C’est dans un paysage politique piteux du parlement issu des législatives du 10 mai que le gouvernement soumettra son plan d’action mardi prochain. Mais quelle APN le débattra? Celle de la guerre du FLN, l’hémorragie du FFS, l’implosion prévisible du RND, la déconfiture du MSP, les louvoiements du PT et ceux des transfuges égarés…
A quelle APN le gouvernement Sellal va-t-il soumettre le « plan d’action » d’Abdelaziz Bouteflika mardi prochain ? Nonobstant le fait que ce gouvernement n’est pas l’émanation de la majorité parlementaire qui n’ a eu de rôle sous les mandatures de Bouteflika et bien au-delà, que celui de la figuration, c’est de toute évidence vers un hémicycle de toutes les chamailleries intra et inter partisanes que ce plan d’action sera « débattu« . A commencer par les deux partis majoritaires, le FLN et le RND que les législatives et la nomination du gouvernement ont replongé dans les anciennes querelles qui grossissent et sèment la discordes au sein notamment d’un FLN fragilisé, paradoxalement, par sa majorité parlementaire prise à revers par Abdelaziz Bouteflika qui a évincé son fidèle soutien Abdelaziz Belkhadem menacé par la fronde des redresseurs qui, après un silence relativement long depuis leur avénement en 2004 avec la candidature de leur leader, Ali Benflis, à la présidentielle de 2004, reviennent à la charge à la faveur de la nomination du gouvernement Sellal.
A quelques jours à peine du « débat » parlementaire de ce plan d’action du gouvernement Sellal, le FLN aura-t-il la même voix et le même entrain à l’avaliser? Pas plus tard qu’hier, des membres du comité central, à leur tête, Mohamed Seghir Kara, ont tenté d’organiser dans l’enceinte même du parti à Hydra, un mouvement de protestation contre Abdelaziz Belkhadem qu’ils veulent destituer de son poste de secrétaire général du parti, accusé de s’être accaparé du parti et de l’avoir étranglé au scrutin législatif du 10 mai. Cette crise au somment de l’ex-parti unique semble faire tâche d’huile au niveau de ses représentations locales tel ce torchon qui brûle entre la Mouhafadha de Bejaia et la Kasma d’Akbou. Ainsi, c’est une majorité parlementaire aux pieds d’argile qui s’apprête à siéger ce mardi dans un hémicycle chargé d’écouter et de débattre le plan d’action du gouvernement qui n’est pas issu de « leur scrutin » ni encore moins des formations politiques représentées, hormis quelques transfuges égarés.
La guerre du FLN sera-t-elle un argument de poids pour le gouvernement Sellal qui lui opposera sa « cohésion » et son profil de « technocrate » à l’abri des dissensions partisanes, voire politiciennes ? Si l’éclatement du FLN ne sert qu’à une redistribution des pouvoirs au sein du parti unique, il n’en demeure pas moins que de légères lignes de fracture se dessinent entre le pouvoir législatif miné par ses luttes intestines et le pouvoir exécutif, qui restent, tous les deux, sous le contrôle exclusif d’Abdelaziz Bouteflika.
Dans une moindre mesure, mais non à l’abri de ces bourrasques qui soufflent les rangs de l’ex parti unique, le RND d’un Ahmed Ouyahia qui, depuis son départ, ne s’est pas exprimé, connaît lui aussi, des dissensions internes. Le noyau dur de ses redresseurs s’est manifesté ce début septembre pour réclamer la tête d’Ahmed Ouyahia. Ils ont rendu public un communiqué dans lequel ils rappellent leurs principales motivations. Ils disent vouloir éviter au parti un second « 10 mai« , allusion faite au résultat « médiocre » obtenu aux dernières élections législatives. Les redresseurs imputent au patron du RND « toute la responsabilité des échecs successifs depuis 2002« . Ils lui reprochent surtout l’absence de dialogue au sein du parti. Pour toutes ces raisons, ils l’invitent à démissionner de son poste de secrétaire général du parti. Appâtés par les communales, ils veulent s’imposer dans les listes de candidatures du parti pour les élections locales et de wilaya, notamment dans la wilaya d’Alger.
Les redresseurs tant du FLN que du RND se sont gardés bien sûr d’attaquer leur secrétaire général respectif, Belkhadem et Ouyahia en tant qu’ex-premiers ministres ayant promu les Temmar, Khellil, Zerhouni dégommés de l’actuel gouvernement. C’est la raison pour laquelle traînant le poids de ces compromissions, de ces gabegies, ils ne pourront pas ne pas avaliser le plan d’action du gouvernement Sellal qui est avant tout celui du chef de l’Etat dont ils constituent encore, peut-être d’une manière dépareillée, une majorité présidentielle aux abois.
Les partis, prétendument de l’opposition, comme le FFS, lui aussi frappé d’une hémorragie sans précédent depuis que sa direction s’est engagée dans la course aux législatives, l’alliance verte qui en est sortie laminée mais possédant encore ses ressources idéologiques disséminées dans l’appareil du pouvoir ou encore, le PT de Louisa Hanoune qui semble regretter sa position de ne pas intégrer le gouvernement, sont également fragilisés, certains plus que d’autres, pour un tel débat parlementaire sur le plan d’action du gouvernement qui sera ainsi présenté dans la plus complète déroute des partis majoritaires et ceux dits de l’opposition.
Le FFS n’en finit pas de comptabiliser ses pertes, allant de ses cadres au militant de base ; le MSP a vu la saga d’Amar Ghoul reconduit dans le gouvernement à la tête de son nouveau parti Tedj tandis que Louisa Hanoune joue en quelque sorte la pompiste de service. De toute évidence, ce plan d’action du gouvernement qui sera soumis à l’APN tirera ses atouts de toutes ces luttes intestines qui offrent de l’hémicycle un paysage piteux.
R.N