Plus d’une année après les tragiques inondations, La lente renaissance de Ghardaïa

Plus d’une année après les tragiques inondations, La lente renaissance de Ghardaïa

L’avion a décollé de l’aéroport d’Alger vers Ghardaïa, à 19h15, avec un retard de trente minutes. Normal pour notre Compagnie nationale de navigation aérienne.

Le photographe et moi, avons occupé les deux derniers sièges, pour la simple raison : descendre en premier en arrivant.

Impatience et curiosité obligent ! Et quand nous sommes descendus de l’avion et avons foulé du pied le tarmac de l’aéroport «Noumerate-Moufdi Zakaria » de Ghardaïa, le jour pliait déjà ses bagages.

Il faisait déjà noir. Il était 20h30. Seuls devant la porte fermée de l’aéroport, nous avons tenté de bâtir une image de celui qui devrait nous accueillir et nous faire héberger, pour la première nuit, chez lui. Mais en vain, nos propositions étaient variées et divergentes. Une demi-heure d’attente, seuls devant l’immensité du noir, nous avons enfin rencontré Messaoud, un père de famille de 45 ans.

Quelques minutes plus tard, et on s’est retrouvé chez lui. La nuit ne fut pas longue. 7 heures du matin déjà. Du taxi qui nous conduit vers le centre-ville, les façades rouges des habitations et leur architecture splendide sollicitent immédiatement notre attention. Cette ville, carrefour commercial et économique séculaire, possède l’un des marchés les plus anciens en Algérie.

C’est à partir de ce «marché du Ksar», que notre course contre la montre a commencée. Il faut dire que se faufiler dans des passages étroits en côtoyant les maisons traditionnelles, ne fait qu’aiguiser notre esprit d’aventure et de découverte. Mais notre agenda, était déjà scellé : recueillir le maximum de renseignements, en vue de réaliser plusieurs reportages portant sur divers thèmes et plus particulièrement sur la gestion de l’après-inondations.

Flash back : un matin d’un certain 1er octobre de l’année 2008, l’Oued M’Zab est sorti de son lit après des pluies diluviennes emportant tout sur son passage. Selon un bilan officiel, pas moins de 43 personnes sont mortes et 700 autres blessées. Côté matériel, on dénombrait 2 370 habitations effondrées ainsi que 29 229 inondées. C’était un tsunami en plein Sahara.

SUR LES TRACES DU DÉLUGE

Face aux fresques horrifiantes que les crues avaient sauvagement griffonnées, en vue de cerner notre sujet, nous n’avions d’autre choix que d’essayer de faire parler les ruines ainsi que les rescapés de cette catastrophe. Pour ce faire, nous sillonnons les abords de l’Oued.

Il est vrai que les quartiers ne sont plus aujourd’hui qu’un champ de désolation qui a pris place au lendemain du désastre dont les signes indélébiles sont présents partout. Les maisons se relèvent progressivement. Les murs de soutènement implantés aux abords de l’Oued M’zab sont sur le point d’être achevés. Ils ont été réalisés de sorte à éviter de refaire les erreurs commises par le passé. Les travaux de goudronnage des différentes routes des alentours de l’oued étaient presque terminés.

Toutefois les traces de la catastrophe étaient encore présentes. Il est difficile de dire combien de temps faudra-t-il pour les effacer ? Si certaines demeures implantées sur les rives de l’Oued n’ont pas été emportées par la furie des eaux, elles risquent, à tout moment, de s’effondrer sous le poids des réminiscences qui sont devenues maintenant leurs nouveaux locataires.

Même si ces habitations peuplées par des âmes à corps égarés, s’exhument et se déterrent de manière progressive, elles ne retrouveront jamais leurs allures d’antan.

Elles étaient résistantes, indestructibles et insoumises face à un oued enragé, alors que ceux qui étaient leurs occupants, en tentant d’échapper aux déferlantes vagues, ont trouvé la mort embusquée juste au seuil de leurs demeures. Des familles entières ont été englouties par la boue.

À quelques mètres du siège de l’APC de Bounoura, des véhicules demeurent à l’heure actuelle partiellement ensevelis. Ils étaient dissimulés par des palmiers qui sont restés debout face au déluge. Ce que l’on peut dire compte tenu de ce que nous avons constaté durant notre virée de l’Oasis à El Atteuf, en passant par Beni Izguene, Sidi Abaz et Bounoura la dévastation a atteint une ampleur singulière.

«AUGMENTEZ LA CADENCE DES TRAVAUX», EXIGE LE WALI

Durant notre virée sur les rives, le hasard a voulu que nous rencontrions, à la rue du 5-Juillet à Sidi Abaz, le wali de Ghardaïa en pleine visite d’inspection des travaux de réhabilitation.

