La traque se poursuit
Un genou à terre, la colonne vertébrale brisée, Al Qaîda compte ses morts. La peur a réellement changé de camp en 2012.
Jamais depuis le début de la lutte contre le terrorisme, il y a près de 20 ans, l’Algérie n’a été aussi calme au plan sécuritaire, jamais Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) depuis sa création en 2007, n’a subi autant de pertes dans ses rangs. Un genou à terre, la colonne vertébrale brisée, la nébuleuse terroriste saigne.
Le bilan des pertes a été lourd tout au long de l’année 2012. Pas moins de 193 terroristes ont été abattus et 230 autres individus accusés de soutien logistique aux terroristes ont été arrêtés. Ces terroristes ont été éliminés, notamment à Bouira, Boumerdès, Bordj Bou Arréridj, Tébessa, Tipasa, Aïn Defla, Tissemselt, Médéa, Blida,

Al Bayadh, Annaba, Constantine, Tizi Ouzou, Jijel, Skikda, Batna, Khenchela, Sidi Bel Abbès.
Parallèlement, 41 islamistes armés ce sont rendus aux services de sécurité et parmi eux des émirs. Al Qaîda compte ses morts, la peur a réellement changé de camp en 2012.
Selon un décompte établi à partir des rapports de la presse et des services de sécurité, seuls 72 attentats terroristes ont lieu en 2012, soit le plus bas nombre d’attaques depuis ces 15 dernière années. Si on excepte les attentats kamikazes commis contre les locaux de la Gendarmerie nationale à Tamanrasset et à Ouargla, on n’enregistre pas d’action d’envergure durant cette même période.
Ce n’est pas que les terroristes n’ont pas essayé! Loin s’en faut. Des sources crédibles rapportent que les services de sécurité ont déjoué des attaques spectaculaires au niveau de la capitale. Les terroristes avaient notamment projeté de commettre un attentat kamikaze contre le siège de l’APN et d’enlever des touristes étrangers. Si l’ANP mène des actions sur le front interne, les zones frontalières n’ont pas été abandonnées pour autant. Ainsi, au moins 40 éléments d’Aqmi qui cherchaient à s’infiltrer en territoire algérien pour y commettre des attaques, ont été arrêtés aux frontières algéro-libyennes.
L’ANP et les autres services de sécurité ont porté un coup très dur à Al Qaîda durant l’année qui vient de s’écouler. Pour les observateurs, cette performance est le fruit d’un schéma sécuritaire essentiellement basé sur le renseignement. Les grandes actions de l’ANP mobilisant des milliers d’hommes et d’immenses moyens logistiques ne peuvent désormais s’opérer qu’avec un appui strict et rigoureux du renseignement.
De 2004 à 2010, l’ANP a mené plusieurs opérations de ratissage particulièrement en Kabylie, mais sans grand résultat si l’on juge par le temps consacré et les moyens logistiques mobilisés.
Un autre schéma sécuritaire est en train de se mettre en place: la primauté du renseignement sur le ratissage. Sur la base d’informations données par les islamistes qui ont quitté les maquis, recueillies auprès des citoyens et celles récoltées par les services de sécurité, une banque de données a été constituée. S’appuyant sur ces données et sur la base de cette banque, des actions de haute précision ont été menées avec succès.
On cite l’exemple de l’arrestation, le 16 décembre dernier, à Cheurfa près de Bouira, du porte-parole et n°2 d’Aqmi, Salah Gasmi, dit Mohamed Abou Salah. Ou encore l’élimination de Abou Ishak Essoufi et de Abdelmalek Sellami alias Fahd et de Abderrachid Abdelmoumène alias Houdaïfa Abou Younes El Assimi, l’émir de la zone II. Ces performances sécuritaires ont été d’ailleurs relevées par l’IEP (Institut for Economics and Peace) basé à New York. Selon cette institution, l’Algérie, les Etats-Unis et la Colombie sont les pays qui ont réalisé «la meilleure progression» au cours des 10 dernières années en termes de baisse de l’impact du terrorisme.
Pour avoir combattu le fléau pendant deux décennies, l’Algérie est devenue un véritable cas d’école en matière de lutte contre le terrorisme. Cependant, ces actions gagneraient en efficacité pour peu que les méthodes de communication soient revues et adaptées. Car, il faut convenir, que la communication est le talon d’Achille des services de sécurité.
Des actions spectaculaires que mènent les gardes communaux, la police ou les éléments de l’ANP sont passées presque sous silence alors que le moindre prêche salafiste dans une moquée reculée du pays enflamme la Toile.