Il s’agit de l’une des plus importantes opérations de relogement effectuées par la wilaya d’Alger depuis l’indépendance. Pas moins de 3.245 familles, issues de différentes circonscriptions de la capitale, notamment les occupants d’habitat précaire et ceux des vieux immeubles et des chalets du séisme de 2003, vont être relogées à partir de demain.
Selon les autorités locales, cette opération sera divisée en 3 étapes, soit les 5, 7 et 9 de ce mois en cours. Il est ainsi, prévu le relogement, demain, de 1.235 familles des circonscriptions de Sidi-M’Hamed, Bab El Oued, Zéralda, Hussein Dey, El-Harrach, Dar El Beida, Baraki, Rouiba, Bouzaréah, Bir-Mourad-Raïs et Draria.
Outre cette première tranche, 1.092 familles des circonscriptions de Sidi-M’Hamed, Bab El Oued, Zéralda, Hussein Dey, Dar El Beïda et Rouiba seront relogées, le 7 septembre alors que 918 familles des circonscriptions de Sidi M’Hamed, Bab El Oued, Hussein Dey et Baraki seront relogées le 9 septembre.
Comme à l’accoutumée, cette opération ne sera pas en reste du scénario, devenu immuable, de protestation que connaît la wilaya à chaque affiche de noms de bénéficiaires des différentes formules de logements.
Rappelons qu’en juin dernier, la distribution d’un quota de 80 logements publics locatifs (LPL) sur une liste dépassant les 2.300 dossiers en attente avait provoqué l’ire des laissés-pour-compte de la commune d’El Madania. Hier matin, quelques dizaines de familles résidant à Diar Echems se sont rassemblée devant le siège de la daïra de Sidi M’Hamed pour revendiquer, notamment, le fait d’être «déroutées» de leur affectation initiale.
«Juin dernier, nous avons appris auprès des responsables de la commune d’El Madania que nous allions être relogés dans le site d’Essebala. Hier (vendredi, Ndlr), on nous a informés que c’est Ouled Mendil qui abritera notre nouvelle cité», s’est plaint un quadragénaire, voulant garder l’anonymat.
Cette énième opération de relogement dans la commune d’El Madania, qui devra commencer demain à 01:00, touchera également les habitants de la localité d’El Bahia et une partie de ceux de Diar El Mahçoul qui seront relogés à El Hammamet. Les habitants de Diar Echems, eux, menacent de ne pas libérer leurs F1 si leur revendication ne sera pas satisfaite. Certains d’entre eux vont même à afficher leur intention de squatter les immeubles déjà libérés suite aux précédentes opérations de relogement s’ils ne seront pas relogés à Essebala.
GENDARMES ET POLICIERS À LA RESCOUSSE DES MAIRES
Face à ce relogement qui ne s’annonce pas sous de bons auspices, un important dispositif sécuritaire sera mis en place dans ces circonscriptions administratives afin d’assurer le bon déroulement de cette opération. Outre cette présence dans les points «noirs», les sites concernés par cette opération seront également quadrillés afin d’éviter que les appartements ne soient pas squattés.
Ainsi, les services de la Gendarmerie nationale en l’occurrence les gendarmes du Groupement opérationnel de maintien de l’ordre (GOMO) ainsi que les éléments de la Sûreté nationale, à savoir les policiers de la sécurité publique et ceux antiémeutes, outre les sapeurs-pompiers, devront impérativement être au rendez-vous. Rappelons, dans ce sens, que les précédentes opérations de relogement, qui ont eu lieu dans la capitale, ont été accompagnées de violents affrontements entre les habitants et les forces de l’ordre.
Il est, également, utile de rappeler que l’ex-commandant du groupement de la Gendarmerie nationale de la wilaya d’Alger, le colonel Mustapha Taïbi, avait déclaré, au cours d’une conférence de presse qu’il a animée, le 28 juin écoulé, à l’issue de la cérémonie d’ouverture des journées portes ouvertes sur la Gendarmerie nationale, qu’«outre notre présence lors des opérations de relogement qui sont généralement accompagnées de mouvements de protestation, nous devrions impérativement être vigilants lors des prochaines tranches». Grosso modo, il faut dire que c’est devenu «classique» : chaque distribution de logement est synonyme de protestation, voire d’émeutes dans plusieurs localités.
Ahmed Bouaraba