Il était en compagnie de son secrétaire général, du P/APC de Ghardaïa, du directeur de l’hydraulique ainsi que d’un responsable de la société Amenhyd. Cette entreprise est, en effet, chargée de baliser l’Oued M’Zab, pour un montant de 950 millions de dinars et sur une distance de 2 Kilomètres, du pont de la SNTV jusqu’au pont de Mélika.

Sur cette distance, il ne manque que quelques centaines de mètres pour mettre au point le projet dont le délai ne saurait excéder un mois. Les hauteurs des voiles solidifiant les berges étaient variables entre 6 à 9 mètres, et ce, en tenant en compte du cours de l’Oued.

Les voiles sont élevés, particulièrement, là où il y a un tournant. Nous avons voulu interroger le wali sur certaines questions inspirées par notre virée aux alentours de l’oued, mais le chargé de sa sécurité nous a empêchés. « Il peut vous accorder une interview à la fin de la visite d’inspection. Maintenant, laissez-le travailler, ne le dérangez pas », nous a-t-il lancé.

Durant la visite d’inspection, le directeur de l’hydraulique a soulevé le problème d’évaluation des opérations d’expropriation de certaines demeures construites sur les rives de l’oued. Selon lui, certains propriétaires exigent des sommes beaucoup plus supérieures à la valeur effective de leurs propriétés. « Vous revoyez les estimations des domaines dans les plus brefs délais et vous offrez à tout un chacun son dû.

Pas plus, et pas moins », insistera le wali Yahia Fahim, en s’adressant à son secrétaire général et au directeur de l’hydraulique. En longeant l’Oued dans la partie qui n’était pas encore balisée, nous avons constaté que des agrégats, des blocs ainsi que des restes de l’ancien réseau d’assainissement entravaient considérablement dans certains endroits le lit de l’Oued.

Arrivée sous un ancien pont, la délégation wilayale s’arrêta subitement. Yeux levés, tout le monde scrutait le pont, mais sans que le moindre mot ne soit prononcé. Comme s’ils cherchaient à ordonner des idées dispersées probablement par l’ampleur du désordre dans lequel se trouvait cette partie. Une voix hésitante s’est élevée derrière nous.

C’était celle du chef du projet, Boufenar Salah, de la société Amenhyd : « Les ponts relèvent du secteur des travaux publics. Ils ne sont pas de notre ressort.» Selon le directeur de l’hydraulique, les anciens ponts et passerelles traversant l’oued ne répondent pas aux normes actuelles. Ce qui pourrait constituer une entrave à l’avancement des travaux de balisage de l’oued.

Sur ce, le wali lui a exigé de constituer, dans les plus brefs délais, un dossier consistant et le déposer au niveau du ministère des Finances, à Alger, en vue d’obtenir une enveloppe financière spéciale pour la reconstruction de ces ponts.

Le wali Yahia Fahim, durant le petit parcours que nous avons fait avec lui et sa délégation, n’arrêtait pas d’insister sur l’accélération du rythme des travaux. «Augmentez la cadence des travaux, la nature peut devenir hostile à tout moment», exige t-il, sur un ton clair et ferme, aux responsables qui l’accompagnaient.

Au terme de cette brève visite d’inspection des chantiers, le wali s’excusa de ne pas pouvoir répondre à nos questions et ce, pour manque de temps, toutefois, son chef de Cabinet nous a invité à nous rapprocher du siège de la wilaya, l’aprèsmidi, et nous a promis de nous ouvrir tous les bureaux des responsables concernés par le dossier des inondations.

QUAND LES RESPONSABLES ÉVITENT LA PRESSE

Nous avons franchi l’entrée principale du siège de la wilaya à 14h30. Tous les postes de contrôle étaient avertis de notre arrivée. Nous avons dû patienter une heure dans la salle d’attente du bureau du délégué chargé de la sécurité, avant notre transfert vers celle du chef de cabinet.

Il est déjà 16h sans que personnes ne nous reçoivent. Soudain, le téléphone sonna. Une minute après, l’appariteur est venu nous annoncer que le chef de cabinet ne pouvait pas nous recevoir.

« Il est en réunion très urgente. Il a sollicité votre numéro de téléphone. Il va vous appeler demain pour discuter avec lui de telle sorte à ne pas perdre du temps dans les salles d’attente comme aujourd’hui », dira t-il. Le responsable en question a dû oublier sa promesse.

Le lendemain, il ne nous a pas appelés. Signalons que pour la prise en charge des sinistrés en matière de logements, des indemnités et la réhabilitation de ce qui a été endommagé par les inondations, une enveloppe de 4 000 milliards de dinars à été octroyée à la wilaya de Ghardaïa. Un peu plus d’une année après la catastrophe, Ghardaïa a-t-elle tiré un bilan positif de l’aide apportée aux victimes ? Est-ce que toutes les victimes ont été prises en charge?

