Plus de 70 morts dans une vague d’attentats en Irak

Plus de 70 morts dans une vague d’attentats en Irak

Une vague d’attentats contre des pèlerinschiites et la police a fait plus de 70 morts mercredi en Irak, où la majorité chiite célèbre une importante fête religieuse, a-t-on appris de sources policières et hospitalières.

Cette série d’attaques – 21 au total – est la plus meurtrière depuis la mort de 73 personnes dans quatre attentats à Bagdad début janvier.

Malgré le départ des troupes américaines, l’Irak continue d’être ébranlé par des violences interreligieuses, dont le niveau reste toutefois éloigné du paroxysme de 2006-2007, lorsque le pays avait failli sombrer dans la guerre civile.

Des extrémistes sunnites liés à Al Qaïda prennent ainsi régulièrement pour cibles les chiites.

Mercredi, quatre bombes visant des pèlerins chiites à Bagdad ont tué au moins 30 personnes. Ces pèlerins se rassemblaient pour célébrer l’anniversaire de la mort de l’imam chiite Moussa al Kadhim, arrière-petit-fils du prophète Mahomet.

L’une de ces bombes, dissimulée dans une voiture, a explosé devant une mosquée chiite. Une autre a décimé un groupe de pèlerins se reposant sous une tente.

« Un groupe de pèlerins était en train de marcher et de passer devant une tente proposant de la nourriture et des boissons lorsque, tout à coup, une voiture a explosé près d’eux », a dit Wassik Mouhana, policier dont la patrouille se trouvait à proximité du lieu de l’explosion, dans le quartier de Karrada. « Des gens couverts de sang couraient dans tous les sens et le sol était jonché de cadavres », a-t-il ajouté.

Les autorités irakiennes ont pourtant renforcé le dispositif de sécurité cette semaine à Bagdad, où des milliers de pèlerins sont attendus pour un rassemblement dans un mausolée chiite du quartier de Kadhimiah.

TENSIONS POLITIQUES

A Hilla, dans le sud chiite de l’Irak, deux voitures piégées, dont une actionnée par un kamikaze, ont explosé devant des restaurants fréquentés par des policiers, faisant 22 morts et 38 blessés.

« Lorsqu’un minibus rempli de policiers s’est arrêté près des restaurants, une voiture a explosé près du minibus », a rapporté Maïssam Sahib, propriétaire d’un restaurant près du lieu des explosions. « C’est bouleversant. On n’entend que des sirènes et les hurlements des blessés. »

Deux autres attentats à la voiture piégée ont fait quatre morts dans la ville majoritairement chiite de Balad. Un troisième commis à Kerbala a tué trois personnes et en a blessé 17 autres. Un quatrième à Hassoua, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Bagdad, a fait un mort et quatre blessés supplémentaires.

Cinq militaires ont en outre péri dans l’attaque de leur barrage au sud de la capitale par des hommes armés.

Cette vague d’attentats survient trois jours après le tir de deux obus de mortier sur une place du quartier de Kadhimiah remplie de pèlerins chiites. Cette attaque a fait six morts et 38 blessés.

Le 4 juin, un attentat suicide à la voiture piégée contre les locaux de l’administration chargée de la préservation des sites religieux chiites a fait 26 morts et plus de 190 blessés à Bagdad. Cette action a été revendiquée par l’Etat islamique d’Irak, la branche irakienne d’Al Qaïda.

Les tensions religieuses se retrouvent sur le terrain politique malgré l’existence d’un fragile accord de partage du pouvoir entre chiites, sunnites et kurdes. Le Premier ministre chiite Nouri al Maliki est accusé par ses détracteurs de vouloir exercer le pouvoir de manière trop personnelle.

Avec Ahmed Rasheed, Bertrand Boucey et Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Gilles Trequesser