Les services de sécurité soupçonnent un réseau international basé entre l’Est algérien et la Tunisie. Rare sur le marché, le rond à béton est subtilisé à partir des chantiers de réalisation de logements et des usines. Une véritable saignée pour l’économie nationale.
Le trafic de rond à béton revient sur le devant de la scène avec des convois interceptés, des réseaux démantelés et des quantités astronomiques saisies tant sur les voies routières qu’aux frontières. Hier, c’était autour d’un transporteur de faire les frais d’un important réseau basé à Oum El-Bouaghi. En effet, celui-ci a été agressé par des individus avant que son camion ne lui soit subtilisé. Selon les éléments de l’enquête ouverte par la Gendarmerie nationale, les agresseurs se sont emparés d’un semi-remorque de marque Renault, chargé d’une cargaison de rond à béton.
L’acte a été commis par deux individus à Aïn Beïda (Oum El-Bouaghi). Les enquêteurs d’Aïn Beïda ont réussi à interpeller 4 auteurs présumés du vol. Cela s’est passé après avoir coordonné l’enquête avec les gendarmes d’Azzil-Abdelkader (Batna) qui ont localisé le camion abandonné sur le CW13, avec à bord la cargaison de 23 tonnes de rond à béton et la remorque volées.
Après extension de compétence, les enquêteurs ont récupéré le camion et la marchandise à Berhoum (M’sila) dans le garage d’un des mis en cause qui demeure toujours en fuite. Ce fait vient se greffer à d’autres cas encore plus graves puisque les enquêteurs soupçonnent carrément un réseau international de trafic de rond à béton. Et pour cause, toutes les transactions sont effectuées dans les zones frontalières terrestres algéro-tunisiennes.
Ainsi, les gardes-frontières d’Aïn Zerga et de Goulita (Tébessa) ont récupéré, lors de patrouilles sur la bande frontalière, 130 autres quintaux de rond à béton et 364 litres de carburant abandonnés par des contrebandiers. La veille, vers 4h du matin, les GGF de Goulita ont également intercepté un autre convoi dans la commune de Safsaf El-Ouesra, un camion de marque Chakman, ayant à son bord 150 quintaux de rond à béton abandonné par des contrebandiers qui ont pris la fuite à la vue du dispositif de sécurité.
Les mêmes unités, à savoir les GGF de Goulita et d’El-Meridj, ont récupéré, lors de patrouilles sur la bande frontalière, un camion de marque Man transportant 150 quintaux de rond à béton et 900 litres de carburant abandonnés par des contrebandiers. Mieux encore, alors que les GGF allaient lever le dispositif pour rapatrier la marchandise, ils ont réussi à intercepter un autre convoi, à Goulita, avec 16 quintaux de rond à béton, également abandonnés par des contrebandiers qui ont pris la fuite à la faveur de l’obscurité.
Créneau juteux par excellence, le trafic des métaux ferreux, en général, et du rond à béton, en particulier, obéit à des barons installés sur les deux rives algérienne et tunisienne. Du reste, il faut savoir que le prix du rond à béton s’est envolé ces derniers mois à la faveur de la reprise des chantiers de logements, d’une part, et de la situation sécuritaire qui prévaut à la frontière algéro-tunisienne où la contrebande a repris du poil de la bête, de l’autre.
À cet effet, il est indiqué que la tonne du rond à béton était cédée à 14 000 et 15 000 DA, alors qu’elle est affichée actuellement à 18 000 DA. Et selon le type du métal, sachant que le métal algérien est très cher à cause de sa nature et de son traitement, le rond à béton de type 19 revient à 6 000 et 8 000 DA, alors que le type 12, le plus demandé dans le logement, est à 4 000 et 5 000 DA. En créant la pénurie, les barons font monte les enchères sur le marché noir.
À défaut, ils l’exportent frauduleusement vers la Tunisie où l’acier embobiné et sous forme de déchets, est cédé à 800 et 1 000 dollars US ! Signalons, enfin, que ces importantes saisies interviennent moins d’une semaine après le démantèlement d’un réseau de 17 individus au complexe d’El-Hadjar (Annaba).
F. B.