Pour tirer au clair toutes ces interrogations, il suffit de se rapprocher des personnes les plus concernées, à savoir, les sinistrés. Car, il est clair pour tout le monde que la mauvaise gestion du budget alloué serait une bourde humaine de plus qui s’ajoutera à celles qui étaient derrière l’ampleur des dégâts de la catastrophe.

DES SINISTRÉS EXIGENT UNE COMMISSION DE CONTRÔLE

Le ras-le-bol social est perceptible chez certains citoyens déclarés pourtant sinistrés. Rencontrés à la salle de cinéma de Ghardaïa, à l’issue d’un tirage au sort qui devrait identifier les 39 bénéficiaires de parcelles de terrain dans le cadre du logement social au niveau de Oued N’Chou. Ces « attristés » se sentent trahis et atteints dans leur profonde dignité. Que leur répondent les autorités locales ? Un tas de paperasse qu’il faut préparer.

Les dossiers passent par un engrenage administratif qualifié par les sinistrés de labyrinthe où plusieurs fois ils finissent par s’égarer. Pire encore, certains disent que le budget alloué à la prise en charge des sinistrés et à la réhabilitation a été mal géré.

Ils réclament une commission qui serait placée sous l’égide des hautes autorités en vue de suivre et de contrôler la gestion de l’après-inondations. Pour exprimer un tel besoin aussi légitime que pertinent, la situation que vivent ces rescapés, ne peut être que préoccupante.

Des erreurs techniques, administratives et des bourdes d’évaluation ont été commises au détriment du sinistré. « Le contrôle technique de la construction (CTC) avait classé ma demeure «orange 4» et pour postuler à un logement public locatif, j’ai refait mon dossier quatre fois.Pourquoi ? Parce que mon dossier s’est égaré au niveau de la Caisse nationale de logement. C’est déraisonnable», déplore Amara, rencontré à El Atteuf assis par terre et adossé à un mur effondré ou ce qu’il en reste.

« Notre maison était classée « orange 3 ». Celle de mon voisin était classée «orange 4 » alors qu’elle était moins détériorée que la notre. Nous n’avions pas compris et jusqu’à maintenant les critères de classification du CTC.

Entre une construction partiellement ou gravement détériorée, la différence saute aux yeux, non ?», ajoute son compagnon qui ne cesse d’indiquer du doigt l’empreinte des eaux boueuses sur les murs extérieurs de la petite ville.

CERTAINS PRÉFÈRENT LEURS ANCIENNES DEMEURES

Un bon nombre de sinistrés sont dans une situation aussi difficile qu’ils n’ont eu le choix que celui de regagner leurs anciennes habitations. Agacés par une mauvaise gestion de l’après-inondations conjuguée à leur inconscience du danger qu’ils encourent eux et leurs familles, des citoyens ont rejoint leurs habitations après les avoir rénové.

Ils sont unanimes à dire qu’ils sont maintenant confiants après la construction de trois barrages dans la vallée qui devront stopper les eaux des oueds en provenance des Hauts-Plateaux qui, en aval, débordent sur la région de Ghardaïa.

Abdelhamid propriétaire d’une quincaillerie au Centreville et habitant l’oasis, «El Ghaba», une des régions les plus dévastées car au moment des inondations, l’eau avait atteint des hauteurs inouïes, a préféré retourner dans sa demeure classée pourtant, «orange 4».

Il explique les raisons : «Après l’accalmie, j’étais préoccupé par la récupération de mes objets personnels non engloutis par les eaux et la boue. J’ai rénové une bonne partie, notamment, la cave et le rez-de-chaussée.

Durant toute cette période, j’étais hébergé chez mon frère à Bounoura et entre-temps, des indus sinistrés se hâtaient de partout en vue de tirer profit de la situation. Ils ont pris des chalets à Oued N’Chou. J’ignore comment ils ont fait.»

Ce sinistré qui dit qu’il a essuyé une perte sèche de 600 000 dinars au cours des inondations, a déboursé plus de 120 000 dinars pour la réhabilitation de sa maison et, jusqu’à maintenant, il n’a pas été indemnisé. « Si je suis retourné à mon ancienne demeure, c’est uniquement parce que je n’avais pas d’autre alternative. J’ai préparé un dossier et je l’ai déposé à la CNL et j’attends toujours la réponse.»

Pire encore, il y a d’autres citoyens qui refont les mêmes erreurs commises par le passé. Ils continuent de construire des habitations à la limite des oueds. Alors que la législation algérienne en vigueur en matière de construction est catégorique. Elle interdit toutes constructions aux abords des oueds.

SOUVENIRS D’UN TÉMOIN OCULAIRE

Par ailleurs, il est utile de mettre en évidence dans des catastrophes de telle envergure, il y a toujours des conséquences à long terme.

