Selon une étude analytique de la police, les auteurs des assassinats sont généralement âgés entre 22 et 30 ans, et dans la majorité des cas, ces drames font suite à des provocations suivies de bagarres.
L’homicide est devenu une chose banale. Le nombre de meurtres commis le confirme largement. Les chiffres démontrent que de nombreux citoyens, notamment les jeunes, n’hésitent pas à recourir aux armes blanches (gourdins, sabres, couteaux) et même aux armes à feu pour régler des différends suite à de banales disputes. Les affaires de coups et blessures volontaires (CBV) restent les infractions les plus traitées par les services de sécurité mais l’homicide volontaire est incontestablement le phénomène le plus inquiétant avec la hausse enregistrée ces derniers mois. Plus de 42 cas ont été signalés durant les trois premiers mois de l’année en cours.
A l’est du pays, la wilaya de Guelma a été secouée par un triple crime où trois membres d’une même famille ont trouvé la mort dans des circonstances non encore élucidées. La mère, âgée de 38 ans, et son fils, 5 ans, ont été découverts morts par strangulation. Les corps des défunts portaient des blessures à l’arme blanche, selon les enquêteurs de la police. L’enquête est toujours en cours pour déterminer les circonstances exactes de ce double crime. A l’ouest du pays, un élève âgé de 15 ans a été mortellement poignardé par son camarade de classe, à l’entrée du lycée Benameur-Mohamed de Bousfer, suite à une altercation verbale. A Sidi Bel-Abbès, un ouvrier du bâtiment, âgé de 40 ans, a été arrêté pour l’assassinat de Mohamed Nadjib, âgé à peine de 9 ans, retrouvé à moins de 2 km du domicile familial, dans la commune de Ben Badis, pendu à un arbre.
Il y a lieu de rappeler qu’en l’espace de trois mois, deux crimes ciblant des enfants ont été commis dans la commune de Ben Badis. Début janvier, le corps sans vie de Miloud, 14 ans, a été retrouvé quatre jours après son kidnapping. Il avait été séquestré et violé par ses ravisseurs à quelques mètres seulement du domicile de ses parents. Au centre du pays, les services de police ont traité plusieurs affaires d’assassinat depuis le début de l’année en cours. A El Hamiz, un enfant d’à peine 7 ans a été froidement égorgé en plein jour, devant le domicile de ses parents, par un jeune de 34 ans. A Bordj El Bahri, c’est un boxeur qui a été tué par des dealers qui lui ont asséné plusieurs coups de sabre. Le jeune homme était menacé par les membres de cette bande depuis fort longtemps. Un troisième crime a été commis à Dergana, où un jeune a été mortellement poignardé par son voisin.
Des homicides volontaires commis à l’aide d’armes blanches et d’armes à feu ont été enregistrés durant l’année en cours par les services de la police à El Bayadh, Saïda, Tébessa, Biskra, Mostaganem, Constantine, Sétif, Tiaret et Boumerdès. Dans la majorité des cas, les auteurs n’étaient pas des repris de justice et jouissaient de toutes leurs capacités mentales lors de l’acte criminel. Les crimes sur ascendant sont devenus également monnaie courante dans les grandes villes.
Comment en est-on arrivé là ?
La consommation des stupéfiants et autres psychotropes n’est pas la cause principale des meurtres « mais un facteur favorisant ». Les auteurs des assassinats ont été arrêtés dont certains identifiés en un temps record. La rapidité de la résolution des affaires est la conséquence du recours à des moyens techniques et scientifiques notamment le système d’identification d’empreintes digitales (Afis). « L’Afis permet d’élucider des affaires de crime en un temps record », a soutenu la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN). Le directeur de la police judiciaire de la DGSN, le contrôleur Ali Ferrag, a précisé que les meurtres constituent une priorité pour la police algérienne. Il a affirmé que les enquêteurs sont tenus par l’obligation de résultat en ce qui concerne la résolution des affaires de crime et l’identification de leurs auteurs.
Il a assuré aussi que le plan d’action de la police repose sur l’analyse des données et la compréhension des phénomènes criminels. En ce sens, le chef de la cellule de communication de la DGSN, le commissaire-divisionnaire Amar Laroum, s’est félicité du niveau des enquêteurs de la police qui « arrivent à élucider les affaires de crime grâce à la maîtrise des scènes de crime, la sauvegarde des indices et des empreintes et l’analyse des preuves ». « Tous les meurtres commis durant le mois de février dernier ont été élucidés », a précisé le même responsable qui a rappelé que le DGSN, le général-major Abdelghani Hamel, a instruit ses cadres pour « une meilleure gestion de la scène de crime afin de recueillir le maximum de preuves à même de permettre une identification autant précise que rapide des personnes à incriminer ». Dans ce cadre, des sessions de formation sont organisées à l’Institut de Saoula.
Des médias font la « promotion » du crime
La psychologue voit que cette violence est également alimentée par la promiscuité, les conditions de vie, notamment d’habitation, surtout depuis quelques années par les opérations de relogement dans des cités-dortoirs qui sont en réalité le terreau de tous types de fléaux sociaux.
« D’un autre côté, nous avons les médias qui font la promotion de ce type d’homicide dans l’espoir de faire la Une, en oubliant que la population attend d’eux d’être informée en temps réel, sans pour autant créer un climat de psychose, ni nourrir des velléités de violence chez des individus prédisposés à commettre ce type d’homicide. A cela s’ajoute l’absence de l’échelle des valeurs qui fait que les marginaux sont glorifiés par la masse et bénéficient d’une considération sociale qui leur garantit une promotion au sein de l’environnement dans lequel ils vivent. La preuve, leur sortie de prison est célébrée de manière festive et même par des visites familiales », a conclu la psychologue.