Les syndicalistes pointent du doigt la problématique de la surcharge des classes et le manque d’infrastructures au-delà des revendications sociales. La ministre de l’Éducation nationale, Nouria Benghebrit, a affirmé, mercredi dernier, que la prochaine rentrée scolaire “se déroulera normalement” grâce à la mobilisation d’importants moyens matériels et humains.
Les certitudes de la ministre ne semblent pas être partagées par les syndicats autonomes du secteur de l’éducation. Ils s’accordent tous à dire que l’année scolaire dure de septembre à mai et qu’il ne suffit pas d’assurer une rentrée dans le calme, mais d’avoir une année scolaire normale.
Ce qui n’est pas vraiment évident. Joint par téléphone, Messaoud Boudiba, responsable de communication du Conseil national des professeurs du secondaire et technique, affirme que “cette rentrée n’a rien de spécial du fait que rien n’a changé par rapport à l’année précédente”. Le syndicaliste assure que “les problèmes et le climat sont les mêmes. Nous souffrons toujours de la surcharge des classes, du manque d’infrastructures, d’établissements, d’encadrement administratif, éducatif et pédagogique”. Selon le porte-parole du syndicat, cette année scolaire risque, aussi, d’être perturbée par des mouvements de protestation.
Pour M. Boudiba, la surcharge des classes qui perdure est également un facteur de tension. Le syndicaliste met l’accent sur la lenteur de la tutelle à répondre à leur plateforme de revendications, ce qui, à ses yeux, est de nature à pousser les enseignants à renouer avec la protestation. Même son de cloche chez Meziane Meriane, secrétaire général du Syndicat national des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), qui pointe du doigt plusieurs défaillances pour cette rentrée scolaire 2014-2015.
“Au-delà du manque d’infrastructures, le recrutement s’est effectué sur le tas sans tenir compte des capacités des postulants du côté psychologique et pédagogique, étant donné qu’ils n’ont reçu aucune formation”, a dénoncé le syndicaliste. Pour ce dernier, “pour exercer en tant que médecin, il faut avoir le diplôme dans le domaine, mais malheureusement pour enseigner, on n’exige pas de diplôme d’enseignant !
Les écoles qui formaient les enseignants dans le passé ont disparu”, a-t-il souligné, avant de regretter “le retard dans la réalisation des infrastructures qui a produit la surcharge des classes où 40 à 45 élèves y sont entassés”. M. Meriane poursuit en s’interrogeant : “Comment voulezvous appliquer la pédagogie différenciée qui s’adapte à chaque enfant ? Comment voulez-vous appliquer une pédagogie de l’aide et de la remédiation qui soutient ceux qui en ont besoin au moment où ils en ont besoin ?” Le syndicaliste rappelle que, lors de la rentrée scolaire 2012-2013, il y avait 609 lycées en construction.
“Pour la majorité d’entre eux, les travaux datent depuis 2005, et certains depuis 2003 ! L’arrivée des deux promotions de l’ancien système et du nouveau système a créé un embouteillage monstre dans les lycées pour les classes de 1re année secondaire”, a encore alerté le syndicaliste. Et d’ajouter : “Cette année, c’est aux classes de terminale de souffrir de ce manque d’infrastructures sachant qu’il n’y a réception que de 125 lycées.” Sur le plan des revendications, le syndicaliste a affirmé qu’“il n’y a qu’une seule revendication satisfaite, celle qui permet aux professeurs principaux et formateurs de postuler pour le concours de proviseur ou bien d’inspecteur”.
Concernant les primes et les indemnités du Sud, M. Meriane a indiqué que les enseignants continuent toujours d’être payés par rapport à l’ancien salaire de base. “C’est une aberration”, a-t-il dit, avant de préciser que “les enseignants du technique souffrent par rapport à leur situation, à savoir la non-prise en charge de la gestion de leur carrière, ajouté à cela la suppression de l’enseignement technique dans le secondaire. Ces deux revendications nous tiennent beaucoup à coeur et c’est pour cette raison que nous pronostiquons que l’année scolaire 2014-2015 risque de ne pas connaître de stabilité”.
De son côté, Messaoud Amrioui, chargé de communication de l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (Unpef), a annoncé que si la situation du secteur va demeurer la même d’ici à la fin du mois de septembre et que le syndicat réunira le conseil national pour discuter de la marche à suivre.
Pour M. Amrioui, en plus des problèmes propres au secteur de l’éducation, un autre facteur pourrait perturber l’année scolaire. “L’élaboration du nouveau code du travail qui se déroule sans notre participation est inadmissible. Le ministère du Travail nous a exclus. L’UGTA est son seul interlocuteur. Devant cette situation, nous rejetons et nous nous opposons au nouveau code, avant même sa parution”, a-t-il conclu.
Djazia Safta