Car même si l’islam n’interdit pas les baignades durant le mois sacré — à condition toutefois de respecter certaines règles —, les Algériens sont pourtant réticents pour se jeter à l’eau malgré le feu vert accordé par les imams des mosquées.
« C’est une question de principe. Au lieu d’aller à la plage, je préfère plutôt consacrer mon temps à faire la prière et à lire le Coran. Au pire, je me tape une bonne sieste », nous confie Salim, un jeune ingénieur en informatique qui a pris son congé depuis une dizaine de jours.
Ce qui n’est pas le cas pour beaucoup d’autres personnes qui estiment que carême et baignade ne sont pas incompatibles et peuvent faire bon ménage pour peu, soulignent-ils, de ne pas faire fi des règles d’usage et d’adopter certains comportements tels le respect de la tenue de baignade ou encore nager avec retenue pour éviter toute mauvaise surprise. « Je ne vois pas où est le problème ? », s’interroge Abderazak qui préfère cependant les criques de la Pointe Pescade (Raïs Hamidou) et autres endroits escarpés dominés par les rochers. « L’essentiel est de ne pas tomber dans l’illicite », ajoutera-t-il.
Du côté des hommes de religion, les imams confirment qu’il n’est pas prohibé d’aller à la plage mais recommandent néanmoins de s’en s’abstenir. « Certes, ce n’est pas un péché mais le bon sens recommande en ce mois sacré de mettre à profit ces précieux moments dans les croyances. La plage peut attendre », affirme le sous-directeur au ministère des Affaires religieuses, chargé de l’enseignement coranique. Mais quoi qu’on en dise, la baignade est officiellement autorisée durant le mois de Ramadhan. Preuve en est, les maîtres-nageurs de la Protection civile sont présents quotidiennement sur les plages et accomplissent leur mission le plus normalement du monde.
Et selon justement les statistiques de la PC, l’on compte depuis le premier jour du mois sacré, soit le 1er août, plus de 800.000 estivants qui ont fréquenté les plages d’Algérie, dont deux d’entre eux sont malheureusement décédés par noyade. L’un s’est noyé le 5 août dernier à Aïn-Temouchent où il s’est adonné aux plaisirs de la baignade dans une plage surveillée mais en dehors des heures de surveillance, tandis que la seconde victime a été emportée par les vagues dans une zone rocheuse interdite à la baignade, sise à Aïn-Benian (Alger), qui s’est offert un bain de nuit lors de la soirée du 20 août, avant de disparaître. Son cadavre a été repêché le lendemain, de bon matin.
Par wilaya, la palme revient à Béjaïa (105.000), suivie de sa voisine Jijel (100.000) et de Tlemcen avec 98.000 estivants.
Les maîtres-nageurs ont effectué au total 370 interventions qui ont permis de sauver 60 baigneurs d’une mort certaine, alors que 290 personnes ont été soignées sur place et 22 ont été évacuées vers les structures sanitaires.
Les noyades dans les réserves d’eau sont néanmoins plus importantes et à ce sujet, l’on compte en moyenne un mort par jour depuis le début du mois de Ramadhan, a-t-on appris auprès de la cellule de communication de la Protection civile.
S. A. M.