Plus de 1000 marchés éradiqués dans le cadre de la lutte contre l’informel : Ce fléau qui gangrène l’Algérie

Plus de 1000 marchés éradiqués dans le cadre de la lutte contre l’informel : Ce fléau qui gangrène l’Algérie

Il faut croire qu’il a la peau dure. Qu’il s’est surtout profondément enraciné dans une société qui n’a certainement pas été trop regardante sur certaines pratiques commerciales, pour ne pas dire permissive.

Les marchés informels en Algérie c’est comme l’hydre à sept têtes. Plus on les coupe plus elles repoussent. Les chiffres que vient de rendre publics les services du ministère du Commerce l’attestent. Si 1050 ont été éradiqués jusqu’à la fin du mois de novembre 2017 sur les 1 453 recensés en 2012, il n’en demeure pas moins que 216 ont réapparu juste après qu’ils aient été rasés alors que 85 nouvelles unités ont vu le jour.

«Le nombre de marchés informels éradiqués jusqu’à fin novembre 2017 a atteint 1 050 sur les 1 453 recensés en 2012» a indiqué, hier, la direction de la régulation et de l’organisation des activités auprès du ministère du Commerce.

«Le nombre de marchés informels qui restent encore à éradiquer s’élève à 403…» a ajouté la même source. Un fléau qui gangrène l’économie nationale. Doit-on encore faire le constat de l’échec d’une offensive des pouvoirs publics qui n’ont pourtant pas lésiné sur les moyens pour réduire ce phénomène à sa plus simple expression? Il faut croire qu’il a la peau dure. Qu’il s’est surtout profondément enraciné dans une société qui n’a certainement pas été trop regardante sur certaines pratiques commerciales, pour ne pas dire permissive. Elles ont eu pour conséquence de favoriser les transactions financières illégales. De promouvoir le phénomène de la «chkara».

La corruption et les pots-de-vin. Le circuit de l’informel drainerait plus de 40% de la masse monétaire en circulation. Tandis qu’entre l’année 2009 et les trois premiers mois de 2014 près de 170 milliards de dinars auraient échappé au fisc. Un pactole dont est privée la trésorerie du pays qui souffre depuis que les revenus pétroliers se soient amenuisés à cause des niveaux bas des cours de l’or noir. L’informel c’est aussi des millions d’emplois et autant de travailleurs qui ne bénéficient d’aucune couverture sociale. L’économie informelle employait 1,6 million de personnes en 2001, avant d’augmenter à 3,9 millions de personnes en 2012 ce qui représente 45,6% de la main-d’oeuvre totale non agricole selon des chiffres fournis, cette année-là, par la sous-direction des statistiques et de l’information économique auprès du ministère du Commerce.

Les venelles de cette économie souterraine sont diverses. De la place boursière, incontournable, de change illégal de Port-Saïd, aux transactions financières illégales qui font la démonstration d’un système bancaire obsolète à la dérégulation des marchés des fruits et légumes, ce sont les dysfonctionnements des appareils de l’Etat et de la bureaucratie centrale et locale qui sont pointés du doigt. L’Algérie qui a tourné le dos à l’économie planifiée pour se projeter dans l’économie de marché ne peut pas se permettre de garder et de fonctionner avec d’anciens réflexes qui ne tendent qu’à l’immobiliser.

Le monopole, la bureaucratie, l’exercice des activités illégales…sont à combattre avec vigueur et toute la force de la loi. Des maux qui doivent être extirpés en urgence.

A défaut de mettre en péril le nouveau modèle de croissance économique qui doit permettre à l’Algérie de s’affranchir de ses exportations d’hydrocarbures et toutes les mesures prises dans le cadre de la loi de finances pour renflouer les caisses de l’Etat. Notamment celle de faire tourner la planche à billets qui fait courir le risque de ne pas maîtriser une inflation qui a déjà défié les prévisions du gouvernement. Sur le plan du quotidien les choses risquent aussi de déraper avec la quasi- généralisation de la flambée des produits de consommation.

Les laits, les produits laitiers, les pâtes, les céréales, les huiles… ont connu des augmentations notoires. Les fruits et légumes n’ont pas aussi été épargnés. Et là, il est fort à parier que la main des barons de l’informel est loin d’être innocente.

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