Plan de riposte du gouvernement : Des effets d’annonce en attendant les actes

Plan de riposte du gouvernement : Des effets d’annonce en attendant les actes

d-des-effets-dannonce-en-attendant-les-actes-fbc00.jpgIllusions de changement ?

Les mesures annoncées par le Premier  ministre Sellal pour parer aux effets de la chute des prix du pétrole pourront-elles inverser la tendance en matière d’importation,  de fuite de capitaux, en gros en termes de reflux de nos revenus financiers ? Le gouvernement  annonce une loi de finances complémentaire qui prévoit des mesures de maîtrise des importations, l’institution de licences d’importation, la professionnalisation du métier d’importateur à travers un agrément du ministère du Commerce et une lutte implacable contre la corruption et la fraude commerciale et/ou financière.. Mais la plus grosse contrainte à la réussite de ce plan anti-crise est l’administration. Comment peut-on  en peu de temps neutraliser les capacités de nuisance de la bureaucratie, garantir la transparence et des pratiques loyales en matière de commerce extérieur dans un contexte où les conflits d’intérêts priment sur les intérêts du pays. En somme, sans un assainissement de l’administration, sans une réforme de l’administration, on peut douter de l’efficacité des mesures. Or , cette mutation de la Fonction publique demande un peu plus de temps. La question est de savoir également si l’Algérie suit une pente dangereuse avec cette contraction des revenus financiers tirés des exportations du pays. Si  on écoute le discours officiel  et celui de spécialistes de renom, on a des réserves de change qui nous permettent de tenir pendant cinq ans. On est moins à l’aise sur le plan des finances publiques. Le Fonds de régulation peut s’épuiser en deux à trois ans au rythme des dépenses publiques actuelles. Et notre dette publique interne pourrait augmenter considérablement. Devant  cette triste évolution, reste à  savoir si cette tempête qui nous touche  va épargner la grande majorité des citoyens. Pour un spécialiste financier, la baisse de nos recettes financières tirées des exportations exerce d’une part,  la pression sur  le taux de change du dinar. Le spectre d’une dévaluation du dinar n’est pas exclu. Dans  ce scénario,  le pouvoir d’achat  des citoyens sera touché. D’autre part, le reflux des recettes hydrocarbures entraîne un assèchement des liquidités bancaires et donc une augmentation des taux d’intérêt bancaires propices à une hausse des prix de produits de large consommation, d’où de promptes réactions de l’exécutif  pour éviter qu’encore une fois  la population ne soit encore victime d’une gestion imprudente des affaires du pays. Mais face à  cette crise pétrolière, quelle a été  la riposte jusqu’ici  du gouvernement ? En fait ,  le plan anti-crise n’en est qu’à ses balbutiements : les grosses mesures seront sans doute appliquées au second semestre 2015 avec la mise en œuvre de la  loi de finances complémentaire annoncée lundi dernier par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, voire en 2016. Pour l’instant, différents experts sont sceptiques, on n’a  pas déployé la grosse artillerie. Des résistances aux changements sont enregistrées. Du coup, des solutions efficaces sont mises à la trappe. En attendant, on estime que  l’Algérie aura perdu entre 12 à 18 milliards de dollars en 2015. Mais l’enjeu le plus important dans ce contexte est sans doute l’orientation de la politique économique du pays. Avec le plan quinquennal 2015-2019, l’Algérie utilise sa dernière cartouche. Opérera-t-elle les changements attendus de manière à  constituer  une économie emergente, compétitive, moins dépendante du secteur  hydrocarbures?  Une économie  susceptible de satisfaire de manière durable les besoins de la population et de lui garantir un standard de vie comparable à celui des pays émergents. Tous ces doutes ne sont pas encore dissipés.