Aujourd’hui, c’est le 31 mai. Une date comme une autre ? Pas du tout ! Il y a 3 ans à cette même date a débuté le remboursement anticipé de notre dette extérieure. Un évènement qui fera désormais date dans notre histoire tant il nous aura libérés d’un étau qui nous enserrait dans nombre de nos actes liés à notre souveraineté.
Ceci pour l’époque. Plus tard et avec la crise financière puis économique qui frappe actuellement le monde, ce remboursement anticipé nous confère une réelle liberté d’action dans nos choix économiques. Un rappel de la situation s’impose.
En 2000, la dette extérieure algérienne s’élevait à 40 milliards de dollars tandis que son service représentait 30% des recettes de nos exportations. En 2004, la dette était ramenée à 19 milliards de dollars et son service représentait 18% de nos recettes.
De 2000 à 2004, ce sont donc quelque 21 milliards de dollars de la dette principale qui ont été remboursés. Comme cela fut le cas depuis les années 80. Pour se faire une idée, de 1985 à 2005, soit sur 20 ans, l’Algérie a dû rembourser au total près de 84 milliards de dollars du principal et, tenez-vous bien, 34 milliards de dollars pour le service ou si vous voulez les intérêts.
34 milliards de dollars partis en fumée. Comme un pourboire. Que n’aurait-on pu faire avec cet argent? Chaque année il nous fallait débourser en intérêts près de 4 milliards de dollars. C’est dans ce contexte qu’en 2005, le président de la République Abdelaziz Bouteflika, faisant fi des avis contraires de beaucoup d’experts, décide le remboursement anticipé de la dette.
La demande est introduite auprès du Club de Paris qui regroupe 19 pays dont 17 étaient des créanciers de notre pays. Le jeudi 11 mai 2006 à minuit, l’accord est paraphé par les représentants des 19 pays membres du Club de Paris. Un accord qui permet des accords bilatéraux avec chaque pays membre du Club sur le remboursement au cas par cas de cette dette.
L’accord prévoit que «les opérations de remboursement anticipé se dérouleront sur une base volontaire entre le 31 mai 2006 et le 30 novembre 2006, après signature d’accords bilatéraux». Sans plus attendre, l’Algérie signe le premier accord bilatéral avec la France une semaine plus tard. Les autres accords se succéderont à rythme soutenu.
Avec l’Allemagne, l’Autriche, les Etats-Unis, la Belgique, le Canada, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, le Japon, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suisse. Le 15 novembre 2006, au terme fixé par l’accord avec le Club de Paris, le dernier accord bilatéral est signé avec l’Allemagne. Ainsi donc, la dette extérieure venait d’être en partie remboursée par anticipation.
Restait plus qu’à entamer la même procédure avec le Club de Londres où le poids de la dette est moindre. Ce qui fut fait. Seuls quelques créanciers privés subsistent. Aujourd’hui, 3 ans après, notre pays est libre de ses mouvements au point que lorsque le directeur général du FMI entreprend une tournée au Maghreb, comme ce fut le cas il y a peu, l’étape d’Alger est sautée. Plus rien à réclamer. Plus rien à dicter non plus.
Ce n’est pas tout. Après la dette extérieure, le président a instruit le gouvernement de faire de même pour la dette interne estimée à 1779 milliards dinars à fin décembre 2006. «Cette dette va baisser, dans les prochains jours avant la fin novembre 2007, d’environ 600 milliards de dinars, essentiellement des avances de la Banque d’Algérie, qui ont permis le remboursement de la dette extérieure», a souligné le directeur général du Trésor.
Il est vrai que le désendettement a été possible grâce à l’embellie financière due à l’époque aux prix avantageux du baril du pétrole. Cela n’enlève rien à la justesse de vue du président de la République qui a su profiter de cet avantage pour nous débarrasser d’un boulet lourd, très lourd que nous avons traîné des décennies durant.
Il faut se souvenir du début des années 90 où, à cause de notre endettement, il nous fallait supporter le diktat des créanciers à un point tel que pour faire passer la pilule auprès de l’opinion nationale, on en était réduit à changer de terminologie pour dire la même chose. On disait réajustement au lieu de rééchelonnement avec l’espoir d’enlever toute connotation de dépendance vis-à-vis de l’étranger.
N’était dupe que celui qui le voulait. Un chat restera un chat même si l’on ajoute qu’il est domestique.
Il n’est pas inutile de rappeler tous ces faits pour mieux apprécier la chance que nous avons aujourd’hui de nous mouvoir sans aucune bride sur le cou. Sans le remboursement anticipé, le Plan d’action établi par le gouvernement pour la mise en oeuvre du programme présidentiel aura été obligatoirement au préalable discuté avec les créanciers. Nos députés n’en auraient pris connaissance qu’après les usuriers.
On ne mesurera jamais assez toute la portée et toute l’importance de ce remboursement sur la vie économique actuelle du pays. Voilà en quoi le 31 mai sera une date qui restera gravée dans notre histoire. Grâce à un homme qui a agi seul contre tous.
Cet homme, le président de la République, n’est pas à remercier car comme on dit chez nous: «La Choukr Aâla Ouadjab», qui veut dire qu’«on ne remercie pas quelqu’un qui a fait son devoir». Mais, pour l’avoir bien fait, ce devoir, l’envie de lui dire: «Merci! Monsieur le Président», est plus forte.