Aucun membre de la délégation ministérielle n’a été épargné par les cris de colère des habitants qui n’ont cessé de réclamer des comptes à ceux ayant des responsabilités, de près ou de loin, dans la catastrophe de samedi soir.
Après la nuit cauchemardesque de samedi passé, suite aux fortes inondations ayant frappé de plein fouet le centre-ville du chef-lieu de wilaya, la population d’El-Bayadh a reçu, dans la journée d’hier, la visite de trois ministres : de l’Intérieur et des collectivités locales, de l’Habitat et des Travaux publics. Leur présence aux côtés notamment des sinistrés est inévitable afin de calmer les esprits des plus surchauffés, dont nombre d’entre eux se disent désespérés des promesses répétées des autorités locales, accusées d’inertie depuis les dernières inondations d’octobre 2008.
Un message reçu cinq sur cinq par les émissaires de la République, qui ont promis cette fois-ci d’agir en conséquence afin d’éviter d’autres calamités du genre, sauf que la population n’a pas été tendre avec eux, notamment envers Daho Ould Kablia, le ministre de l’Intérieur, qui a été chahuté lors de son escale effectuée au quartier Lmehboula et qui a dû, par la suite, suspendre carrément tout contact avec la population en retournant directement au siège de la wilaya, après une petite virée au campement des sinistrés. Lors de sa déclaration sur les lieux, Ould Kablia a promis le relogement des familles sinistrées non sans signaler que les habitations touchées seront complètement rasées, avant de rajouter que l’État prendra ses responsabilités loin de toute pression.
un signal que les habitants
ont pris pour chantage de mauvais goût et qui n’ont pas hésité à le lui faire savoir, le poussant à quitter les lieux sur la pointe des pieds. D’ailleurs, aucun membre de la délégation ministérielle n’a été épargné par les cris de colère des habitants qui n’ont cessé de
réclamer des comptes à ceux
ayant des responsabilités, de près ou de loin, dans la catastrophe de samedi soir.
Au siège de la wilaya, les choses ne se sont pas améliorées puisque un rassemblement s’est tenu durant presque toute la journée devant la résidence du wali où les trois ministres étaient en réunion avec les autorités de la wilaya.
Une délégation de citoyens a été reçue même par les émissaires de la République sans que cela n’apaise la colère qui s’exprimait dehors.
Tout cela devant un renfort des services de sécurité restés calme. Même la réunion prévue avec les élus et l’exécutif de la wilaya, un rendez-vous tant attendu pour l’annonce de mesures conséquentes, n’a pas eu lieu laissant libres commentaires aux représentants du peuple. Devant cette situation de cacophonie générale, où les élus étaient écartés du débat, l’annonce de mesures a été faite par M. Ould Kablia via la radio locale.
Ainsi, après avoir présenté ses condoléances aux familles des victimes, il parlera de mesures concrètes touchant au premier plan les familles sinistrées pour lesquelles il est prévu une aide de 12 000 DA chacune pour les frais de location mensuelle, en attendant d’être relogées.
À ce titre, il annoncera que 400 logements destinés au social sont prêts à être livrés dont les bénéficiaires seront traités au cas par cas. De son côté, Amar Ghoul, ministre des travaux publics, a fait savoir que son département a pris toutes les mesures nécessaires afin de rétablir, dans les meilleurs délais, les ouvrages touchés, sauf qu’il s’agit là d’ouvrages d’art de grande importance reliant les deux compartiments de la ville séparés par l’oued.
En tout, ce sont 5 ponts et 2 passerelles qui jouent le rôle de liaison entre les deux blocs auxquels il faudrait apporter les corrections nécessaires dont deux sont complètement à refaire. Comme mesure d’urgence, le ministre des travaux publics a promis l’installation d’un pont mobile à l’entrée principale de la ville.
Ainsi, même si les ministres ont tout fait pour ramener l’apaisement recherché, il n’en demeure pas moins que cette sortie a carrément raté l’effet escompté, puisque la population aurait vu autrement, en demandant du concret, loin des défilés habituels. Un message que les ministres ont certainement reçu surtout que les effets d’annonce prononcés à travers la radio locale semblaient loin d’intéresser les habitants qui veulent en finir avec les promesses sans lendemain.