«La réforme du système éducatif repose sur l’implication des cadres du secteur, en particulier, ceux qui disposent d’un capital d’expérience dans le domaine.»
Plus de 28.000 enseignants ont déposé leur demande de départ à la retraite dans le secteur de l’éducation, un chiffre important et inquiétant à la fois, selon la ministre de l’Education Mme Nouria Benghebrit, qui a rappelé l’importance et la nécessité de réduire cette hémorragie qui freine la concrétisation du programme de la réforme du système éducatif. Pour la ministre de l’Education nationale la réforme du système éducatif repose sur l’implication des cadres du secteur, en particulier, ceux qui disposent d’un capital d’expériences dans le domaine de l’enseignement pour «relever le défi de la qualité au regard des efforts consentis par l’Etat dans le secteur de l’éducation» et qui visent à «assurer une éducation de qualité pour tous», un objectif ambitieux qui ne peut être atteint que si le système éducatif dispose d’un corps d’enseignants qualifiés et motivés.
Le secteur de l’éducation se vide petit à petit de sa «crème» comme le démontrent les chiffres avancés par la première responsable du secteur, qui selon elle, ce secteur a atteint des taux record contrairement aux années précédentes. La ministre de l’Education a indiqué que le nombre de dépôts de dossiers de retraite proportionnelle, «a enregistré cette année une hausse vertigineuse, par rapport aux années précédentes, avec seulement 7000 départs à la retraite proportionnelle en 2015». La ministre de l’Education relève une «augmentation constante» du nombre des bénéficiaires de la retraite proportionnelle dans le corps des enseignants, notamment depuis 2013, soit après l’entrée en vigueur du nouveau système d’indemnisation des travailleurs.
Nouria Benghebrit estime que le nouveau projet de loi sur la réforme de la retraite, marque un retour à la normale imposée par la conjoncture économique actuelle du pays. Pour expliquer les nouvelles dispositions contenues dans ce nouveau projet de loi contesté par l’intersyndicale qui a choisi la grève pour contrer la décision du gouvernement, le département de l’Education nationale a déjà organisé des rencontres avec ses partenaires sociaux et le ministère du Travail pour expliquer «les mesures contenues dans le projet de loi relatif à la retraite et présenter les statistiques de la retraite proportionnelle depuis 1998», affirme la ministre. Des rencontres qui ont permis, selon Nouria Benghebrit, de «démentir les rumeurs qui circulent sur le dossier de la retraite, dont celles relatives au nombre d’années référentielles pour le calcul de la prime de retraite qui est de 5 ans et non de 10», ou «la non-introduction des primes de rendement et d’amélioration de la performance éducative lors du calcul de la prime de retraite».
Le ministère de l’Education nationale estime que la réforme de la retraite permettra d’arrêter cette hémorragie pour les syndicats, la solution est de chercher dans les causes qui font que l’enseignant se précipite de quitter l’école et affirment dans ce sens que le Bureau international du travail considère la fonction de l’enseignant comme un métier pénible qui devrait bénéficier des mesures exceptionnelles.
Pour ce qui est de la liste des métiers pénibles dont les travailleurs vont bénéficier de mesures exceptionnelles le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, a indiqué que la liste sera définie dans les décrets exécutifs qui seront promulgués après l’adoption de la nouvelle loi sur la retraite. M.El Ghazi indique que l’Union générale des travailleurs algériens en sa qualité de partenaire social reconnu par le gouvernement procèdera au «recensement des métiers pénibles qui seront définis par le ministère dans les décrets exécutifs de la nouvelle loi sur la retraite après sa présentation aux deux chambres du Parlement pour débat et sa publication au Journal officiel», a-t-il précisé. Du côté de la Centrale syndicale des travailleurs, des sources proches du dossier, indiquent que le patron de l’Ugta Abdelmadjid Sidi Saïd, compte soumettre prochainement les propositions de la Centrale syndicale à la commission chargée par le gouvernement d’arrêter les listes des métiers pénibles, avec également une proposition portant sur le maintien de la durée du travail de 32 ans pour le départ légal à la retraite, et ce, afin d’atténuer la colère des Fédérations de travailleurs qui ont dénoncé la position de la Centrale syndicale. Ces derniers temps de nombreuses fédérations de travailleurs affiliées à l’Ugta ont dénoncé la position de la Centrale syndicale, qui, selon elles, s’est alignée sur la décision du gouvernement contre l’intérêt des travailleurs, à commencer par la Fédération des travailleurs de la Société nationale des véhicules industriels (Snvi)de Rouiba qui a joint son action à celle de l’intersyndicale et 85 autres sections syndicales qui ont exprimé leur mécontentement. Pour faire face à cette situation, le patron de la Centrale syndicale s’est retrouvé dans l’obligation de revenir sur sa décision, pour préserver la stabilité de l’Ugta et atténuer la colère des travailleurs.