Plus de 86 % des articles saisis par les différents services des douanes algériennes en 2010 concernent les articles de sport, indique hier un bilan de ces services. Une situation qui a pour origine un événement tant attendu par les Algériens: la qualification de l’Équipe nationale à la Coupe du monde.
Au total, 329 190 articles de sport (vêtements et chaussures) ont été saisis durant l’année précédente par les services des douanes algériennes, soit 86,68% de l’ensemble des produits contrefaits saisis.
Selon les explications de la direction générale des douanes (DGD), cette hausse «spectaculaire » des articles de sport contrefaits est due à la «forte» demande nationale sur les produits dérivés «Coupe du Monde» suite à la qualification de l’équipe nationale à cette joute internationale. Une qualification obtenue de haute lutte après un match d’appui à Khartoum face à l’Égypte. Quelques jours auparavant, le bus de l’équipe nationale a été caillassé par des supporters égyptiens.
La situation était tendue entre les deux galeries, notamment, après que l’incident soit politisé et entretenu par des médias et des hommes politiques égyptiens qui n’ont pas cessé d’attaquer l’honneur des algériens et dénigrer l’image, et ce qui devait être une rencontre sportive, s’est vite transformée à une crise politique entre les deux pays.
En outre, la qualification de l’équipe nationale en Coupe du monde a été un événement attendu après une absence de vingt-quatre ans et des échecs retentissants et consécutifs du onze national.
Tout cela a été d’un important apport pour encourager les fournisseurs de la contrefaçon à mettre le marché algérien dans leur viseur et tenter de l’inonder par de faux produits dérivés de cet événement plantaire de manière générale et des articles de sports en relation avec l’équipe nationale en particulier. Mais le bilan de la Dgd sur la contrefaçon ne se limite pas seulement à ce type de produits. D’autres secteurs en souffrent.
Les produits électroménagers contrefaits de tout genre occupent la deuxième position avec 9,54% (36 228 produits), suivis des pièces de rechange automobiles avec 3,46% (13 130 produits) et les produits de quincaillerie avec 0,32% (1 220 produits), précise la DGD.
Plus de 1,6 million d’articles contrefaits ont été saisis par les services des douanes algériennes en 2010, selon l’inspecteur divisionnaire de la direction générale des douanes, Hannoun Mokrane, relevant que le pic avait été enregistré en 2008 avec 2,3 millions d’articles contrefaits.
Les produits contrefaits et saisis par les douanes proviennent de la Chine avec 72,52 %, la Corée du Sud (20,63%), les Emirats Arabes Unis (3 %), Hong Kong (2,4%), Malte (0,8%) et la Turquie avec 0,7%, selon les données de la DGD. Pour les pays d’origine des produits saisis, selon les statistiques des douanes, la Chine occupe toujours la première place avec 94,04%, la Turquie étant en seconde position avec 2,98%.
Les produits originaires de France, Hong Kong et la Corée du sud constituent ensemble 3% des saisies en 2010. En Algérie la cartographie du phénomène, qui ne cesse de prendre de l’ampleur, est toujours la même avec la Chine comme premier pays de production et de provenance de la contrefaçon. Néanmoins, ces trois dernières années, d’autres pays européens apparaissent comme pays de provenance de la contrefaçon, comme la Turquie et Malte, selon les douanes.
En 2010, la Corée du Sud apparaît dans cette cartographie comme pays d’origine et de provenance et Malte et Dubaï demeurent les ports de transbordement pour la plupart des navires en provenance de la Chine et à destination de l’Algérie, relèvent les douanes. Face à la recrudescence du phénomène de la contrefaçon, l’économie nationale risque de s’étouffer et voir tout effort de développement anéanti.
Les dégâts sont indubitablement considérables, à l’aune de l’accroissement rapide du marché informel qui dangereusement ne cesse d’absorber toute activité commerciale régulée. Afin de lutter plus efficacement contre ce phénomène, les douanes ont engagé des mesures qui s’articulent particulièrement sur la coopération avec les titulaires de droits de propriété intellectuelle (DPI) et la formation.
L’administration des douanes s’est attelée à instaurer un partenariat avec les sociétés détentrices de DPI, à travers la signature de plusieurs protocoles d’accord en 2010. Il s’agit de trois protocoles d’accords qui ont été signés entre les douanes et des sociétés étrangères (le groupe Impérial Tobacco limited, Legrand et Schneider életric). Ces protocoles d’accords visent à renforcer la coopération en matière de renseignement, de formation et d’assistance dans le domaine d’expertise des produits de ces sociétés.
Par ailleurs, des douaniers ont bénéficié de cycles de formation qui ont été assurés par certains titulaires de droits de propriété intellectuelle, dans le but de les spécialiser dans le domaine de la recherche et de répression de la contrefaçon et pour la mise en place dans les principaux points d’entrée de marchandises de cellules spécialisées dans la lutte contre ce phénomène.
Le champ d’intervention des douanes, qui était limité aux produits d’importation et aux produits sous surveillance douanière, a été élargi à toutes les marchandises soupçonnées d’être contrefaites dans l’ensemble du territoire (douanier) national et aussi ceux destinés à l’exportation. Les personnes impliquées dans les imitations frauduleuses encourent des amendes égalant 1 fois la valeur du produit confisqué et une peine d’emprisonnement de 2 à 6 mois.
Hamid M