Plus de 74% des Algériens recrutés par ce procédé, Le piston : un mal à combattre ?

Plus de 74% des Algériens recrutés par ce procédé, Le piston : un mal à combattre ?
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L’ONS vient de publier une enquête sur les modes de recrutement en Algérie. Selon ces résultats, 74% des salariés sont recrutés soit par un proche ou une connaissance en milieu professionnel.

C’est la première fois que cette réalité est rapportée par une institution officielle. L’Office des statistiques a eu recours en effet à un vaste échantillon de 115.196 personnes interrogées dont la tranche d’âge se situe au-delà de 15 ans et plus. Les femmes de ménage avec un taux de 74% indiquent qu’elles ont été recrutées par recours à des relations personnelles ou soit par voie d’un intermédiaire.

Ce genre de situations est apprécié par les coups de «piston» auxquels ont recours généralement les demandeurs d’emplois ou ceux qui veulent obtenir un poste de travail à temps plein. Dans l’enquête, on signale que 76, 8% des hommes ont reconnu qu’ils ont été pistonnés pour trouver un emploi, contre 67.2% pour des femmes.

Ce qui est étonnant dans cette histoire, c’est que ce phénomène touche aussi bien les chômeurs sans qualifications professionnelles que les diplômés. Selon ces résultats, 55% de ces chômeurs se sont inscrits au niveau des agences d’emploi et l’autre moitié soit 55,4% ont déclaré qu’ils ont effectué des démarches au sein des entreprises pour être recrutées.

Ce qui renseigne sur les «dysfonctionnements» des agences de placement et ceux de l’ANEM qui ont pourtant reçu des instructions fermes pour un recrutement direct des chômeurs sans passer par des intermédiaires. Selon des sources, cette étude montre que les agences de placement et de recrutement n’ont pas forcément leur place et ne jouent pas suffisamment leur rôle en Algérie.

Il faut dire que cette pratique qui n’arrange en rien les postulants à un emploi décrédibilise les entreprises qui préfèrent ne pas avoir comme critère ou norme le savoir-faire ou la compétence. Des mots qui sont sans cesse rabâchés par les responsables politiques et patrons d’entreprises.

Sur ce registre, il y a également un vide juridique qu’il faut probablement combler. Il faut rappeler que le ministère du Travail avait plusieurs fois plaidé pour «dénoncer les abus de recrutement dans certains secteurs» pour des postes où des personnes sont placées sans qu’ils aient les qualifications requises.

Le gouvernement de Sellal qui sillonne toutes les régions fait face en majeure partie à «des doléances touchant à l’exclusion sociale des catégories de chômeurs» qui reste une préoccupation centrale et dont les solutions sont toujours partielles.

Des enquêtes pour voir l’étendue de cette pratique devraient, selon des associations de chômeurs, être déclenchées au sein des entreprises et organismes chargés du recrutement pour voir si les instructions du gouvernement ont été appliquées. Les chômeurs de toutes catégories se montrent déçus par le fait qu’ils n’obtiennent pas aisément le poste dont ils ont tous le profil pour l’occuper.

Fayçal Abdelghani