Les services de la police judicaire ont enregistré 8 748 cas de violences contre les femmes l’année dernière. Les associations appellent à la mise en place d’un texte législatif particulier pour la protection des femmes.
L’association Rachda qui a organisé, hier, une journée de sensibilisation contre les violences à l’égard des femmes, estime que la législation actuelle ne protège pas assez la femme. Les articles visant directement les violences à l’égard des femmes, dit-elle, sont dispersés dans le code pénal.
Un code, estime-t-elle, qui nécessite une révision en vue d’adapter les infractions existantes et «combler les lacunes», puisque, selon elle, l’absence d’une protection suffisante dissuade les femmes violentées à porter plainte contre leurs agresseurs. Le professeur Merrah, médecin-légiste, a indiqué qu’en 2012, les consultations pour violences conjugales ont représenté 28% du nombre global des consultations.
La majorité des victimes sont âgées entre 21 et 45 ans et 68% des cas ont une moyenne d’âge de 35 ans et à l’extrême de 19 à 66 ans. Ces femmes, dit le médecin-légiste, ne viennent consulter qu’après le 3e jour car elles sont empêchées de quitter le domicile. Les blessures sont en général, explique-t-elle, des ecchymoses, des hématomes, des plaies, des fractures ou des brûlures. Cependant, ces cas ne vont pas au-delà du constat médical puisque dans 70% des cas, explique ce médecin, les femmes ne portent pas plainte. Les principales causes de ces violences, poursuit-elle, sont la drogue, l’alcool, les difficultés financières, les troubles psychologiques, les problèmes sexuels et l’infidélité. Le médecin appelle, par ailleurs, à la mise en place de structures d’accueil et d’accompagnement et dénonce l’absence de la discipline de la thérapie de couple. Ainsi donc, les services de la DGSN, dans leur bilan de l’année passée, ont enregistré 8 748 cas de femmes ayant été violentées dont 6 446 ont subi des violences physiques, 1 928 de mauvais traitements, 294 de violences sexuelles, 43 harcèlements et 5 cas d’inceste. Les mêmes services expliquent que 46% des cas de violences se font en dehors du milieu familial et 46% se font au sein du domicile familial, 31% dans la rue et 13% dans les quartiers.
23 % de femmes sont violentées par leur époux, 7% par leur fils, 5% par leurs frères, 3% par leurs amants, 0,32% par leurs fiancés, 0,6% par leurs pères et 13% par leurs oncles. La tranche d’âge, ajoute-t-on, varie de 19 à 75 ans. La tranche entre 26 et 35 ans vient en première position avec 2 574 cas et 1 945 cas sont âgés entre 19 ans et 24 ans. Ils précisent que 842 cas sont des femmes mariées et 2 200 sont célibataires.
Salima Akkouche