques, après toutes les déculottées et humiliations infligées à un football algérien trahi par un championnat de très faible niveau, et proposant ou accouchant d’un spectacle laissant à désirer pour ne pas dire affligeant. L’Entente sétifienne (algérienne dit la pub et c’est bien trouvé), vaille que vaille, à force de détermination (ce qui a fait sa force et la différence quand il fallait), est à nouveau au rendez-vous. Là, où personne ne l’attendait. Relevant défi après défi.

Un ticket pour la phase de groupes, un autre pour le carré d’as suivi d’un exploit en terres congolaises contre le N°1 africain (un tout puissant Mazembe renvoyé refaire ses calculs) du moment, l’appétit qui grandit, les portes de la finale qui s’ouvrent sous la forme d’un retour problématique au Congo contre un favori, le Vita Club, tenu, et de quelle manière, en échec (2-2) et, évidemment, le chemin menant au paradis à moitié assuré.

La couronne de la plus prestigieuse compétition au niveau des clubs : la Champions League africaine, à portée de pieds. Presque dans la poche même s’il faudra encore patienter, rester concentré et ne pas se dire, sous peine de grosse désillusion, que la partie est déjà jouée même si elle se jouera devant le public algérien qui, en plus de respecter son Entente, devrait, dans le stade fétiche des Verts, sur une pelouse qui leur réussit si bien, se préparer à lui assurer le soutien qui s’impose en la circonstance. En l’accompagnant dans ces 90 ultimes minutes synonyme de bonheur à l’arrivée en cas de victoire ou de nul de moins de 2-2.

LE 1ER NOVEMBRE REVISITÉ

Un stade Tchaker en porte bonheur. Le jardin d’où, vingtsix ans après sa première et unique consécration, le onze préféré des Haut-Plateaux, avançant à pas mesurés sur la gloire, fera face à un terrible défi : celui de ne pas décevoir tout un peuple un jour sacré. Un jour anniversaire où le pays célèbrera, avec ses futurs héros, une date unique : le 60e du déclenchement de la révolution. Du combat libérateur. Un nouveau rendez-vous avec l’histoire pour une ESS se rappelant aux bons souvenirs d’une époque dorée. Une Entente renaissant de ses cendres. Tel un phénix. Face à un fabuleux défi. Un 1er novembre.

Tout un symbole. Les Sétifiens sont là. Tout de promesses. Loin, très loin du scepticisme de départ. A l’ouverture d’une campagne africaine des plus périlleuses. Sans rapport avec le peu d’engouement que suscitera son nouvel engagement sur un registre où les clubs algériens, éternellement recalés et portant le bonnet d’âne, le peu enviable statut de cancres et de derniers de la classe, collectionnent les confirmations de clients sans ambitions.

Quand, le 1er novembre, les «Aigles Noirs» donneront le coup d’envoi d’une partie qui ne ressemblera à aucune autre, ils se rappelleront sûrement que pratiquement personne ne croyaient en leurs chances de faire carrière dans une compétition trop «grande» (ce qu’ils démentiront de la plus éclatante des manières en survolant tous les obstacles) pour eux.

Se rappelleront que même la Fédération Algérienne de Football (FAF), échaudée sûrement par le parcours chaotique de l’ensemble de ses représentants dans les tournois continentaux, avait appelé, de craintes de nouvelles gifles au moment où l’EN brillait de mille feux, toutes les équipes ayant réussi à décrocher un sésame pour les deux tournois africains (LDC et CAF) à revoir leurs prétentions continentales.

Y renoncer tout bonnement en attendant de meilleures conjonctures. Un appel sensé (jugera la majorité d’une opinion fatiguée par la faiblesse inouïe de sa pseudoélite réduite au simple rôle de comparse hors frontières) que la direction ententiste décidera de ne pas entendre bien que contrainte de signer cet engagement qui stipule -ni plus ni moins- que les instances du football national (LFP et FAF) ne feront pas de cadeaux aux clubs ayant choisi (contre toute logique du terrain ?) d’honorer leurs engagements internationaux.

Un entêtement qui coutera nombre de tracas à notre duo (parce que, en plus de l’ESS, le CSC, payant lui très cher ses «envies» africaines en perdant sur tous les tableaux sous la forme d’une mémorable raclée de 6-0 devant la classe biberons ivoirienne de l’ASEC Mimosas doublée d’un glissement dangereux dans le classement de Ligue, a opté pour la participation) quand il fallait assumer les «folies» d’un calendrier démentiel.

UNE «ANOMALIE» NOMMÉE ESS

Comme nous le rappelle d’ailleurs, une première mondiale, un précédent historique, l’obligation qui a été faite aux Sétifiens et Constantinois, qui n’ont pas demandé de cadeaux en la circonstance, de jouer deux matchs, dans le même jour et en deux endroits différents. De l’inédit ? Plutôt de l’anormal. Corrigé, le club phare de la ville des «Ponts Suspendus» sortira marqué d’une douloureuse expérience pendant que les gars de Aïn El- Fouara, bien dans leur obstination, avançaient à grands pas sur l’exploit et vont frapper un grand coup, font évacuer définitivement le pessimisme ambiant en s’invitant magistralement dans le «final top 8» de C1 africain face à un sérieux prétendant au sacre final, le Cotonsport Garoua (Cameroun)! Pas mieux pour inviter au débat. Rappeler combien notre balle ronde, croulant sous les travers, appréciait les paradoxes. La parfaite illustration d’un sport populaire marchant sur la tête.

Comme cette «anomalie» (on ne peut l’appeler autrement) nommée ES Sétif, qui décidera, le courage en bandoulière, de relever le défi. En ne refusant pas des challenges dont elle sort finalement grandie avant de mettre la touche finale (investir dans le nul élogieux ramené de Kinshasa et terminer comme il se doit la belle besogne en offrant le titre en cadeau à l’Algérie) à ce qui tourne finalement à une belle, somptueuse oeuvre inaugurée pourtant dans l’adversité. Une totale incompréhension.

En sautant évidemment l’ultime barrière avant (ce qu’on souhaite ardemment pour la joyeuse bande à Madoui) de décrocher la lune. Merci pour la leçon. Merci pour le parcours et l’espoir ressuscité. Merci pour le courage d’avoir dit «oui» quand il fallait obéir à des injonctions pour le moins fondées de la FAF.

Merci Hammar de l’avoir décidé, flairé le bon coup. Merci pour tout. A 90 petites, ultimes minutes de la conclusion d’une belle épopée, les «Aigles», qu’ils se posent (c’est à moitié fait) ou non (on croise les doigts et on prie pour eux) sur le toit d’Afrique, les dignes héritiers des Salhi, Adjissa, Mattem, Bourahli ne le devront qu’à eux-mêmes. Qu’à leur seul talent !

A. A .