Le Parti pour la laïcité et la démocratie (PLD) nous a fait parvenir le communiqué suivant.
Non au plan anti-démocratique du « Grand Moyen Orient » !
Les luttes s’aiguisent de plus en plus au Moyen-Orient et en Afrique. Le conflit en Syrie s’enlise. Les islamistes, confortés par les complaisances occidentales et le silence de l’armée, ont pris le pouvoir en juin 2012 en Egypte, passent en force une nouvelle constitution et imposent la charia comme loi fondamentale au mépris de la contestation. Au Mali, ils précipitent le pays dans sa plus grave crise en faisant sécession sur la partie nord de son territoire, instaurent la pratique des mutilations et rasent des vestiges séculaires du patrimoine musulman.
1. Rien ne justifie de mettre à la marge les forces démocratiques
Depuis le 11 janvier 2013, la France a déclenché ses premières opérations militaires au Mali. Elle applique une stratégie pour le moins incohérente et à géométrie variable. Un jour, elle participe à l’offensive militaire contre la Syrie et entre dans un jeu d’alliances avec les islamistes, un autre elle prône une politique de neutralité comme elle vient de le faire dans le conflit centre-africain, un troisième, elle intervient militairement au nom de la lutte contre le terrorisme islamiste au Mali. Certes, l’ennemi commun à tous est un : c’est l’islamisme politique mais c’est à toutes les forces démocratiques de la région d’abord d’être entendues et soutenues par les puissances amies pour construire ensemble un processus politico-militaire au premier rang duquel devrait être inscrite l’urgence de neutraliser l’AQMI et tous ses avatars. Il n’appartient ni à la France de Hollande comme hier à celle de Sarkozy de sacrifier les forces démocratiques africaines et arabes sur l’autel d’intérêts dont les relents exhalent une forte odeur néocolonialiste.
2. Face à l’islamisme la société n’abdique pas !
En dépit d’une situation extrêmement difficile et complexe on ne peut que se réjouir du combat que mènent les patriotes et les démocrates dans ces régions où les islamistes ont encore une fois dévoilé leur véritable nature : celle de barbares et de totalitaires. Bien que se présentant sous des étiquettes diverses et des apparences souvent lisses, tous les détachements de l’islamisme sont en fait du même acabit et fournissent la preuve que l’islamisme « modéré » est une véritable fumisterie.
Les luttes qui se déroulent sur le terrain mettent en évidence, contrairement à certaines thèses en vogue, le fait que l’islamisme politique n’est pas une fatalité. Celui-ci se heurte à une mobilisation et à une cohésion de plus en plus marquées de la société et il doit aujourd’hui compter avec une résistance accrue des milieux patriotiques et démocratiques comme cela se constate en Syrie, en Egypte ou en Tunisie par exemple.
3. Le sale boulot de la Turquie, l’Arabie Saoudite et du Qatar
L’Occident ébranlé par une crise financière structurelle dont les effets dévastateurs rappellent la crise de 1929 a révisé sa feuille de route. Il a infléchi sa stratégie depuis l’invasion de l’Irak par les troupes américaines. Seule la France y fait quelque peu exception. Au plan politique, l’Occident continue de s’arroger le droit de vouloir régler les conflits tout en court-circuitant le reste des pays de la communauté internationale et en les mettant devant le fait accompli. D’où sa volonté délibérée d’ignorer les instances internationales de l’ONU ou de violer les résolutions qui y sont adoptées. C’est pourquoi l’intervention militaire de l’Occident n’est plus directe. La palme de l’interventionnisme au Moyen Orient revient à ses sous-traitants : la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar, devenus pour l’occasion les bailleurs de fonds et le bras armé des guerres qui y sont orchestrées.
4. Le régime autocrate de Damas ne tire pas les leçons de l’histoire
« L’armée libre de Syrie » coalition politico-militaire d’obédience islamiste et placée sous l’aile protectrice de l’Occident n’a pas réussi jusqu’à présent à abattre l’allié d’hier, le régime dictatorial en place à Damas. Mais celui-ci ne semble pas avoir tiré les leçons de l’Histoire après plus de 22 mois de guerre et s’enfonce dans un aveuglement politique qui le condamne à brève échéance à l’effondrement s’il persiste à ignorer les revendications essentielles de son peuple et à différer la mise en place d’une alternative démocratique. L’Etat syrien ne survivra aux visées de la partition programmée et ne mettra en échec l’agression militaire qu’il subit que le jour où il décidera d’un aggiornamento ouvrant la voie à une Syrie laïque, démocratique et plurielle.
