Du point de vue des recruteurs, les réseaux sociaux en diraient plus sur nous que l’on ne pourrait le croire, notamment sur la manière dont nous sommes susceptibles de réagir dans le milieu professionnel
Vous pensez peut-être : « J’ai pris soin d’enlever de ma page Facebook toute photo compromettante, tout commentaire et message indiscret sur mon mur » – et pourtant,vous serez quand même percé à jour par vos futurs employeurs. En vous évaluant sur certains critères clés de votre personnalité, vous pourriez attirer l’attention quant à votre lucidité mais faire peur quant à votre degré zéro de sociabilité…
Et oui, car d’après une publication du Journal of Applied Social Psychology, les profils utilisés par les médias sociaux en diraient plus sur nous que l’on ne pourrait le croire, notamment sur la manière dont nous sommes susceptibles de réagir dans le milieu professionnel. Comment ? Avant tout parce que le Web nous fournit un degré d’interactivité difficilement atteignable dans la vie réelle, mais aussi parce que les réseaux sociaux, en connectant les utilisateurs avec les autres, affichent par là des renseignements personnels sur les goûts de chacun, sur l’appartenance identitaire d’un individu, et sur la manière dont chacun compense « un manque de signaux non verbaux » en créant de nouvelles interactions sociales.
Deux études ont permis d’arriver à ces conclusions. Des chercheurs de l’Université Northern Illinois, l’Université d’Evansville et l’Université d’Auburn, six professionnels des ressources humaines ont évalué un échantillon de 500 personnes sur cinq traits de personnalité – les « Big Five » – et ce uniquement à travers l’analyse de leurs profils de réseaux sociaux. En travaillant moins d’une demi-heure par jour, avec une moyenne de 5 à 10 minutes par profil, ils ont déterminé cinq critères : la stabilité émotionnelle, la lucidité, l’extraversion, la convivialité, l’ouverture à de nouvelles expériences. Les participants ont ensuite été invités à s’auto-évaluer, et à faire un test de QI.
Forte corrélation entre les traits de personnalité et les profils Facebook
Six mois après l’expérience, les chercheurs ont demandés aux employeurs des participants d’évaluer leur rendement au travail. Ils ont constaté une forte corrélation entre les traits de personnalité exprimés par l’employeur et les évaluations faites grâce aux profils Facebook des candidats. Plus important encore, ils ont constaté que les évaluations Facebook étaient plus précises qu’un test de QI pour juger du rendement au travail d’une personne.
Par exemple, une personne en faiblesse émotionnelle se reconnaît dans le fait de publier du contenu intime quant à ses expériences personnelles ou ses émotions. Les personnes de confiance et sociables affichent elles plus de renseignements sur leurs goûts. Parler de ses goûts musicaux, artistiques, littéraires, ou poster des commentaires sur un groupe Facebook montre par ailleurs une personnalité ouverte, créative, avec une forte curiosité intellectuelle. Enfin, plus on a d’amis, plus on a de chance d’être perçu comme un extraverti.
Bien que cette étude se révèle utile pour les employeurs, Donald Kluemper, le chercheur principal de l’étude, a déclaré que ceux-ci doivent faire preuve de prudence, notamment d’un point de vue éthique. « Je n’irai pas jusqu’à dire que cette étude devrait être utilisée comme une raison suffisante pour utiliser Facebook dans le recrutement. » En effetaujourd’hui utiliser les informations d’un profil Facebook reste encore illégal. Ne serait-ce que pour y éviter la discrimination, car n’oublions pas que le sexe d’une personne, sa « race », son âge et autres signes distinctifs peuvent être visibles sur le profil Facebook d’un individu. Et pourtant, une étude (2011) par le service des médias sociaux Reppler révèle que 90% des recruteurs et RH utilisent les données Facebook pour juger d’un candidat à l’embauche.