Plein d’ambitions, Antonio Gil, nouveau directeur de l’institut Cervantès d’Alger: « la culture pour dresser des ponts »

Plein d’ambitions, Antonio Gil, nouveau directeur de l’institut Cervantès d’Alger: « la culture pour dresser des ponts »

Alger est censée être la fin de son « trip » professionnel ; mais elle est source de ses inspirations. Les idées plein la tête, Antonio Gil De Carrasco, le nouveau directeur de l’Institut Cervantes a débarqué à Alger avec la volonté de dresser les ponts culturels qu’il faut entre l’Algérie et l’Espagne voire le monde hispanique.

M.Gil connait bien le monde arabe et musulman, il a été directeur de l’institut Cervantes du Caire, d’Alexandrie, de Damas, de Beirut mais aussi de Istanbul. Un lien qu’il compte sceller à tout jamais en choisissant Alger comme ultime escale avant de poser ses valises et de rentrer en Espagne.

A peine installé à Alger, M Gil qui dirige désormais l’un des plus importants instituts Cervantes du monde en terme du nombre d’apprenant, explore déjà les voies et moyens de faire de la culture espagnole un pont entre deux monde qui ne sont pas si étranger l’un à l’autre. Près de 12 000 mots espagnols sont d’origine arabe. L’apprentissage de l’espagnol est, de ce fait, chose aisée pour tout algérien et le nouveau responsable de l’institut ne compte pas négliger cet atout. Sa volonté est de faire de l’espagnol non seulement la langue la plus étudiée mais la mieux enseignée à travers notamment la formation des professeurs.

Doyen des responsables espagnols de l’enseignement du castillan dans le monde, M. Gil est convaincue qu’une langue ne peut- être correctement enseignée indépendamment de la culture qu’elle véhicule. Aussi la littérature qui cristallise ces liens culturels et linguistiques sera l’un des plus importants segments de sa stratégie de redéploiement en Algérie.

Des idées plein la tête

Antonio Gil De Carrasco promet de convier à Alger de grands ambassadeurs de la littérature hispanique à l’image de écrivain espagnol Eduardo Mendoza, lauréat du prix Cervantes en 2016, le célèbre écrivain mexicain Jorge Luis Volpi ou encore l’écrivaine et journaliste colombienne Laura Restrepo, connue pour son roman Delirio qui a remporté le prix Alfaguara du roman en 2004 et celui du Grinzane Cavour en 2006.

Les projets de M. Gil ne s’arrêtent pas aux grands noms de la littérature espagnole. Il compte parvenir à organiser des récitals musicaux avec des brassages des musiques algéro-espagnoles. «Instaurer un dialogue musicale», selon sa propre formule. Pour ceci, il compte bien faire venir le grand chef d’orchestre David Martinez et le faire travailler avec des orchestres algériens. Pour cela, il lui faut la collaboration des autorités culturelles algériennes qu’il a déjà contactées pour maints projets.

Le sport faisant également partie de la culture M. Gil compte également consolider les ponts entre les deux pays dans ce domaine. Pour ceci, il déjà invité le grand champion du cyclisme espagnol, Pedro Delgado, pour une conférence en Algérie Et pourquoi pas un petit tour cycliste sur les routes avec l’équipe nationale algérienne. Un premier rendez-vous a déjà été pris avec le président de la fédération algérienne du cyclisme pour faire aboutir cette expérience exceptionnelle déjà accomplie au Japon, à l’initiative de M.Gil alors responsable du même institut à Tokyo. Evoquant les prochains Jeux Méditerranéens prévus à Oran, M. GIL compte faire profiter la grande ville de l’ouest algérien de l’Expérience de la ville andalouse Almeria qui avait organisé cette manifestation sportive en 2005.

La culture pour dresser des ponts…

Non avare en annonces, M Gil prévoit l’organisation d’un symposium international d’architecture, veut inviter le directeur du centre astronomique des îles Canaries, fonder une association des hispaniques en Algérie…autant d’idées en plus de l’organisation des cycles de cinéma à l’instar de celui qui débutera ce 5 octobre, prendre part au Sila, au Dima Jazz, et au festival des musiques symphoniques ou au festival européen en Algérie.

Il faut dire que M. Gil n’a pas été nommé à Alger aléatoirement. C’est un choix personnel dont il veut faire un réel couronnement, après un riche parcours professionnel, d’où le foisonnement d’idées et de projets qu’il veut d’ores et déjà mettre en route.

Natif de Grenade, il est convaincu que les origines de sa famille sont arabes. Alger qui est pour lui une quête d’identité et de traces des familles grenadines qui ont choisi l’Algérie comme terre d’asile après la conquista, est surtout une opportunité inestimable de valoriser un héritage commun. Outre la culture et l’histoire confondue entre les deux peuples, le rapport à la vie est le même d’où cette forte conviction de pouvoir dresser des ponts inébranlables entre les deux rives.