Il est vrai qu’une partie des rescapés s’en sortent relativement sains et saufs, il n’en demeure pas moins que d’autres s’en tirent nettement moins bien et peinent à surmonter les situations de peur dramatiques qu’ils ont vécues durant ces inondations.

Mustafa, un jeune chômeur de 32 ans, rencontré à la sortie du siège de la wilaya, lui n’a pas voulu nous parler du présent. Il vit toujours en 2008. Le 1er octobre est une journée qui ne s’achève jamais.

«C’est un jour que je ne pourrais jamais enterrer. J’ai perdu des amis, des voisins et des proches. C’était terrible. Les gens montèrent au plus haut coin de leurs maisons pour se protéger. Quand les eaux grignotèrent les murs d’en bas. Les bâtisses s’effondrèrent entraînant avec elles des familles entières. Je revois chaque jour cette horrible image », raconte-t-il.

RELOGEMENT DES SINISTRÉS : ENTRE SCEPTICISME ET SATISFACTION

Au cours de la visite du chef de l’État effectuée quelques mois après les inondations, environ 3 000 chalets ont été implantés dans les localités de Bouhraoua et de Oued N’Chou. Dans la hâte, plusieurs sinistrés ont préféré s’y loger et au fil du temps des carences surgissent.

Slimane, retraité de 69 ans, a déploré la vétusté et l’étroitesse des chalets implantés au niveau de Oued N’Chou. «De l’extérieur, ils paraissaient neufs, mais dès que les premières pluies sont tombées, il s’est avéré que leur grande majorité avait des plafonds troués.

En plus de ça, expliquez-moi comment une famille nombreuse, comme la mienne, peut vivre dans deux chambres extrêmement exiguës ? », se demande-t-il. Certains sinistrés qui ont trouvé que les chalets étaient incompatibles avec le nombre de leurs familles, se sont orientés vers la location chez des particuliers.

D’autant plus, il a été décidé que toutes les familles touchées par les inondations, ayant décidé de se reloger elles-mêmes, en recourant à la location, auront droit à une prime de 12 000 DA par mois.

Même les familles ayant été relogées par leurs proches toucheront aussi cette prime. Après les trois premiers mois, les autorités locales ont tenu leurs promesses. Mais depuis, cette aide a été bloquée et ce, jusqu’à présent. « J’ai revendiqué mon dû à maintes reprises au service concerné à l’APC et mes requêtes demeurent à ce jour lettre morte », nous a informé Aïssa un des rescapés d’El Ghaba.

En termes de relogement, bon nombre de sinistrés dont les habitations étaient classées « rouge 5 », et relogés dans des chalets au niveau du site de Bouhraoua «I» et « II », ont préféré bénéficier d’une aide de 70 millions de centimes destinés à l’auto-construction. Cependant, ces derniers n’ont pas trouvé des assiettes foncières sur lesquelles ils peuvent ériger leurs nouvelles bâtisses.

Comme ultime recours, Ils réclament la suppression des chalets en question et leur permettre de construire leur maison à la place. Mais, leur revendication demeure insatisfaite. Par ailleurs, ils ont tous accordé leurs violons en qualifiant les conditions d’hébergement d’adéquates au niveau des chalets de Bouhraoua.

Selon des bénéficiaires, rencontrés au niveau du siège de la Ligue locale des associations de quartiers de Ghardaïa, où des listes des anciens bénéficiaires de logements ou d’indemnités étaient toujours collées aux murs, ces chalets sont dotés de toutes les commodités. Brahim un des agriculteurs touchés, nous dit qu’« actuellement la situation a grandement changé.

Elle s’améliore progressivement. J’ai perdu beaucoup durant ces inondations, mais Dieu merci, j’ai été indemnisé jusqu’ au dernier sou.» En contrepartie de toutes les lacunes dont souffrent les sinistrés, il faut dire que les pouvoirs publics ont fourni d’énormes efforts en vue de rétablir la situation et endiguer les traces de la pire catastrophe naturelle des temps modernes qu’a connue cette région.

Selon des chiffres officiels confiés à la presse, durant la célébration du 1er anniversaire des inondations, 2 000 logements publics locatifs (LPL) et 3 000 ruraux destinés au relogement définitif des sinistrés des inondations, sont en cours de réalisation.

Ces logements devront être livrés aux bénéficiaires avant la fin de l’année 2009. Si le site de Bouhraoua est sur le point d’être achevé, ceux de Oued N’Chou tarderont à sortir de leur maquette. Les travaux connaissent un rythme extrêmement lent.

Au volet agricole, une enveloppe estimée à 310 millions de dinars a été débloquée par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural pour assister les agriculteurs touchés par les inondations. Ainsi, environ 2 750 fellahs avaient bénéficié d’une aide pour relancer l’activité agricole et l’élevage dans les 9 communes sinistrées.

H.M.