Plus de 90 % des produits contrefaits sur le marché algérien: La mort sur les étals

Plus de 90 % des produits contrefaits sur le marché algérien: La mort sur les étals

La santé des consommateurs dépend à la fois de la rigueur des services de la répression des fraudes et de la vigilance des consommateurs. Sauf que, face au déferlement sans précédent de produits alimentaires périmés et cosmétiques contrefaits, les pouvoirs publics devraient agir avec plus de fermeté au niveau des frontières et sur les étals des commerçants informel.

Plus de 90 % des produits contrefaits et périmés vendus sur le marché algérien sont importés par des commerçants informels, a révélé M. Boulenouar Hadj Tahar, le porte-parole de l’Union nationale des commerçants et artisans algériens UGCAA.



Joint hier par nos soins, le porte-parole de l’UGCAA a indiqué que 15 % des produits pharmaceutiques sont contrefaits, 40 % pour la cosmétique, 60 % pour le tabac et 30 % pour l’électroménager. «Le marché informel cause un préjudice financier de plus de 300 milliards de dinars par an.

Sans parler du danger que représentent les produits contrefaits sur la santé du consommateur», souligne M. Hadj Tahar Boulenouar, qui estime à plus de 1,5 million le nombre de personnes qui s’adonnent au commerce informel contre 1,4 million de commerçants inscrits au registre du commerce.

Il a indiqué en outre que la quantité des produits contrefaits et périmés qui envahissent le marché algérien dépasse les 50 000 tonnes. Ce phénomène, souligne notre interlocuteur, touche d’une façon plus dangereuse les régions éloignées du fait «d’un manque de précautions», contrairement aux grandes villes «où il existe une culture de consommation».

Les cas d’intoxications enregistrés sont de l’ordre de «12 par jour, ce qui est loin de la norme internationale», car, ajoute M. Boulenouar, «une dizaine de cas par mois dans les pays développés suffisent pour tirer la sonnette d’alarme». Les chiffres avancés en matière d’intoxication sont, selon M. Boulenouar, loin de la réalité car, constate-t-il, «l’Algérien n’ayant pas cette culture de la consultations médicale se contente de quelques remèdes traditionnels ou, tout simplement, meurt dans le silence total».

Pour faire face à ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur, et pour éviter d’autres cas d’intoxications alimentaires, le ministère du Commerce a décidé de recourir à la sensibilisation des citoyens. Il s’agit d’envoyer des messages sur les téléphones portables pour inciter les consommateurs à éviter d’acquérir des denrées alimentaires périssables vendues sur la voie publique.

Recul des pouvoirs publics devant l’informel

L’Algérie compte actuellement près d’un million de commerçants illégaux. Leur nombre était de 600 000 à la fin de 2010 et il a augmenté de 400 000 cette année. Cette augmentation est, selon M. Boulenouar Hadj Tahar, l’effet de la décision prise par le gouvernement après les événements qu’a connus le pays depuis le début de l’année en cours, de ne pas s’attaquer à l’informel.

«La décision d’utilisation du chèque dans toute transaction équivalente ou supérieure à 500 000 DA, qui devait entrer en vigueur à partir du 1er avril, a été annulée.

Les pouvoirs publics ont décidé donc de fermer les yeux», a indiqué M. Boulenouar, qui appelle les pouvoirs publics à mettre plus de pression sur les commerçants informels et à prendre des décisions courageuses pour protéger l’économie.

Selon lui, il y a plus de grossistes illégaux que de mandataires ayant un registre du commerce. Le nombre de ces derniers, dit-il, avoisine le million à l’échelle nationale.

Lynda Louifi