5. Le pouvoir algérien s’arc-boute sur un statu quo suicidaire
Le pouvoir en Algérie est aussi réfractaire au changement et tourne carrément le dos à la nécessité des mutations. Il fait tout pour sauver un système frappé d’obsolescence en rappelant de vieux chevaux de retour ou en les écartant de façon spectaculaire et en faisant croire à la sornette du démiurge qu’il rêve d’introniser à vie. La scène politique algérienne n’est plus qu’une arène où s’agitent des saltimbanques et des myriades de partis qui n’en sont pas. C’est un théâtre d’ombres où tout se joue en coulisse au mépris du peuple et sur le dos du peuple. Non content de convertir les instances politiques en chambre d’enregistrement, on falsifie les élections pour permettre aux partis-états de faire la razzia des postes aux APC, au parlement ou au sénat et s’y assurer l’hégémonie politique.
Sur le plan économique, l’Algérie est devenue un immense réceptacle de marchandises livré à l’informel et l’anarchie est telle que les transactions, petites ou grandes, qui s’y font sont ternies par l’ombre portée de la chkara et de la corruption. Notre jeunesse a son horizon obstrué. Elle a toujours vocation à s’abîmer dans les mers et le ressac des chimères. Pire encore, faute de pouvoir faire face à leur responsabilité familiale, des parents désarmés et impuissants se délestent de …leurs enfants pour ne pas les voir crever de faim sous les yeux et on ne compte plus le nombre de fugues ! L’Algérie est un pays carbonisé par un système prédateur dont le seul souci est de se repaître du confort de la rente et de l’utiliser « généreusement » pour éteindre le feu des explosions populaires et gérer la paix sociale.
6. Le fond du baril risque d’être amer !
Au lieu de préparer l’avenir, le pouvoir est dans la dilapidation effrénée de nos réserves en hydrocarbures alors qu’un pays comme le Portugal peut se targuer de sortir de la dépendance pétrolière en devenant 100% énergies renouvelables à l’horizon 2020 !
Il croit en imposer aussi aux puissants de ce monde en jouant à l’argentier du Front Monétaire International ou bien au matamore sous les éloges du président français. Mais où sont-ils passés tous ces autocrates qui hier encore avaient la caution et l’onction de l’Occident ?
7. Militons pour l’union des forces démocratiques !
A un moment où le Mali s’enflamme et où la guerre frappe à nos portes, les forces démocratiques plus que jamais doivent briser les murs qui les séparent. Nous avons besoin de recentrer nos préoccupations sur l’essentiel et sortir de la politique du « koursi ». L’heure est à la réflexion concertée à un plan d’exception de sortie de crise. C’est la raison pour laquelle le PLD lance un appel solennel à tous les courants démocratiques, où qu’ils se trouvent, pour instituer un courant d’échanges permanent et déboucher sur un mouvement d’ensemble de toutes les forces vives du pays.
On ne peut plus continuer à gérer le pays en recyclant des méthodes usées jusqu’à la trame et en grenouillant des arrangements juridico-politiques taillés à la mesure d’un homme. Nous savons que le roi est nu, mais le statu quo persiste. Pourtant nous avons l’intelligence, les ressources et le courage nécessaires pour entreprendre les changements à la hauteur des espérances.
8. Pour une sortie de crise pacifique avant qu’il ne soit trop tard
Jeunes, étudiants, femmes, syndicalistes, patriotes dont l’amour de l’Algérie est chevillée au cœur et au corps, nous avons le devoir de nous unir pour jeter les bases d’une transition nationale démocratique et mettre un terme à un système en faillite.
Plus que jamais, nous devons dire l’Algérie autrement pour sortir de la logique rentière assassine, s’inscrire dans un processus démocratique et s’ouvrir à l’universalité. On ne grandit pas en se figeant dans le silence. Le temps joue dangereusement contre le pays, son avenir, son unité voire son existence. Les tergiversations d’aujourd’hui risquent d’avoir des conséquences meurtrières demain. Voilà 10 ans que le plan américain du « Grand Moyen Orient » est en marche. Son objectif est clair : garantir à l’Occident les voies d’accès aux sources d’énergie et assurer la sécurité d’Israël. Pour ce faire, il n’hésitera pas à détruire ou à défaut brider les capacités de défense militaire des Etats susceptibles de contrarier sa stratégie.
L’islamisme « modéré » turc, les capacités de nuisance du wahabbisme saoudien et les milliards du Qatar sont déjà mobilisés pour nous déposséder des maigres acquis arrachés depuis notre victorieux mouvement de libération nationale. Nous refusons cette colonisation qui n’avoue pas son nom. Le moment est venu de saisir toute la gravité de la situation, de tourner son regard vers l’avenir et se résoudre définitivement à l’action pour basculer dans une ère nouvelle et dire non, avant qu’il ne soit trop tard!
Alger le 13 janvier 2013,
Le Bureau National du PLD