Ce matin, plus d’un demi-million de candidats se rendront dans les centres prévus pour les épreuves
Après 19 ans passés à la tête de l’Education nationale, l’actuel ministre est appelé à d’autres fonctions, il sera nommé ambassadeur, croit-on savoir.
C’est l’heure de vérité pour les élèves des classes de terminale. Ce matin, plus d’un demi-million de candidats, 560.050 plus exactement, se rendront dans 1854 centres prévus pour les épreuves du baccalauréat. Les examens du Bac, qui commencent ce matin, prendront fin le 7 juin prochain. Les résultats seront connus le 2 juillet et, immédiatement après les délibérations, les attestations de succès ainsi que les relevés de notes seront signés et transmis aux directions de l’éducation qui se chargeront de les remettre aux concernés avant le lancement des inscriptions universitaires. Mais avant les résultats, osons cette fois-ci dire que ce sera le dernier Bac de Benbouzid. Après 19 ans passés à la tête de l’Education nationale, l’actuel ministre est appelé à d’autres fonctions, il sera nommé ambassadeur, croit-on savoir. Il était temps que Boubekeur Benbouzid cède la place. A titre comparatif, de 1993 à 2012, dix ministres français se sont succédé à la tête du secteur de l’Education nationale alors qu’en Algérie, seule la couleur des cheveux de M.Benbouzid a changé. Arrivé en 1993 avec des cheveux noirs, l’affable ministre de l’Education n’a pas pris la moindre ride, sauf ses cheveux qui ont blanchi. Aujourd’hui, on est en droit de nous interroger sur le règne de Benbouzid. Arrivé à la tête du secteur déjà sinistré, comme l’avait qualifié le défunt Boudiaf en 1992, Benbouzid a-t-il redressé l’école algérienne au bout de ces dix-neuf années? Quelle que soit la réponse à cette question, elle sera discutable dans la mesure où l’école est un sujet qui concerne toute la société? C’est elle qui régule la marche d’une nation vers le progrès et l’émancipation. Ainsi, ni le ministre, ni les enseignants ne tireront gloire d’une réussite ni n’assumeront l’échec seuls.
La responsabilité des parents d’élèves, aussi infime soit-elle, se trouve engagée. Car nul ne souhaite confier l’avenir de sa progéniture aux mains qui la mèneraient vers l’abîme. A ces figurants visibles, s’ajoute l’acteur principal, le vrai, qui est le pouvoir en place. Ce dernier, en déficit chronique de légitimité, a toujours cherché la paix sociale à travers le Bac. La surpolitisation de cet examen et de l’école en général, la précarité doublée parfois de l’incompétence des enseignants, l’inaptitude des dirigeants et l’irresponsabilité des parents d’élèves ont donné cette mixture au goût de désespoir. Mais est-il possible d’entrevoir des lendemains qui chantent sur les décombres de l’école Benbouzid? Rien n’est jamais définitif.
Les chiffres du Bac 2012 permettent d’espérer un frémissement qui viendrait des filles algériennes. Sur les 560.050 candidats à entamer les épreuves de l’examen, les filles arrivent en tête. Elle sont 245.345 candidates, soit 61,63% contre 152.760 candidats, soit 38,37%. Ainsi, ce n’est pas seulement la féminisation du Bac qui se confirme mais c’est carrément toute l’université. Et partant, les secteurs-clés comme la santé, l’éducation et la justice. L’Algérie est en train de connaître une mutation sociale et de subir une véritable révolution en profondeur. Cette révolution tranquille a un coût, comme chaque année.
L’organisation de cet examen s’élève à plus de 2 milliards de DA. Pas moins de 52 centres de correction comptant 130.000 enseignants seront mobilisées dont 90.000 pour la surveillance et 40.000 pour la correction.
Les modalités d’organisation de l’examen de cette année seront les mêmes que celles appliquées lors de la précédente session. A cet effet, deux sujets au choix seront proposés et une demi-heure supplémentaire est accordée à chaque candidat en sus du temps réglementaire de chaque épreuve.
Il faut rappeler que le taux national de réussite a atteint l’année dernière 62,45%, soit 220 518, dont 96.000 (46% du nombre total d’admis) l’ont obtenu avec mention (assez bien, bien, très bien et excellent). Au total, 64 lauréats ont obtenu leur baccalauréat avec mention «Excellent», 5173 avec mention «très bien», 24.200 avec mention «Bien» et 66.416 avec mention «Assez bien». M.le ministre de l’Education rééditera-t-il cette «performance» cette année? Il faut pour cela, attendre les résultats du dernier Bac de Benbouzid.